Salut divinerites, tu nous racontes ton histoire avec le poker ?

Il y a très longtemps, je jouais au bridge et aux échecs. Mais le bridge est une discipine trop difficile à tenir avec un partenaire régulier quand ton propre emploi du temps est irrégulier.

En 2010, j'ai réalisé un dépôt sur partypoker. J'ai tout de suite retrouvé dans le poker ce qui me plaisait dans le bridge : la compétition, la stratégie, l'analyse, la lecture de l'adversaire... Pour le live, il n'y rien ou presque en Alsace. J'ai donc comblé ce manque en passant par diverses associations locales comme Alsace Poker.

Ma femme Marie-Christine s'y est mise aussi petit à petit et avec le temps, elle est devenue vraiment affûtée. À tel point que sa fiche Hendon Mob a longtemps été plus fournie que la mienne. Heureusement, cette période sombre est maintenant derrière nous.

Tu continues de jouer en ligne ?

Plus trop, non. Je suis largement perdant de toute façon, je jouais sans gestion de bankroll. Mais le online ne m'excite plus trop. Je dispute juste quelques manches de club, des satellites pour du live, et dernièrement une poignée de tournois Space KO. Rien de fou.

Mon kiff c'est de jouer en live. Et jouer au poker tous les deux, c'est aussi parfait pour trouver des idées de séjours ou de visites sympas.

Vous faites quoi dans la vie ?

J'étais fonctionnaire et DSI dans différentes structures de l'État en Alsace, puis chef de projet dans le privé. Mais nous sommes désormais tous les deux de jeunes retraités, ce qui laisse davantage de place pour organiser des escapades poker.

Ton premier Vegas justement, c'était quand ? Quel souvenir en gardes-tu ?

Un souvenir extraordinaire. J'ai encore la sensation physique du moment où j'ai remporté un package pour Las Vegas sur le championnat de mon club Alsace Poker sur Winamax. Il était 2h du matin et je sautais dans tout l'appartement comme un fou.

Cette première fois c'était en 2013. Le transport en limousine, le séjour au Flamingo, la découverte de cette ville de fou... J'ai participé à un tournoi à 1 500 $ des World Series Of Poker et j'ai atteint les places payées en freeroll. Assez short à la bulle, je me souviens avoir rapidement couché les valets. J'étais si fébrile que j'aurais sans doute aussi couché les rois. Et cerise sur le gâteau, je me suis fait éliminer par Kara Scott. Des souvenirs ineffaçables.

C'est à cette époque que j'ai atteint ma première table finale, au Golden Nugget avec Alex alias duralex64. C'était aussi ma première ligne Hendon Mob d'ailleurs. J'avais acheté un livre qui avait fortement influencé mon jeu : Reading Poker Tells par Zach Elwood.

Comme le poker, Vegas a donc été pour toi une histoire de couple.

Oui, nous avons tous les deux immédiatement eu le virus. On était déjà passés à Vegas deux jours avec nos enfants, mais on ne jouait pas encore au poker à cette époque. D'ailleurs, toute la famille se rappelle encore de la moquette pourrie et de l'odeur de la chambre du Bourbon Street.

 Avec le recul, je regrette de ne pas avoir récupéré des jetons de ce casino. Ils font partie de mes préférés dans la catégorie "Vegas old fashion".

C'était donc ça ton premier Vegas en réalité, ce passage de deux jours en famille !

Ah mais attends ! En fait je me rends compte que mon vrai premier Vegas remonte à 2003 ! Avec un pote, on s'était chauffés pour aller voir un festival qui s'appelait Las Vegas Rockaround. Trois jours de rock garage au Gold Coast, c'était superbe ! On avait une chambre au Venetian, ce qui était assez impressionnant pour une première fois. Et puis j'avais aussi pu voir en live les deux légendes du R'n'B que sont Andre Williams et Rudy Ray More. C'était fantastique.

On avait enchaîné avec un arrêt à Los Angeles pour voir notre pote australien des New Christs/Radio Birdman en concert à la Knitting Factory. Et puis le lendemain il y avait les White Stripes au Greek Theatre. Top 3 des concerts de ma vie.

Avant le poker ton dada c'était donc les concerts.

La musique a occupé une bonne partie de ma vie antérieure, oui.

Combien de fois es-tu retourné à Vegas depuis ?

