Grand amateur de road trips dans les parcs nationaux de l'ouest américain, dominique75 traverse l'Atlantique quatre fois par an pour assouvir sa boulimie d'asphalte, de roche rouge et bien sûr de jeu. L'ingénieur en informatique partage d'ailleurs régulièrement les bons moments de ses séjours avec les copains du forum. L'heure est venue pour lui de nous en dire plus sur son rapport à Las Vegas, étape incontournable de ses circuits.

Salut Dominique ! Tu fais partie des membres du CP qui ont partagé le plus de trip reports sur le forum au fil des années. D'ailleurs tu étais même passé au micro de Club Poker Radio en 2018 pour parler de Vegas. Tu peux nous rappeler comment tu as découvert le poker ?
J'ai connu le poker au débuts des années 2000, et j'ai surtout vécu le début de la vague poker en Europe, avec tous ces sites qui ouvraient régulièrement et ces émissions de TV qui se multipliaient.
Ma première fois dans une poker room, c'était à l'ACF sur un tournoi à 50 balles du CP. Je n'avais jamais joué en live, et pour ma toute première main le croupier ne m'avait distribué qu'une carte. Je ne savais pas quoi faire !
Au-delà de ça, j'adore faire des road trip aux États-Unis, et tout spécialement dans l'ouest américain où on trouve de nombreux parcs nationaux. Et puis ça me permet aussi de découvrir des poker rooms au fin fond des réserves indiennes.
Ton premier Vegas, c'était quand ?
En septembre 2007, à l'occasion d'un premier voyage aux États-Unis. J'avais passé deux nuits au Flamingo avec vue sur le Strip. À l'époque le Cosmopolitan n'existait pas encore et on voyait très bien l'Excalibur. Et puis ensuite j'étais parti randonner trois jours dans le Grand Canyon. Je me souviens que la Mustang GT que j'avais louée avait comme plaque d'immatriculation 001 UMP. Ce premier séjour s'était conclu sur deux nuits au Riviera.
Quels souvenirs gardes-tu de cette première fois ?
Je me souviens pêle-mêle d'une chaleur insupportable, d'un premier tournois à 65 $ au Caesars Palace, d'une main muckée au Flamingo alors que le gars en face n'avait montré qu'un tirage couleur et pas une couleur comme je le pensais... Je me rappelle surtout avoir été émerveillé par les lumières de Vegas by night.
Combien de fois y es-tu retourné depuis ?
Mon dernier passeport avait 40 tampons des États-Unis, donc ma moyenne est de quatre séjours par an. Pour un fou de road trips et de parcs nationaux comme moi, Vegas est une étape incontournable grâce à sa localisation entre Los Angeles et des indispensables comme le Grand Canyon ou Death Valley. Généralement je reste à Vegas deux ou trois nuits.
Tu as une période favorite ?
J'aime beaucoup y aller aux alentours du 11 novembre. Il fait encore beau à cette période et la température est idéale pour rouler en cabriolet. Le contraste est sympa avec la France, où la grisaille s'est installée et où les gens commencent en général à déprimer. Je vais là-bas chercher de l'énergie positive.
Comment était ton dernier séjour ?
J'y étais fin décembre. J'ai passé huit nuits à Vegas puis quatre nuits à vadrouiller en Arizona et en Californie. Je voulais faire une cure de poker afin de voir si ça me plaît toujours. Je fais partie des joueurs qui s'intéressent de moins en moins aux cartes. Je ne prends pas le temps d'essayer à améliorer mon jeu, je reste un joueur récréatif moyen. Et puis je trouve aussi que l'ambiance aux tables est moins sympa qu'avant. J'ai tendance à m'ennuyer.
Pour toutes ces raisons, je voulais tenter à nouveau une expérience de poker intensif. Durant ce séjour j'ai joué principalement au Bellagio le matin, très tôt vers 3h, puis au Venetian l'après-midi. J'ai fait ça pendant huit jours. Et je dois dire que bien que la qualité des rooms soit top, je ne me suis pas vraiment amusé. Déjà je me suis senti card dead pendant une semaine, donc je n'ai pas eu droit à beaucoup d'action. Et par dessus le marché j'ai raté un high hand bonus au Venetian avec un carré de 3 hauteur 7, alors qu'un joueur sur une autre table a touché un carré de 3 hauteur dame dans la même minute.
Mais surtout j'ai trouvé que l'ambiance aux tables n'était plus aussi décontractée qu'avant. L'un des seuls points positifs que je retiens finalement, c'est que les comps sont redevenues généreuses. J'en ai bien profité, que ce soit au Bellagio ou au Venetian.
Tu as quand même eu l'occasion de prendre un peu la route ?
Oui, je suis parti vadrouiller dans l'ouest américain et comme d'habitude j'ai pris beaucoup de plaisir à contempler ces paysages désertiques qui s'étendent à perte de vue. Je dois dire que j'ai bien plus pris mon pied lors de ce road trip que durant ma semaine à Vegas.
Tu planches déjà sur ton prochain séjour ?
Oui, ce sera un long road trip de 17 journées au printemps, avec environ 3 500 miles au compteur et une traversée de plusieurs États : Californie, Arizona, Nouveau-Mexique, Colorado, Utah et bien sûr Nevada mais pour une nuit seulement à Vegas.

