Si la période estivale est traditionnellement propice à un relâchement de l'actualité poker, plusieurs sujets qui sentent la poudre mobilisent depuis plusieurs semaines les habitués du forum. Winamax et le traitement de la problématique des bots, les petites mains du business YoH ViraL ou encore les waiting lists du réseau Spin Elite : Club Poker vous propose un rappel des faits qui, s'il n'a pas l'ambition d'être exhaustif, devrait vous permettre de prendre la mesure des tenants et aboutissants de chaque dossier.
Winamax et la gestion du cas twopandas

Début juin, batmax soulevait sur le forum de Club Poker un débat enflammé au sujet de la détection des bots. Des rooms du réseau iPoker à PokerStars, la plupart des opérateurs de poker en ligne ont été confrontés par le passé à cette épineuse problématique. Dans le cas présent c'est le leader du marché français, Winamax, qui se retrouve dans l'œil du cyclone.
Quel est le nœud du problème ? Selon les analyses de batmax, simple joueur de la room, les habitudes de jeu de ses adversaires "Twopandas" et "VictoriaMo" (devenu depuis "mr.GR33N13") sont de nature à soulever de sérieuses suspicions. L'un comme l'autre disputent une moyenne de 200 parties d'Expresso par jour, le tout à raison de six à huit tables ouvertes simultanément, et surtout en ne commettant quasiment aucune erreur sur le plan du GTO (la théorie du jeu optimal). Ces résultats sont-ils humainement atteignables ? C'est la question que l'enquêteur improvisé soumet aux équipes de la room au W rouge le 9 juin.
Dans un tel cas de figure, le réglement de l'opérateur est clair :
Dans le cadre de la lutte contre toutes les formes de comportements frauduleux sur ses tables de jeu, Winamax se réserve le droit d'analyser l'ensemble des processus logiciels en cours d'exécution sur le terminal informatique du joueur.
Si une fraude est détectée (utilisation d'un logiciel interdit, par exemple), Winamax prendra toutes les mesures nécessaires afin de préserver l'intégrité du jeu. Ces mesures incluent des sanctions envers le joueur incriminé, et peuvent aller jusqu'à la fermeture définitive du compte Winamax et la confiscation des fonds du joueur incriminé.
En cas de soupçon de fraude, Winamax se réserve le droit de demander des informations complémentaires au joueur incriminé. Si les réponses apportées par ce dernier ne s'avèrent pas satisfaisantes et ne suffisent pas à résoudre le ou les problèmes rencontrés, Winamax prendra toutes les mesures nécessaires pour protéger et sécuriser ses tables de jeu. Des sanctions pourront également être mises en place, celles-ci pouvant aller jusqu'à la fermeture du compte Winamax et la confiscation des fonds le cas échéant.
Le 11 juin, Winamax apporte une première réponse très complète qui semble contenter une majorité de joueurs. guignol y détaille les statistiques de jeu des deux comptes incriminés, et explique que le département sécurité de la room enquête depuis plusieurs mois sur ces deux joueurs : "Ils ont réalisé à notre demande une 1re session filmée de 200+ expressos puis une seconde quelques mois plus tard car nous avions de nouveaux outils. Sur ces deux sessions, les joueurs ont des statistiques de jeu habituelles et un score GTO dans leur zone. Les temps de réactions sont similaires et les mouvements de la souris correspondent aux actions de jeu". À cet instant, l'opérateur indique donc "ne pas disposer d'éléments prouvant la triche" mais choisit de franchir un cap dans ses investigations : "Nous avons besoin d'éléments probants avant de bannir des joueurs. Cependant, nous ne pouvons pas exclure le fait d'avoir été leurrés par les vidéos fournies. Nous avons donc décidé de demander à ces deux joueurs de disputer deux nouvelles sessions, directement depuis nos bureaux à Paris. En attendant, ces deux joueurs sont suspendus de façon préventive".
