Dans son rapport d'activité pour l'année 2016, l'Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) tient le même discours que le régulateur transalpin et évoque la signature d'une convention multilatérale avec l'Italie, l'Espagne et le Portugal dans le courant du mois de juin. Cette étape pourrait ouvrir la porte à des tables européennes de poker en ligne avant la fin de l'année.

Le 7 octobre dernier, le législateur français introduisait dans la loi du 12 mai 2010 la possibilité d'un partage européen des liquidités de poker en ligne. Comme le rappelle l'ARJEL dans son rapport d'activité annuel, plusieurs conditions étaient posées à cette occasion :
- la limitation de cette mutualisation à des États membres de l'Union Européenne ;
- la nécessité de conditions de régulation équivalentes entre les parties prenantes ;
- l'existence d'une convention préalable avec les régulateurs des pays partenaires.
Cet accord de coopération, quatre pays en discutent les modalités depuis plusieurs mois : la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. L'information n'est pas nouvelle : dès le mois de décembre, l'ARJEL avançait l'objectif d'une finalisation de cet accord mi-2017. Une ambition depuis réaffirmée à plusieurs reprises par Daria Petralia, la présidente de l'autorité de régulation italienne.
Relativement discrète sur le sujet ces derniers mois, l'ARJEL sort à son tour de son silence dans un chapitre intitulé "Les tables européennes de poker en ligne : une mesure très attendue" (page 38). Le régulateur s'y montre très clair, même si le conditionnel reste de mise : "L'accord devrait être signé dans le courant du mois de juin". Le texte précise même la suite des événements : "En septembre, l'Autorité pourrait être en mesure, pour les opérateurs qui en font la demande : d'instruire les dossiers conduisant à l'autorisation spéciale prévue par la convention ; de traiter les dossiers d'homologation des logiciels de jeu".
Autrement dit, les joueurs français peuvent espérer retrouver leurs collègues italiens, espagnols et portugais autour d'une même table avant la fin de l'année. Cette volonté de décloisonnement, même partiel, la communauté du poker en ligne la porte depuis les premiers balbutiements du marché hexagonal. En juillet 2015, le document de synthèse produit par l'Association française des joueurs de poker en ligne en faisait même l'une de ses principales revendications.
Deux ans plus tard, l'ARJEL souligne à nouveau l'urgence de ce changement de cap. Il faut dire que les dernières données rendues publiques par le régulateur ne réservent aucune surprise : là où l'industrie des paris sportifs enregistrent des chiffres records, les opérateurs de poker en ligne peinent toujours autant à surmonter une conjoncture moribonde. Certes leur Produit Brut des Jeux (PBJ) a repris quelques couleurs au premier trimestre (+ 3 % à 64 millions d'euros), mais pour le reste les différents indicateurs à disposition confirment une certaine apathie : un repli de 2 % pour les mises en cash game, une hausse de 1 % des droits d'entrée en tournois, une baisse de 1 % du nombre moyen de comptes joueurs actifs par semaine, et au passage une nouvelle augmentation de la représentation des joueurs engageant des sommes faibles à modérées.
Pour apporter une bouffée d'oxygène au secteur, l'ARJEL compte donc beaucoup sur le renforcement de sa collaboration avec nos voisins européens. Pour autant, Charles Coppolani et ses équipes semblent parfaitement conscients que la liquidité partagée ne constituera pas une fin en soi, mais plutôt un pas en avant qui en appellera d'autres dans les prochaines années :
Extrait du rapport d'activité de l'ARJEL
Maintenir une assiette fiscale qui taxe les opérateurs sur les mises alors qu'ils en reversent une part importante aux joueurs sous forme de gains, [et faire perdurer] une offre agréée très limitée qui ne prend pas en compte les attentes et les pratiques des nouvelles générations, [tout cela] fait peser sur le marché agréé une charge de plus en plus lourde face à une offre illégale qui tend, malgré les efforts de l'ARJEL, à s'intensifier.
L'exemple du cash game en poker, pour lequel on constate un ralentissement sensible de la baisse d'activité dû en grande partie à l'ouverture de nouvelles variantes, est à cet égard significatif. La prochaine ouverture des tables européennes de poker devrait conforter cette amélioration. Il faudrait aller au-delà et envisager une diversification de l'offre agréée qui concilie le caractère récréatif et attractif du jeu d'argent.
Donc à ce stade on a toujours pas le début d'une approximation de date pour ce lancement du ".eu" ?
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