Salut Aurélien et merci d'avoir accepté d'inaugurer cette rubrique ! C'est quoi ton histoire avec le poker ?

Je joue depuis presque vingt ans. J'ai commencé à l'âge de 15 ans avec du poker fermé et des parties à 2 € de buy-in. Et puis quand j'ai eu 18 ans, j'ai découvert des cercles comme l'ACF et Wagram. Je m'installais sur la 2/2 pour jouer 50 €. À l'époque c'est un montant qui me semblait colossal. Quand je voyais des mecs repartir avec 800 €, j'étais sur le cul. Je pensais à tout ce que je pourrais faire avec un tel montant si un jour j'avais le bonheur de gagner autant.

J'ai connu quelques hauts et quelques bas, et puis j'ai découvert Club Poker. Je suis devenu un habitué des tournois de l'époque. Chaque week-end on se retrouvait entre membres du CP, les uns chez les autres, et on jouait des tournois à 30 €. C'était super.

En 2014 je me suis spécialisé en cash game et j'ai commencé à gagner pas mal d'argent, notamment à Cadet. Et puis les cercles ont fermé et ma pratique du jeu a diminué. Il ne restait plus que Clichy. C'est là-bas que j'ai découvert l'Omaha vers 2015 ou 2016. Je me suis installé sur une 5/5 en attendant ma place en Hold'em et je me suis pris de sacrées cagoules. Mais comme j'ai pris un vrai plaisir sur cette variante, j'ai décidé de m'y mettre à fond. Fin 2017, je remportais mon premier tournoi live : le PLO du WSOP Circuit Paris. Je crois que ça restera l'un des plus beaux jours de ma vie.

Et depuis ?

Je me rends régulièrement à Vegas en juin, et je fais aussi d'autres voyages poker à l'étranger : Vienne, Prague, Londres, Madrid... Le dernier c'était Miami.

Ça donne quoi le poker en Floride ?

Là-bas, j'alternais les visites l'après-midi et les sessions de poker le soir. J'ai joué la moitié du temps au Seminole Hard Rock, et l'autre moitié au Big Easy qui est beaucoup moins connu. Et au final, malgré des infrastructures moins modernes, c'est ce dernier qui j'ai préféré. Beaucoup de tables d'Omaha 5, Mississippi au bouton, bonne bouffe, niveau assez horrible : en résumé le combo idéal !

J'ai réussi à rembourser les deux tiers de mon séjour alors même que j'ai perdu le plus gros coup de ma vie en 1-2-5 : AA47sss contre 7TTQhh à tapis preflop pour un pot de 6 200 $. Globalement c'était une super expérience et j'y retournerai !

C'est une habitude de financer tes séjours grâce aux sessions de poker sur place ?

Oui, mes parties de cash game en PLO me permettent la plupart du temps de payer mes séjours et de faire du tourisme l'après-midi. Je joue aussi assez régulièrement à Paris, en 2/4 et depuis peu avec des shots en 5/10. À terme, j'ai pour objectif de jouer les parties les plus chères de la capitale.

Tu te focalises vraiment sur le live ?

Oui, contrairement à la plupart des joueurs de mon âge je joue uniquement en live. Jamais en ligne. J'aime être physiquement à une table, blaguer, échanger avec les autres, toucher des jetons et des cartes, vibrer quand tout part au milieu... C'est une sensation que je n'ai jamais retrouvée quand j'ai joué en ligne il y a une dizaine d'années.

Quels souvenirs gardes-tu de ton premier Vegas ?

C'était en 2013, lors d'un séjour linguistique à Los Angeles. J'ai réservé au dernier moment un week-end à Vegas dans un motel pas très loin du Strip, sans doute à 40 balles la nuit. J'ai fait avec les moyens de l'époque. Je rêvais un jour de pouvoir séjourner dans un des palaces que je pouvais apercevoir par les fenêtres de ma chambre.

À l'époque, je me souviens que j'avais joué le vendredi soir et le samedi aprèm. J'avais perdu 1000 $, ce qui était considérable pour moi. J'étais au fond du trou. Je suis allé voir le spectacle de David Copperfield, et dans la foulée j'ai décidé de m'installer sur la 1/3 du Bellagio avec mes derniers 300 $. Je suis remonté à 1 500 $ à la fin de la soirée. Je me souviens que j'étais comme un fou après cette remontada. Quand j'ai quitté la ville le lendemain, je savais que je n'en avais pas fini avec Vegas.

Combien de fois y es-tu retourné depuis ?

Une petite dizaine de fois ces dix dernières années.

Comment était ton dernier séjour ?

Pour la première fois cette année, je suis parti en solo. J'avais un peu peur de ça, et au final je ne l'ai absolument pas regretté. Je suis passé par le groupe Signal du CP et j'ai pu rencontrer plein de membres, j'ai adoré ! J'ai aussi pu tester le nouveau palace, le Fontainebleau, qui a ouvert cette année. L'hôtel était top, même si certains lui font le reproche d'être un peu froid. Les chambres, les piscines et la salle de sport étaient vraiment de haut niveau.

Au niveau du poker, j'ai perdu 3 000 en tournois mais gagné 9 000 en cash game. J'ai encore une fois remboursé mon séjour tout en me faisant bien plaisir.

Quels sont les grands changements de la ville qui t'ont marqué entre tes premiers et dernier séjours ?