Deux mois plus tard, cette seconde partie de la procédure livre ses enseignements. Le premier, c'est que contrairement à ce que certains éléments laissaient supposer, "les deux joueurs suspectés présentent des profils très différents". VictoriaMo / mr.GR33N13, d'abord, a répondu à l'invitation des équipes de Winamax et disputé sous leur regard attentif "plus de 400 Expresso dans ses conditions de jeu classiques". Il en ressort que son score GTO s'inscrit dans sa moyenne habituelle, tout comme ses autres statistiques à l'exception de "quelques écarts concernant les temps de réaction". La room estime alors que ces résultats tendent à "légitimer le joueur", et lui restitue en conséquence la totalité de ses fonds. Pour autant, à la lumière du "faisceau de suspicions autour de ce joueur et du climat général de méfiance qui en découle", la suspension de son compte n'est pas levée.
Cette décision n'a rien d'anecdotique car elle entérine un changement de cap assumé par l'opérateur : "Notre politique reposait jusqu'à maintenant sur la présomption d'innocence faute de preuve, et les conclusions de cette enquête approfondie nous ont motivé à remettre en question cette façon de faire en durcissant le traitement des cas similaires qui pourraient se présenter par la suite. Nous nous réservons désormais le droit d'appliquer une exclusion préventive dans le souci de restaurer un climat de confiance à nos yeux indispensable".
Winamax n'a toutefois pas besoin d'avoir recours à cette nouvelle stratégie pour sanctionner plus durement twopandas. En effet, contrairement à son alter ego, le joueur n'a tout simplement pas accepté de se rendre dans les bureaux parisiens de l'opérateur. En conséquence, son compte est définitivement suspendu et le solde de son compte saisi. Cette sentence ouvre néanmoins un nouveau débat : quid de l'indemnisation du préjudice subi par ses adversaires durant ses longs mois d'activité intensive aux tables ? twopandas, dont les agissements frauduleux ne font désormais plus débat, a en effet engrangé des sommes significatives au détriment d'adversaires aussi nombreux que respectueux des règles du jeu.
À cette question, Winamax répond d'emblée que "l'ensemble des challenges sera intégralement recalculé et les primes reversées", le tout accompagné d'une enveloppe spécifiquement dédiée à la compensation du préjudice subi par les victimes. Pour quel montant global et avec quelle méthode de calcul ? La question fait alors partie des interrogations soulevées par batmax. Sa prudence est notamment partagée par Encre, qui appelle au passage l'opérateur à davantage de transparence vis-à-vis des mains disputées par VictoriaMo lors de sa session de jeu parisienne.
À cette dernière doléance, guignol oppose une fin de non recevoir : "Pour ces affaires, nous estimons faire preuve d'un maximum de transparence dans la limite du possible. Nous ne pouvons donc pas divulguer d'informations privées, ce qui ouvrirait de plus la possibilité d'avoir de nouvelles requêtes sur d'autres joueurs ultérieurement". L'insistance de batmax n'y changera rien et sur ce point précis, le dialogue ne se poursuivra pas.
L'heure est de toute façon déjà à un nouveau point d'achoppement : celui du périmètre de l'indemnisation. Les victimes et Winamax ne semblent pour l'instant pas partager la même analyse du montant requis pour réparer le préjudice subi. En témoigne ce versement de 25 euros adressé à batmax, lui qui assure avoir disputé 274 parties face à twopandas pour un buy-in moyen de 170 euros. Ce décalage entre les attentes des joueurs concernés et le barème fixé par l'opérateur est-il définitif ? Gageons que la fin de l'été sera propice à une clarification.
En attendant, un ultime épisode devant les tribunaux ne saurait être exclu au regard des intentions formulées par un certain nombre de joueurs. Mais au-delà de ce cas d'espèce, c'est bel et bien la gestion de la problématique des bots dans son ensemble qui est aujourd'hui en question. Tous les opérateurs sont confrontés, et le seront de plus en plus, à une difficulté que l'on imaginait lointaine. Au même titre que la diversité de l'offre de jeu, la politique de rake ou la nature du programme de fidélité, les moyens déployés pour assurer la sécurité et la sincérité des parties sont appelés à devenir un facteur déterminant dans le choix d'une room par un joueur. Ce combat dont les contours se dessinent chaque jour un peu plus clairement, chaque opérateur doit aujourd'hui avoir l'ambition de le mener en première ligne. Et probablement main dans la main avec les autres acteurs de l'industrie.
