Alors que le programme des World Series Of Poker 2025 se fait encore un petit peu désirer, on vous offre une nouvelle fenêtre sur Las Vegas en compagnie de damedepik6. La cheffe d'entreprise a eu le coup de foudre pour la ville il y a dix ans. Ces derniers temps, ses séjours dans le Nevada se font de plus en plus fréquents.

Salut Laurence, je crois que tu as lu toutes les interviews de la série. Tu connais donc déjà la première question : c'est quoi ton histoire avec le poker ?
Mes débuts au poker, c'était en ligne ! Un soir de pluie de 2007 ou 2008, avec mon copain de l'époque. Je me souviens qu'on a appris les règles au fur et à mesure des parties. À l'époque j'aimais bien Full Tilt et Winamax. Je ne savais pas trop ce que je faisais, mais en bonne fish qui se respecte j'avais quand même réussi à atteindre deux tables finales dans la même journée. À chaque fois sur des tournois avec un field énorme.
Le live, c'est venu comment ?
J'ai découvert ça avec Marseille Hold'em. C'est là-bas que j'ai rencontre salette, ganmor13008 et DonReg pour ne citer qu'eux. J'avais créé une société un peu plus tôt, et je me souviens très bien avoir dit à l'époque "Heureusement que j'ai le poker pour oublier un peu la société". Je ne savais pas encore que j'avais mis les deux doigts dans la prise sans aucune envie de les ressortir. Quelques années plus tard, je me disais plutôt "Heureusement que j'ai la société pour oublier un peu le poker !".
La suite logique, ça a donc été Las Vegas.
Un jour, Ganmor13008 m'a dit que si je m'étais les pieds à Vegas je voudrais y retourner tout le temps. Je lui ai répondu quelque chose comme "Oh ça va, c'est une destination comme les autres !". Je ne le croyais pas.
Et puis en 2014 j'ai sauté le pas avec mon copain. Je me suis retrouvée comme une gamine de presque 50 balais, émerveillée par tout. Les hôtels, les poker room, les marches du Rio que je voyais jusque-là dans les épisodes de Dans la tête d'un pro.
Quand le moment est venu de repartir, je suis sortie de l'aéroport pour fumer une cigarette. J'ai regardé Vegas de loin et je me souviens très bien de la larme qui s'est mise à couler sans prévenir sur ma joue. J'ai su ce jour-là qu'une histoire d'amour venait de naître, et qu'elle durerait longtemps.
Combien de fois y es-tu retournée depuis ?
Au moins dix fois ! Toujours avec le même émerveillement et la même excitation.
Comme tout le monde, j'ai été contrainte à une pause en 2020 à cause du Covid, puis en 2021 et 2022 suite à la création d'une nouvelle société. Et puis en 2023, me revoilà à arpenter les Champs-Élysées vegassiens. Seule cette fois, et qui dit seule dit aussi moins de frais... et donc plus de Vegas ! J'y retourne une seconde fois en 2023, et rebelote en 2024 avec des séjours en juin puis en septembre. Il était même prévu que j'y retourne en décembre, mais j'ai dû reporter le projet. Donc aujourd'hui mon prochain séjour est déjà prévu en avril !
Quel bilan tires-tu de tes derniers séjours dans le Nevada ?
Les deux derniers ne se sont pas bien passés. J'en suis revenue avec moins d'argent à la fin qu'au début. Pas broke, mais bien perdante quand même. Et puis l'année dernière j'ai aussi eu droit à un petit souci de santé qui m'a contrainte à visiter un hôpital et une clinique.
Mais je vous rassure : tout ça n'atténue en rien mon envie d'y retourner. Mon amour pour cette ville reste intact. Je n'arrive pas à m'en lasser, même un tout petit peu.
Quels grands changements as-tu eu l'occasion de constater au fil de tes voyages ?
