Préparateur mental pour les sportifs et les joueurs de poker, Valentin Huvelin avait en mai dernier diffusé un questionnaire à l'objectif ambitieux : "mieux comprendre les joueurs et leurs comportements, et in fine expliquer leurs différences de niveaux". Cinq mois plus tard, les résultats de cette étude sont connus. Après la première partie la semaine dernière, Club Poker vous en dévoile aujourd'hui la seconde.

Qu'avez-vous retenu de la première partie de l'étude réalisée par Valentin ? Sans aucun doute toute une série d'indicateurs quant au profil des joueurs qui composent le lectorat de Club Poker (75 % des sondés) et le reste de la communauté. Mais aussi, bien sûr, ce fameux effet Dunning-Kruger qui veut que les individus les moins qualifiés dans un domaine sur-évaluent souvent leur niveau de compétence.
À l'inverse, les joueurs réputés plus qualifiés peuvent avoir tendance à se sous-estimer un peu. Et ce sont précisément ces joueurs plus talentueux que la moyenne, les pros, qui sont placés au centre des deux derniers chapitres de l'étude. D'abord avec une troisième partie dédiée à l'examen du field professionnel, puis avec une quatrième qui se pose la question de l'importance du travail dans la progression d'un joueur.
Partie 3 : étude du field professionnel
Les paragraphes et graphiques qui composent ce chapitre se focalisent sur les 144 joueurs pros qui ont répondu au questionnaire, soit 7 % du total des sondés. Et le premier enseignement de cette lecture ne surprendra personne : ceux qui vivent du poker peuvent généralement se targuer d'une certaine expérience. Aucun des pros ayant répondu ne joue au poker depuis moins d'un an, et ils ne sont qu'une poignée à jouer depuis moins de deux ans. À l'inverse, les pros sont surreprésentés parmi les vétérans affichant au moins huit ans d'ancienneté (75 % contre 60 % pour le reste du field).
Plus étonnant peut-être, 59 % des pros ayant participé à l'étude se disent spécialistes du format Spin, tandis que 25 % lui préfèrent le cash game et 16 % les tournois. Tous formats confondus, ils sont 85 % à s'adonner à leur passion pour des enjeux de 20 € ou plus par partie (NL20 ou MTT/Spin/SnG à 20 €). Pour autant, les témoignages recueillis attestent une fois de plus de la présence de joueurs qui s'assument professionnels autour des tables de NL10, NL5 et même NL2. C'est aussi ce qui explique que malgré une proportion de 84 % détenant une bankroll supérieure à 5 000 €, 6 % des joueurs environ confessent un capital inférieur à 2 000 €.
Tout ce petit monde tend en revanche à se rejoindre sur un point : une certaine régularité dans l'effort est nécessaire pour dégager des revenus suffisants. Les pros affichent ainsi un temps de jeu hebdomadaire moyen largement supérieur à 20 heures, tandis que les amateurs plafonnent à hauteur de la dizaine d'heures. Ce constat d'ensemble souffre néanmoins des exceptions, 300 amateurs assurant réaliser un volume supérieur à 20 heures par semaine.
Le temps de jeu moyen des pros chaque semaine

Côté motivation, l'intensité s'avère identique pour les pros et les amateurs en terme d'intensité (évaluée à 7,45 ou 7,46 selon le cas) mais certainement pas sur le plan des raisons trouvées pour jouer. C'est manifeste à la lecture du tableau ci-dessous : les joueurs pros aiment la sensation d'être compétent et la perspective de faire carrière. La quête d'adrénaline, en revanche, semble beaucoup plus présente chez les amateurs (67 % contre 40 % seulement chez les pros).