Quand la machine YoH ViraL s'enraye

Sa petite entreprise ne connaît pas la crise. Ou presque. Ces dernières semaines, le business YoH ViraL a vu son image quelque peu écornée par un tir groupé de ses anciennes "petites mains". L'homme est clivant de longue date, et les méthodes dont il use pour élargir son auditoire lui valent régulièrement des critiques nourries de la part de ses détracteurs, mais les accusations des derniers jours appartiennent sans le moindre doute à une autre catégorie. Ne serait-ce que parce qu'elles émanent non pas d'aigris ou d'envieux, mais bien d'anciens collaborateurs sur lesquels le charme a un temps opéré.
La première salve est tirée le 27 juillet par le dénommé Maxlamenace95000. Ce dernier, qui se présente comme l'ancien monteur vidéo de la plateforme de coaching, assure que ses 20 à 25 heures de travail hebdomadaires n'étaient pas rémunérées. La pratique serait même répandue au sein de l'entreprise : "Il n'y a pas de contrat de travail. L'équipe fonctionne au volontariat, au bénévolat... YoH dédommage les gens qui bossent pour lui avec dans un premier temps un abonnement Confirmé, et par la suite Élite suivant leur motivation".
Alors que cette tribune génère de nombreuses réactions, deux coachs de la plateforme choisissent de mettre un terme à leur partenariat : Fowan et bandecdc. Si aucun n'accable véritablement l'ancien pro PMU, le second détaille tout de même les raisons qui l'ont amené à cette décision : "Il y a un an, Yoh jouissait d'une réputation très bonne, à la fois dans l'entertainment et du fait de son niveau très décent au poker. C'était même une fierté de faire partie de sa team. [...] Au fur et à mesure de l'évolution de sa société et de sa stratégie agressive d'expansion marketing, je me reconnaissais de moins en moins dans l'esprit du site. L'épisode des paris sportifs, du pro des cryptos, le personnage burlesque (pour ne pas dire autre chose) développé par Yoh et d'une manière générale une bonne partie des critiques légitimes m'ont progressivement fait m'éloigner des décisions prises au sein de la boîte".
D'autres personnalités qui ont contribué au développement de la plateforme vont alors saisir l'occasion de pointer à leur tour un doigt accusateur. C'est d'abord le cas de walfie et FunnySophie, qui assurent elles aussi ne pas avoir été rétribuées, puis d' ace_killer qui de son côté offre un discours plus mesuré et regrette surtout l'évolution du personnage YoH ViraL : "Yoh a été un excellent modèle pour le poker, il a fait des choses très bien. Ses twitchs ont été bons, intéressants. Le système de vidéos, à ses débuts, était vraiment bon, rentable et avec un bon rapport qualité/prix. L'équipe a été belle. Puis, dans la folie des grandeurs, tout est parti en dérapage plus ou moins contrôlé. Actuellement il est en drift non contrôlé car il se voile la face. C'est l'hanounanisation, avec ce côté "Je fais le con et j'ai des chiffres donc les gens qui critiquent sont des haters". Sauf que cet argumentaire n'est pas valable vu que ceux qui critiquent sont aussi ceux qui l'ont aidé et se sont donnés à 100 %..."
Si les attaques n'avaient porté que sur son choix d'embrasser pleinement les codes de YouTube, avec à la clé des titres tapageurs ainsi que la mise en scène de jeunes femmes dénudées, le principal intéressé n'aurait sans doute pas pris la peine d'y répondre publiquement. Après tout, ces pratiques que certains jugent immorales ou en inadéquation avec son statut d'ambassadeur du poker français (d'ailleurs enrôlé il y a peu par Phil Galfond au sein de Run It Once), lui les assument totalement depuis toujours. Mais cette fois, ce n'était plus tout à fait de ça qu'il était question...
L'ancien coach de La Maison du Bluff a donc tenté de calmer l'emballement autour de sa personne en s'exprimant brièvement au micro sur ces sujets précis. Dans cette intervention, dont le visionnage est d'ailleurs toujours possible via ce lien, il explique n'avoir jamais rien promis à ceux qui l'accusent aujourd'hui, et soutient que l'absence de rémunération financière a toujours été claire. Il apporte aussi quelques éclaircissements à propos du fonctionnement de son site : "La plateforme prend 0 % sur les heures vendues par les coachs sur le site. En échange, ils réalisent 45 minutes de vidéo par semaine pour le site. [...] Deux coachs ont déclaré ne plus trouver d'avantage au deal qu'ils avaient. Celui-ci est le même pour tous. Je respecte leur choix. D'autres vont peut-être suivre".