Quels sont les grands changements de la ville que tu retiens entre tes premier et dernier séjours ?
Deux choses m'ont principalement frappé : la disparition des poker rooms et la montée des prix, qu'il s'agisse des hôtels ou des restaurants.
Avant, j'adorais passer la moitié de ma nuit dans une room de livetard, comme au Planet Hollywood ou au Bally's. Et à la fin de ma session je récupérais un coupon pour profiter du buffet. Je pleure des rooms comme celles du Flamingo ou du Caesars Palace, c'est quelque chose qui manque dans le paysage. Et pendant que j'y suis, mon banquier pleure aussi quand je me rends dans un restaurant sur le Strip.
Et puis bien évidemment, Las Vegas est depuis toujours une ville en constante mutation. Des casinos sont détruits, d'autres constructions incroyables prennent leur place à vitesse grand V. J'ai par exemple vu sortir de terre le stade, la Sphère, le Resorts World, sans parler le Cosmopolitan ou le Wynn dans un passé un peu plus lointain. Même l'aéroport a changé de nom !
Revenons au poker. D'après ce que tu nous racontes, tu restes avant tout un joueur de cash game.
Je préfère jouer en cash game, oui. C'est assez frustrant à mes yeux de passer autant d'heures dans des tournois pour sauter à la bulle ou finir avec une place payée en mousse.
Une poker room favorite ?
Mes préférences changent d'année en année, mais en 2024 j'ai apprécié le temps que j'ai passé dans la nouvelle room du Venetian. Il y a des promos sur les comps et sur la high hand à chaque demi-heure, même si le rake est du coup plus élevé. C'est quelque chose qui attire les récréatifs comme moi, et à choisir je préfère jouer avec eux que de me retrouver entouré de regs.
À l'inverse, la room que je placerais en bas de ma liste est celle du Horseshoe. Leurs jetons, pourtant récents, sont déjà très sales. Le rake est immonde, le service lent... Et puis il n'y a pas beaucoup d'action à moins de laisser tout le monde jouer ses tirages.
Las Vegas pour toi, c'est donc plutôt en dehors des WSOP ?
En tant que joueur de cash game, je suis jamais allé à Vegas durant les WSOP. Je crois que je ne supporterais pas ces listes d'attente interminables pour s'installer à une table de cash.
Mes voyages se déroulent généralement en août ou septembre, puis en novembre, en décembre et parfois en février.
Tes gains aux tables contribuent à financer tes séjours ?
En vrai joueur moyen que je suis, mes séjours à Vegas se terminent en général sur des résultats financiers équilibrés. Parfois un gain va me payer le voyage, parfois je vais subir une perte équivalente. Le plus souvent, ça se joue à deux ou trois caves dans le vert ou dans le rouge sur l'ensemble du séjour.
Tu as quand même quelques anecdotes à nous partager ?
J'en ai tellement que je ne saurais même pas lesquelles choisir ! L'été dernier au Venetian, j'ai par exemple pour la première fois de ma vie vu la sécurité mettre les menottes à un joueur de poker.
Mais je retiens surtout tous les bons moments passés à table. Il y a quelques années par exemple, au Bellagio, un Mexicain grassouillet avait un peu trop forcé sur la bouteille. Il était un peu grossier mais disons qu'il mettait une certaine ambiance. Et puis il draguait ouvertement un p'tit jeune assis à côté de lui. Entre deux grossièretés il a demandé qui était gay parmi les joueurs à la table. En réponse toutes les mains se sont levées !
Au niveau des hôtels tu as certaines exigences ?
J'aime bien séjourner au cœur du Strip, alors je me retrouve régulièrement au Flamingo ou au Horseshoe. Je ne ressens pas particulièrement un besoin de luxe. Tout ce qu'il me faut c'est un lit et une douche. Même si ces hôtels ne font pas partie du haut du panier de ce qu'on trouve sur le Strip, j'apprécie de pouvoir me déplacer rapidement de ma chambre jusqu'aux poker rooms.
Tu séjournes parfois en dehors du Strip ?
Ça m'arrive. J'aime bien le Tuscany par exemple. Il me fait penser à un club de vacances avec ses petits bâtiments, son calme, sa piscine, ses palmiers... et son parking gratuit ! Et puis il n'est pas si excentré par rapport au Strip. Peut-être quinze ou vingt minutes à pied.