Depuis 2013, je trouve que la ville n'a pas tant changé que ça d'un point de vue architectural. Certes il y a quelques hôtels qui se sont rajoutés, ainsi que la Sphère, mais à part ça pas de grand changement. Ce qui m'a le plus marqué, c'est surtout l'augmentation des prix avant et après covid. Avant, quand on s'y prenait bien, un séjour à Vegas pouvait être relativement abordable. Aujourd'hui si on ne mange que sur le Strip et qu'on y loge, le budget devient quand même très élevé.

Tu disais que tu es principalement un joueur de cash game. Quels sont tes poker rooms préférées à Vegas ?

Oui, j'ai toujours davantage été un joueur de cash game. Ma limite de cette année c'était la 1-2-5 PLO du Wynn, qui est capée à 1000 avec une majorité de joueurs qui se cavent au max). C'est ma room préférée, aussi bien pour la beauté et le confort du lieu que pour la nourriture, le profil des joueurs ou les masseuses. C'est vraiment mon endroit préféré parmi toutes les rooms où je suis allé.

Après, Vegas en juin, ce sont aussi les plus beaux tournois du monde avec les meilleures dotations garanties. C'est donc avec plaisir que je joue tous les tournois d'omaha dont les buy-ins sont compris entre 800 et 1 500. L'année prochaine, je referai sans doute les mêmes tournois et on verra si je me chauffe à jouer les 5/5/10 PLO.

Las Vegas pour toi, c'est exclusivement pendant les WSOP ?

Je suis toujours allé à Vegas pendant les WSOP, sauf une fois en février 2015. Le temps est quand même moins sympa, et il y a beaucoup moins d'action aux tables, avec aussi plus de pros en NLHE. Je ne recommande pas, et personnellement je ne le referai pas.

Une grande perf à nous partager ?

Ma plus belle perf reste celle dont je parlais tout à l'heure : la victoire du WSOP Circuit 300 PLO pour environ 13 000 €. J'avais été chipleader pendant les deux jours. Un vrai run de ouf, c'était indécent. La sensation d'aller au bout a été incroyable, je n'en ai pas dormi de la nuit. C'est ce sentiment qui m'a poussé à jouer plus de tournois PLO, mais avec beaucoup moins de succès !

Et à l'inverse, un gros échec qui te reste en travers de la gorge ?

Pas de gros échec en particulier. Pour moi, toute session négative de tournoi ou de cash est un échec. J'essaie toujours de me remettre en question. Je le fais d'ailleurs aussi après certaines sessions positives. L'objectif reste de m'améliorer et de continuer à gagner.

Après, c'est sûr que perdre 5 000 € comme sur un de mes shots en 5/10 il y a deux semaines, ça laisse un goût amer qui reste quelque temps. Bon, dans ce cas précis ça a été suivi par un gain de 8 600 € deux jours après, donc ça se digère plus vite. Je n'étais jamais sorti aussi positif d'une session.

Une autre anecdote marquante, que ce soit à une table de poker ou en dehors ?

En 2022, sur un tournoi à 1 000 $ des World Series qui avait généré 2 500 entrées, je me retrouve à la quasi bulle. Mon voisin de droite me dit "Bon, on se joue tranquille hein". Je lui réponds sincèrement "Pas de souci pour moi". Et puis dès le coup d'après, on est en bataille de blindes. J'ai 99XX, le mec complète et je check. Flop 943cc, il bet, je raise, il envoie son tapis. Il est drawing dead avec 93XX. La tête qu'il a faite était mythique !

Pour d'autres anecdotes, rien de mieux que d'aller jeter un œil à ce topic qui remonte à 2018. J'y avais raconté ma semaine de croisière en compagnie de quelques-uns des plus beaux oiseaux du monde.

Restons pour l'instant sur la terre ferme : si tu ne devais séjourner que dans un seul hôtel à Vegas ?

Je pense le Venetian. J'ai testé tous les palaces du Strip à l'exception du Wynn. C'est le seul sur lequel je ne peux pas encore me prononcer. J'espère d'ailleurs l'essayer cette année.

Au Venetian en 2022, la chambre était luxueuse, les piscines géniales, la salle de sport tout autant, et le prix finalement raisonnable. Et la localisation reste évidemment parfaite !

Un resto ou une visite à conseiller absolument aux autres membres de Club Poker ?

Je ne suis pas vraiment un adepte des restos de luxe à Vegas. Je préfère profiter du choix de bons restos que j'ai à Paris. Du coup, si je devais conseiller quelques adresses où je me rends régulièrement et où on propose des prix raisonnables, je dirais plutôt Noodle Asia, Grand Lux Café et Jaburritos Sushi Burritos.

Et pour ce qui est des visites, je conseillerais la Sphère en extérieur comme en intérieur, le musée de l'histoire atomique et enfin Battlefield Vegas pour ceux qui aiment tirer avec du gros calibre.

C'est toujours solo un bon voyage à Vegas ?

Je dirais que l'idéal, c'est avec un pote ou alors un en même temps que d'autres membres du CP. Il y en a d'ailleurs que je continue de voir régulièrement, comme Skip, MasterGuggy, Burne d'or, haygus et d'autres.

J'ai déjà fait Vegas accompagné. C'est sympa bien sûr, mais pas top pour de longues sessions de poker.

Est-ce qu'il y a une grande rencontre qui t'a marqué sur place ?

Daniel Negreanu, que j'ai eu à ma table cette année sur un 1000 $ PLO des World Series. On a pu bien discuter. Le mec est comme on l'imagine : super sympa, drôle, grande gueule... On a bien rigolé. J'apparais d'ailleurs dans un de ses vlogs. On a fini à tapis tous les deux et même si j'étais favori à 72 %, je n'ai malheureusement pas eu l'honneur de le sortir !