Depuis 2013, nous y retournons chaque année en juin. Et même une deuxième fois en octobre ces deux dernières années ! C'est une autre ambiance, mais très sympa aussi.

Durant ces douze ans nous n'avons connu que deux années blanches, en 2016 puis 2020. Il faut bien au minimum un cancer ou une pandémie pour nous empêcher d'y aller !

Quels sont les grands changements de la ville qui t'ont marqué entre tes premier et dernier séjours ?

Comme tout le monde je pense : la disparition de nombreuses poker rooms et l'augmentation des prix. Même si en ce qui nous concerne, on va souvent manger dans des spots en dehors du Strip qui ont une value folle. Pour ceux qui l'ignorent encore, je suis un habitué du topic Restos à Vegas, bien davantage que de la rubrique Stratégie GTO.

Le fan de jetons que je suis regrette aussi le remplacement dans de nombreux casinos des magnifiques jetons Paulson, en général par des trucs immondes en plastique.

Parle nous un peu de vos profils de joueurs. Vous êtes plutôt cash game ou tournoi ?

À la base nous sommes tous les deux des joueurs de tournois. On adore la complexité de la gestion d'un tournoi, même si la variance et les périodes sans résultat restent frustrantes. J'ai le souvenir d'un Vegas sans la moindre place payée. C'était assez dur.

Mais en dehors de ça, la sensation de deep run est absolument incomparable. Et gagner le heads up c'est encore autre chose ! C'est l'essence même de la compétition. Et puis être content de ses choix, voir ses bonnes mains tenir, arriver en table finale et se rapprocher de la victoire... Quel bonheur !

Mais depuis deux ans on organise des petites parties de cash game à la maison tous les vendredis, sans rake évidemment, avec des blindes de 25 centimes et une bande de copains qui sont assez bons. Ça nous a permis de bien progresser et désormais, on ajoute aussi pas mal de sessions de cash game à Vegas. L'an dernier je m'en suis sorti breakeven, et quand on sait d'où je viens ce n'est pas rien ! Je m'en suis même sorti avec un bénéfice de 1 $. Le début de la fortune ! Quel kiff c'était de jouer au Golden Nugget avec un billet de 100 $ posé sur la table !

Cette découverte du cash game a été un vrai bonheur aussi. Et puis ça enlève la frustration de l'élimination. L'année dernière, au Horseshoe, après une demi-heure j'étais négatif de 800 $ après deux gros bad beats. Mais au bout de douze heures de session, j'étais repassé positif de quelques dizaines de dollars. J'avais l'impression d'avoir gagné le Main Event !

Une poker room favorite ?

La nouvelle du Venetian est vraiment très bien en terme de confort et de structures de tournois. On y a pris nos quartiers la dernière fois.

Quelles sont les grandes différences que vous retenez entre un séjour pendant les WSOP et en octobre ?

La plus notable c'est évidemment la température bien plus fraîche. Mais le public poker est aussi assez différent, avec moins de regs en cash game même si je n'ai pas assez de recul pour évaluer à quel point. Pour ça il faudrait demander au boss du dernier niveau, Christophe alias boblegrand53.

As-tu une grande perf à nous partager ?

Pas vraiment de grosse perf' à Vegas pour moi, même si ma première place payée sur le 1 500 $ des WSOP c'était un nirvana pour moi à l'époque.

En revanche, Marie-Christine avait eu son ITIN sur un 400 $ de l'Aria dealé à quatre. J'avais même failli me faire virer par le directeur de tournoi parce qu'en demie et en finale, j'étais en permanence en train de lui parler et de discuter stratégie. Les autres joueurs se plaignaient de ma présence, et puis ils n'aimaient pas trop les Français non plus sur cette table finale.

Mais c'était un vrai kiff de rail ma femme pour ce qui était à notre échelle une grosse performance. On rigole encore de s'être retrouvés tous les deux enfermés dans le même WC, à essayer de glisser dans nos chaussettes ces billets qui débordaient de partout. On flippait un peu d'avoir une grosse somme sur nous pour le retour au Lucky Dragon. Car oui, on a même connu le Lucky Dragon !

À l'inverse, est-ce que tu gardes un grand échec en mémoire ?

Il y a évidemment ce fameux Vegas sans la moindre place payée. À l'époque je ne faisais pas de cash à côté. C'était bien dur à encaisser sur le moment.