Club Poker a proposé à Johan un droit de réponse sous la forme d'une interview, mais a essuyé un refus. Parallèlement, ce dernier a mis en ligne une offre d'emploi destinée à un cadreur/monteur qui l'accompagnera à Barcelone. Avec à la clé cette précision loin d'être anodine : "La prestation est rémunérée, les billets d'avion et le chambre d'hôtel près du casino offerts par mes soins. Ce sera dorénavant précisé dans les annonces à chaque fois que c'est le cas."
Spin Elite ou l'art de l'esquive
L'information date déjà de quelques mois : les membres de Spin Élite ont recours à un programme qui leur permet d'éviter de s'affronter aux tables. À la faveur de nouvelles captures d'écran de leurs sessions Twitch (ici et là), le dossier ressort du placard. Comment les rooms concernées comptent-elles lutter contre ces listes d'attente qui remettent en cause l'égalité entre joueurs ? La réponse dans un prochain épisode, mais en attendant n'hésitez pas à donner votre avis sur le topic en question.
Europoker : une bonne nouvelle, ça vous dit ?

Il aurait été cruel de refermer ce bulletin sans une touche d'optimisme. Celle-ci vous est offerte par zebezt, un homme qui a de la suite dans les idées. Victime comme bien d'autres du fiasco Europoker, Fred avait décidé il y a deux ans de porter son dossier devant la cour d'appel de Paris. À l'époque, il expliquait que sa créance s'élevait à 4 400 euros dont 3 100 euros sous la forme de tickets de tournois.
Mais ce trésor de guerre, ses interlocuteurs le lui contestaient : "L'ordonnance du juge-commissaire m'est défavorable. Il n'a pas été tenu compte du fait que mes tickets avaient été gagnés loyalement aux tables et non pas accordés au motif d'une quelconque opération commerciale de type ristourne, bonus, offre de bienvenue. Sachant que les tickets gagnés aux tables étaient sans limitation de durée et interchangeables, j'avais constitué un petit stock. Mais impossible de l'écouler dans les derniers mois, les tournois s'y rapportant fondant plus rapidement que la calotte glaciaire arctique en été".
Après quatre ans de procédure, de courriers et surtout d'abnégation, Fred a enfin obtenu gain de cause devant la cour d'appel de Paris le 5 juillet dernier. Voici l'extrait de ce jugement qui valide la prise en compte de la totalité de sa créance :
La Sas Epmedia fait valoir que les conditions générales d'utilisation de la plateforme précisent que les crédits de jeux ne sont pas des avoirs disponibles susceptibles d'être reversés sur le compte du joueur. Pour solliciter l'admission de sa créance, Môsieur zebezt souligne que celle-ci n'était affectée d'aucun terme, condition ou péremption, qu'elle ne présentait aucun caractère aléatoire ou éventuel, qu'elle était liquide, certaine et exigible et que si les conditions générales prévoient que les avantages ne constituent pas des avoirs disponibles, elles ne tirent aucune conséquence de cette absence de disponibilité, de sorte que cette indisponibilité ne remet pas en cause l'existence de la créance. Il convient de relever que les crédits de jeux qui sont octroyés aux joueurs, selon des conditions prédéfinies par la plateforme de jeux, leur offrent la possibilité de miser pour le montant des crédits obtenus dans le jeu de la plateforme. Ainsi, les crédits de jeux s'analysent en un droit de créance que le joueur détient à l'égard de la plateforme de jeux, consistant en un droit de jouer certaines sommes. Si ces créances n'ont pas de caractère monétaire, elles existent néanmoins, de sorte que s'agissant de créances antérieures, elles doivent faire l'objet d'une déclaration de créance. Môsieur zebezt ayant été privé de la possibilité d'utiliser son crédit de jeux consécutivement à la survenance de la liquidation judiciaire, il convient d'évaluer la valeur de sa créance au montant de son crédit de jeu, soit à la somme de 3 102 euros.
L'article est bien et offre un bon résumé des deux précèdents mois.
Néanmoins ces sujets méritent d'etre encore approfondis. A la CPR notamment. Aucune chanceque les principaux protagonistes acceptent de venir (Guignol , Guilbert , et SE). Mais inviter des spécialistes serait vraiment intéressant. Surtout concernant les Spin imo.
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