En dix ans il y en a eu beaucoup. Je vais faire ma vieille, mais c'était vraiment mieux avant. Il y avait des poker rooms partout, mais alors vraiment partout. L'offre de poker s'est considérablement affaiblie avec la fermeture de toutes les poker rooms "secondaires". Et puis la ville est devenue chère, même très chère. Il n'y a que la malbouffe qui reste abordable.

Tu fais partie de celles et ceux qui ont pu expérimenter Vegas pendant et en dehors de la période des WSOP.
Ce sont deux salles, deux ambiances. Je fais vraiment la différence entre l'offre de poker pendant les WSOP et en dehors. Pour moi, le reste de l'année l'offre est beaucoup plus alléchante. Les buy-ins sont réduits et on peut jouer de très beaux tournois sans se ruiner.
En revanche, pendant les WSOP, chaque tournoi qui semble alléchant du point de vue des s-points de salette devient beaucoup plus cher. Mais c'est aussi durant cette période qu'on fait les plus belles rencontres avec les gens du CP. Vegas devient alors une sorte de cousinade. On prend un certain plaisir à se voir ou se revoir une fois par an, et à partager ensemble ces quelques jours.
Vegas pour toi c'est 100 % tournois ?
Oui, je n'y joue en cash game que quand ma bankroll descend un peu trop. Mes gains me permettent alors de payer quelques buy-ins. Mais ce sont bien les tournois qui me font vibrer.
Ta poker room préférée ?
Un peu de nostalgie : c'était celle du Harrah's. Il y avait des petits tournois à la structure hyper turbo, sans aucun reg, et je m'en sortais vraiment bien. Aujourd'hui je dirais la nouvelle poker room du Venetian, même si elle reste un peu éloignée et froide.

Une grande perf' à nous raconter ?
Je suis plutôt une habituée des petites perfs et des ITM en bois. C'est lié à ma façon de jouer plutôt conservatrice.
Mais j'ai quand même un beau coup d'éclat à partager. C'était en 2019, lors du 50e anniversaire des WSOP, lors d'un tournoi qui s'appelait le Big 50 : 500 $ de buy-in, 50 000 jetons, 50 minutes... À l'époque c'est le tournoi qui avait enregistré la plus grosse affluence avec plus de 28 000 inscriptions. J'ai finalement sauté à la fin du jour 3, en 185e position. C'était très excitant pour moi d'emballer des jetons aux World Series pour un jour 2 puis un jour 3. Je me souviens avoir été éliminée sur les blindes 250 000 / 500 000 ante 500 000. Le joueur en grosse blinde posait un million de jetons, c'était lunaire pour moi ! C'est aussi la première fois que j'ai eu besoin d'un ITIN. Ganmor13008, toujours présent, m'avait aidé à l'obtenir au Rio.
Je suis sûr que tu as d'autres anecdotes à partager.
La première qui me vient à l'esprit se déroule lors du jour 1 de ce fameux Big 50. Je joue toujours beaucoup avec mon image de "vieille" femme qui ne sait pas jouer au poker. D'ailleurs quand on me pose des questions, j'aime bien répondre que mon mari est businessman et qu'il me donne des sous pour m'amuser pendant qu'il se rend à une convention. C'est un truc qui marche plutôt bien.
Bref, je joue avec mon image et quand je place un continuation bet avec un as ou un roi au flop, en général ça se couche. Je fais ça jusqu'au moment où je montre un bluff river. Et puis quelques mains plus tard, à la river, je place une mise du même montant que lors de ce bluff. Sauf que là j'ai presque les nuts évidemment.
Je me suis dit que mon adversaire ne penserait pas que j'étais capable de m'adapter au sizing, et que si je mettais le même montant c'était que j'étais probablement à nouveau en bluff. Le mec a tank une éternité, je lui ai envoyé quelques tells de faiblesse et une minute plus tard, il a annoncé tapis. J'avoue que je ne m'y attendais pas, je pensais qu'il songeait simplement à call. C'est comme ça que j'ai doublé mon tapis en deux heures, juste parce que je ne ressemble pas à une joueuse de poker.