Et du côté des restos ?
Je ne suis pas un fin gastronome, mais avant mon régime j'aimais aller au Ellis Island BBQ pour me faire plaisir avec un full rack de ribs et une bière locale. Bon, pour être franc je m'y rends toujours une fois par séjour mais maintenant je ne commande plus qu'un half rack.
Pour ceux qui louent une voiture sur place, je conseille le Sonic Burger. Vous vous garez sur le parking, vous commandez à la borne et une nana vous apporte votre burger. Parfois elle vient même en patins à roulettes. Ensuite vous mangez dans votre voiture. Sans être incroyables, les burgers sont bons, les frites bien croustillantes et les milkshakes corrects.
Venons-en aux visites qui sortent du lot.
Ma visite du musée de la bombe atomique fait partie de celles qui m'ont le plus marqué. Je suis passionné de sciences et techniques, alors j'ai passé un très bon moment. On vous présente l'atome et la bombe atomique d'une manière élogieuse. On peut même s'asseoir sur une bombe. Comme vous l'imaginez, l'ambiance est très différente de celle du musée de la bombe atomique à Hiroshima. Je l'avais aussi visité en 2015.
Ce qu'il ne faut surtout pas oublier, c'est que Vegas jouit d'une localisation idéale pour parcourir l'ouest américain. Le Grand Canyon se situe à quatre ou cinq heures de route, la Vallée de la Mort à seulement deux heures, la Valley of Fire n'est pas plus loin, le barrage Hoover n'est qu'à une heure, Red Rock Canyon à 20 minutes... Et puis il y a aussi tous les parcs de l'Utah à cinq ou six heures, et puis le parc Joshua Tree en Californie à trois ou quatre heures.
Si vous en avez marre de Vegas, vous pouvez aussi aller découvrir la ville de Laughlin à environ 1h30. Elle est surnommée "la petite Vegas" et elle n'a pas bougé d'un iota depuis les années 80. Bon, si je dois être honnête, ses serveuses non plus.
Et puis sinon, comme tout le monde, la nuit je ne me lasse pas d'observer la Sphère. Je pourrais y passer des heures. Si je peux vous donner un conseil, c'est de prendre une chambre avec vue sur la Sphère. Ça vaut vraiment le coup !

Il t'arrive d'emmener des amis ou de la famille avec toi ?
En général je pars seul. J'ai un caractère assez solitaire et j'aime me retrouver seul dans le désert sans ressentir la présence humaine. Il n'y a pas mieux pour contempler la diversité des paysages.
Il m'est arrivé d'emmener mes jeunes neveux avec moi, mais à Vegas ce n'est pas le plan idéal. Tout ou presque est interdit avant 21 ans.
Voyager seul favorise parfois les rencontres. Il y en a une ou deux qui t'ont marqué ?
Je me suis retrouvé à la table de Phil Hellmuth. C'était sur la 1-2 du Rio. Je ne sais pas ce qu'il faisait là, mais je peux vous dire qu'il a mis une ambiance terrible !
J'ai aussi aperçu Doyle Brunson dans la Bobby's Room du Bellagio, mais sans m'être approché de lui. Et puis j'ai croisé plusieurs stars de séries TV américaines, mais sans les reconnaître sur le moment.
Et les membres du CP dans tout ça ?
Lors de mes road trips à San Francisco ou Los Angeles, je croise souvent MasterGuggy et parfois s1605. Et puis il y a tous les autres que je peux croiser à Londres, Prague ou Barcelone.
Il m'est aussi arrivé d'en croiser à Vegas. Pour certains je suis même allé tirer un coup avec eux. Non, ne me regardez pas comme ça : c'était à la mitraillette dans un stand de tir.

@dkbootfr
Merci pour la dedicace, effectivement ne jamais sous estimer la force du marcel…
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