J'ai aussi le souvenir de ma femme qui avait réussi à mettre deux adversaires à tapis avec une flush max, et qui s'était fait sortir sur un one-outer quinte flush. Évidemment ça reste un bad beat assez standard, mais à Vegas ce n'est pas pareil !

La vérité c'est que passer entre deux et trois semaines à Las Vegas avec sa femme, à jouer tous les deux au poker, à visiter des super restos et des spots sympas, les parcs aux alentours, sans même parler des rencontres avec les connaissances du CP... Eh bien ça reste une expérience incroyable. Donc même quand on n'a pas de résultats aux tables, c'est quand même positif et kiffant.

Allez, offre nous une petite anecdote supplémentaire !

Sur mon premier 1 500 $ aux WSOP, le finaliste du Main Event 2008, Dennis Phillips, vient s'installer à ma gauche. Il est short-stack. Par contre il arbore au poignet une montre qui se voit. Oui elle se voit bien, très bien même.

Il est très sympa mais un peu balla. Il nous explique que sa montre, il n'y en a que trois dans le monde. Celle-ci a été faite spécialement pour lui. Elle résiste à tous les chocs. Il pourrait même la jeter contre le mur. Mais bon, il ne le fait pas quand même parce que "Ça risquerait de faire sauter les diamants. Ben oui, la montre est solide mais faut faire gaffe aux diamants".

Il y a aussi cette ouverture du Moulin Rouge que tu avais racontée sur le forum.

Ah oui ! Un grand souvenir ! En 2014 j'avais pu assister à l'ouverture du Casino Moulin Rouge. C'est un événement qui ne se produit que quelques heures une fois tous les deux ans, dans un mobil-home. Une expérience lunaire !

Je suis sûr que tu as une autre anecdote sous le coude.

Une année, on séjourne au D à Downtown pour la semaine. Le truc, c'est que la chambre donne côté Fremont Street et qu'il y a des concerts jusqu'à une heure très avancée de la nuit. À vrai dire on s'en fiche un peu dans la mesure où on joue toujours le soir. Mais quand arrive le checkout avec l'ajout des resort fees, j'entreprends de négocier un peu avec la personne du fesk. Malheureusement elle ne veut rien savoir. Elle en appelle une autre mais pareil, il n'y a rien à en tirer.

À cet instant je n'ai plus qu'une solution. Il me faut dégainer l'arme ultime. J'appelle Marie-Christine qui trafiquait dans un coin près des machines à sous. Je leur montre sa tête en lançant "Regardez ça ! Regardez bien sa tête ! Ce n'est quand même pas normal qu'elle ait cette tête là ! Elle n'a pas pu dormir de la semaine !".

Pari gagné. Instantanément ils s'excusent et confirment le retrait des fees. France 1 Vegas 0. La vérité c'est qu'elle avait une conjonctivite aiguë depuis deux jours, et donc une tête à faire peur. Parce qu'en vrai elle a quand même une tête plutôt agréable.

Allez, comme pour les autres, venons en aux aspects pratiques d'un séjour à Vegas. Si tu ne devais séjourner que dans un seul hôtel ?

On adore l'Aria. Et on va aussi très souvent au Park MGM qui reste un super compromis, et pour lequel on a des conditions financières au top.

Le truc c'est que depuis trois ou quatre ans, grace à Marie-Christine qui joue un peu aux machines à sous, nous avons des offres de fou dans le groupe MGM. Nuits comp, resort credit à dépenser etc. L'année dernière on était même à un coût "négatif" de -150 $ sur l'hôtel (park MGM/Aria) avec les resort credits. Dingue. 

À une époque on passait systématiquement une semaine au Golden Nugget. Mais après le changement de management, l'ambiance y est devenue très différente. Et puis Downtown a aussi bien changé.

Un resto ou une visite à conseiller absolument ?

Les sushis All You Can Eat sont parmi nos favoris. Sakana. Et aussi Sushi Neko, Umiya. Un BBQ Koréen très bon : Tofu Hut en face de Chinatown. Thaï Style Noodle House, un des meilleurs thaï et super pas cher. Et depuis peu, Weera Thaï qui est excellentissime et qu'on a découvert grace à  salette.

Sinon, les steaks et cocktails prohibition de Herbs & Rye sont à tomber, et bien cheap en happy hours. Oui oui, les steaks aussi.