Pour le reste, on retiendra que les joueurs pros sont deux fois plus nombreux (40 % contre 20 chez les amateurs) à réaliser un échauffement avant leur session et un cool-down après. Ils sont aussi plus organisés, plus confiants et moins souvent confrontés à des émotions négatives. Pour davantage de détails, n'hésitez pas à consulter la troisième partie de l'étude en intégralité. De notre côté, penchons-nous maintenant sur la quatrième et dernière partie.
Partie 4 : travailler son jeu est-il un gage de réussite ?
L'auteur de l'étude ne s'en cache pas : l'adage qui veut que le joueur de poker doit travailler pour réussir n'est pas totalement fondé à ses yeux. "Selon moi", explique Valentin, "il existe une forte tendance des joueurs pros à ne pas prendre en compte leur talent naturel". Pour en avoir le cœur net, il a donc dans un premier temps décidé de comparer la durée hebdomadaire moyenne que les pros et les amateurs consacrent à l'amélioration de leur jeu.
Les résultats sont présentés sous la forme de deux graphiques dont les différences s'avèrent finalement éloquentes :
Combien de temps les non pros y consacrent-ils de leur côté ?

En moyenne, les pros travaillent donc cinq heures par semaine tandis que les non pros se limitent à environ 1h30. On est certes loin des 35 heures, mais il convient naturellement d'y ajouter un temps de grind plus conséquent. Par ailleurs, derrière ces constats d'ensemble se cachent parfois des réalités contrastées. En y regardant de plus près, 237 amateurs consacrent entre cinq et quatorze heures par semaine au travail sur leur jeu, soit une moyenne supérieure à sept heures qui n'a rien à envier aux cinq heures des 144 pros.
Cette population d'amateurs plus investis que la moyenne joue par ailleurs aux mêmes limites que le reste du pool des non pros. Comment expliquer ce qui sur le papier s'apparente à un paradoxe ? Valentin écarte d'abord, chiffres à l'appui, l'hypothèse de joueurs en devenir qui s'investirairent beaucoup mais n'en récolteraient pas encore les fruits. La plupart pratiquent en effet le poker depuis plus de huit ans. Restent donc quatre hypothèses qui peuvent parfaitement être complémentaires :
- il s'agit de joueurs qui n'ont pas le talent nécessaire ;
- ces joueurs travaillent mais mal ;
- ces joueurs ne travaillent pas réellement même s'ils en sont convaincus ;
- quelques-uns ne pratiquent pas le poker depuis longtemps malgré tout.
De l'autre côté du spectre, 10 % des pros ayant participé à l'étude ne travaillent absolument jamais leur jeu. Et là encore, un examen des données fait apparaître une information surprenante : ces joueurs sont surreprésentés dans les grosses limites. Ce constat, couplé au précédent, jetterait donc "un sérieux doute sur la relation travail/réussite". Mais Valentin le reconnaît lui-même dans la foulée, l'étude telle qu'elle a été menée "ne permet pas de mesurer le lien entre travail et progression".
Le coach ne s'avoue pas vaincu malgré tout. D'ici un an, il reprendra contact avec les 237 amateurs ayant indiqué travailler leur jeu de façon régulière. Cette nouvelle consultation lui permettra de déterminer s'ils jouent encore, s'il travaillent autant et évidemment s'ils ont franchi le cap du poker professionnel. En attendant, la conclusion qu'il dresse sur la base des données recueillies ne surprendra pas : "Je dirais qu'il est probable que le travail régulier et bien réalisé permette la progression des joueurs. Cependant, aussi bien mené soit-il, ce travail ne suffirait pas toujours pour passer pro. La talent resterait probablement un facteur clé dans la réussite au poker. De plus, il est probable que le très haut niveau exige à la fois talent et travail".
Si vous désirez creuser le sujet et vous livrer à votre propre analyse des chiffres, voici la quatrième et dernière partie de l'étude. Suite des débats sur le forum pour ceux qui le souhaitent !
Préparateur mental pour les sportifs et les joueurs de poker, Valentin Huvelin avait en mai dernier diffusé un questionnaire à l'objectif ambitieux : "mieux comprendre les joueurs et leurs comportements, et in fine expliquer leurs différences de niveaux". Cinq mois plus tard, les résultats de cette étude sont connus. Club Poker vous les dévoile en deux temps.
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