Tu en as d'autres des comme ça ?
En 2019 aussi je crois, lors d'un Seniors au Planet Hollywood. Mon voisin de gauche était l'archétype du joueur texan : petit, un peu rondouillard, chapeau vissé sur la tête et accent caractéristique. Arrive la 2e main du tournoi : j'ai les dames, j'open et l'intéressé me 3-bet. Pas spécialement enchantée à l'idée de bust si tôt dans le tournoi, je call simplement avec la volonté de réévaluer la situation en fonction du flop. Un valet et deux briques. Je check, il mise petit, je le relance et il se lance alors dans une longue réflexion à voix haute :
- Tu n'as quand même pas les as...
Je comprends qu'il a les rois et 30 secondes plus tard je l'entends dire :
- Bah, tu as peut-être les as.
Puis 30 secondes plus tard :
- Bah, oui tu as les as.
Et à ce moment là il annonce fold en montrant ses rois. Il s'était persuadé tout seul que je ne pouvais avoir que les as dans ce spot. J'ai pris les jetons, j'ai muck mes dames et je l'ai rassuré en le félicitant pour son fold.
Quels sont les hôtels où tu as tes habitudes ?
Lors de mon premier séjour, j'ai séjourné au Flamingo qui faisait partie des moins chers du Strip à l'époque. Aujourd'hui enore, j'attache très peu d'importance à l'hôtel où je suis. Il faut juste qu'il soit sur le Strip et irréprochable au niveau de la propreté. Après tout je n'y vais que pour dormir, et par dessus le marché je dors peu.
Il y a une année où j'ai essayé de séjourner sur Fremont Street, mais je n'ai pas beaucoup apprécié l'éloignement du Strip.
Si je ne devais n'en retenir que deux, je dirais le Vdara parmi les modernes et le Jockey Club parmi les plus vieillots.
Et pour ce qui est des restos ?
Il y a un spot bouffe que j'aime bien : c'est un kebab qui s'appelle Istanbul et qui est situé sur la place du Horseshoe. On y mange un kebab "Beef and Lamb" qui est très bon. Sinon je trouve que les Denny's sont aussi très corrects. C'est comme pour les hôtels de toute façon : je ne viens pas à Vegas pour manger, je n'ai pas le temps !
Un mot pour conclure sur les rencontres qui t'ont marquée sur place.
Oui, je vais toujours à Las Vegas en solo et je dois dire que je ne ressens jamais la moindre solitude car je croise énormément de monde. Si je dois mettre en avant ceux qui m'ont marquée, je répondrais que ce sont vous tous, vous du CP, avec votre bienveillance, votre humour, vos récits de mains et votre sympathie. J'ai peur d'en oublier, ne m'en veuillez pas, mais je pense à Dkbootfr et cie, Joachim le Belge, Christophe "Buffalo", Alextonton et son couz, Yacine, Mage, Sandy, Haygus, Goat, Emil, Max Potter et les Marseillais. Vous êtes tellement nombreux, merci à vous !
Tu as gardé contact avec certains en France ?
À Aix, je croise de temps en temps les joueurs de la région : salette, Ganmor, Fathi, Halex, Lorenzo et les autres. Mais ce n'est quand même pas pareil qu'à Vegas. L'ambiance est différente.
Tiens, une dernière anecdote au passage. Un jour je m'inscris par erreur sur un satellite qui met en jeu dix tickets pour un 1 100 $ Mystery à l'Aria. Alors que nous ne sommes plus que quatorze en lice, je poste un petit message sur le Whatsapp du CP. Je me retrouve aussitôt avec un énorme rail. J'ai été soutenue par plein de gens, y compris ceux qui étaient déjà retournés en France. Tous vibraient avec moi et à l'arrivée, j'ai pris le ticket. Merci encore à vous tous : la communauté du CP, c'est quelque chose !
@dkbootfr
Merci pour la dedicace, effectivement ne jamais sous estimer la force du marcel…
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