Comme tout le monde on aime aussi beaucoup se faire un In'N'Out. On avait découvert ça à l'époque grace à Benjo.

Ah et il y a aussi un spot très peu connu et ouvert 24/7 : le Betty Grill au Park MGM. Leur Spicy Sandwich est une tuerie !

Apparemment il ne faut pas te lancer sur le sujet des restos.

Tu n'as pas idée ! Tiens d'ailleurs, la grande découverte de notre dernier séjour c'est Fideua Taste of Spain. Je suis posé en cash au Venetian et on se met à parler cuisine et recette. Avec un gars, on échange même nos recettes respectives de Arroz Negro. Et puis de fil en aiguille, il me propose de nous emmener à son resto ouvert récemment. On le suit et quand on arrive, il nous en cuisine un au débotté ! Cuisson parfaite du riz bomba, fruits de mer frais et tendres. Dessert au top, entrée idem. On en a eu pour 100 $ à nous deux. Entrée, plat, dessert et eau minérale. C'est vraiment super pour Vegas, surtout pour une cuisine de cette qualité. Et puis le resto a une vue 100 % dégagée sur l'ensemble de la Sphère, c'est assez bluffant. Un must pour tous les amateurs de cuisine espagnole, et en particulier de Valencia.

Il y a même une anecdote sympa avec ce resto : l'associé n'est nul autre qu'Hossein Ensan, le champion du Main Event 2019.

En tout cas on a été conquis à la fois par le resto et le couple, Farman et Babette. Ils sont d'une gentillesse absolue. C'était une magnifique rencontre. Ils nous ont même invités à revenir trois jours plus tard pour fêter nos 42 ans de vie commune.

À mon humbre avis, un membre du CP qui se respecte ne peut pas louper une visite chez eux. Vous pouvez même dire que Didier et Marie-Christine vous envoient. Il faut juste réserver un peu avant car tous les plats sont faits minute et nécessitent de la préparation. Mais ils ont aussi une carte adaptée pour ceux qui viendrait sans réserver.

Tu as aussi quelques conseils en ce qui concerne les visites ?

Le musée Shelby est un régal pour les yeux. Sinon le Neon Museum doit être fait absolument. Je recommande une visite la nuit pour en prendre plein les yeux.

Et sinon, plus loin Antelope Canyon est un lieu juste incroyable. Sans parler du Grand Canyon qui provoque un choc quand on l'approche.

Un mot pour conclure sur d'autres grandes rencontres qui t'ont marqué dans le Nevada ?

Le dernier en date c'est Christophe alias boblegrand53. Il a été notre guide pour le cash à Vegas, et notre chien truffier pour les bons plats chez Gabi.

Erwann aka wanass et sa copine sont juste adorables. Et son site lasvegasjaunt.com est un incontournable pour les séjours à Vegas.

J'ai croisé Nico aka Shawn Michaels il y a quelques années à Downtown. Une belle rencontre humaine pour une légende du CP.

Et puis je n'oublie pas salette, croisé une minute et douze secondes à l'aéroport pour échanger des dollars contre des euros. Ou haygus, croisé dans l'ascenseur du D puis aux tables. Et puis EMKA et tous les autres...

Quant à Marie-Christine, son niveau d'anglais lui permet d'apprécier toutes les rencontres aux tables. Toutes. C'est facile, elle ne comprend que 5 % de ce qui s'y dit. À une époque elle dispensait aussi un peu de coaching en MTT. Elle a arrêté de le faire, mais certains de ses anciens poulains s'en sont bien sortis comme vous pouvez le constater ci-contre.

Mais son grand kiff à Vegas, c'est aussi les machines à sous. Ma première excitation à l'arrivée, c'est de rentrer dans un casino, d'entendre tous les bruits des machines à sous, de voir toutes ces lumières... Je trouve ça magique. Et quand je glisse mon premier billet dans la machine, je me mets à rêver. Tu appuies sur le bouton et tu as une musique. Selon la tonalité de la musique, ça t'excite. Vegas c'est l'excitation de tout cet ensemble de choses.

C'est incomparable avec, par exemple, les machines à sous en Suisse. Là-bas il n'y a pas de musique, la salle est calme, ça n'a aucun intérêt. Et du reste je n'y joue pas. Uniquement à Las Vegas. Là-bas les gens crient, les gens sautent. C'est une ambiance unique.