C'est devenu un rituel : chaque année, le fiscaliste américain Russell Fox examine la situation fiscale de chacun des finalistes du Main Event des World Series Of Poker. En fonction de leurs nationalités, de leurs pays de résidence et des éventuels accords entre États, certains sont mieux lotis que d'autres. Mention spéciale pour le champion du monde Epsen Jorstad qui conservera l'intégralité de ses dix millions de dollars.

Sur le papier, les finalistes du Main Event s'en sont mis plein les poches ce week-end. Comme l'exemple de Jonathan Duhamel l'a encore démontré récemment, les gains financiers réalisés lors des World Series Of Poker doivent bien souvent être nuancés à la lumière de deux éléments : les prélèvements fiscaux bien sûr, mais aussi les éventuels accords de nature privée qui lient les joueurs à des partenaires. Dans le cas du champion du monde canadien, on sait aujourd'hui que son gain officiel avait été ponctionné à hauteur de 4,1 millions de dollars en raison d'une longue liste de swaps.
Ces accords entre individus, Russell Fox les exclut d'office de ses calculs en raison de l'opacité qui les entoure. S'agissant en revanche des taxes auxquelles sont assujettis les gains en question, le fiscaliste américain en connaît un rayon. Dans un article bien documenté comme il en a l'habitude, il analyse les situations diverses et variées des protagonistes de la dernière finale. "Je réponds à une importante question", précise-t-il sur Twitter : "Pourquoi Londres c'est mieux que Paris ou la Norvège, au moins sur le plan des taxes pour les joueurs professionnels ?".
Premier enseignement de son travail : Epsen Jorstad, le nouveau champion du monde, s'en tire à très bon compte. S'il avait choisi de résider dans son pays natal, la Norvège, son magot de dix millions de dollars aurait été ponctionné de 39 %. Au lieu de cela, le champion conserve la totalité de son butin grâce à deux dispositifs juridiques : l'absence de taxation des gains au Royaume-Uni où il réside, et surtout un traité d'exemption entre les États-Unis et le Royaume-Uni qui le préserve d'un prélèvement du fisc américain.

Son dauphin australien Adrian Attenborough n'a pas cette chance. Domicilié à Las Vegas, il ne verra la couleur "que" de 3,6 millions de dollars puisque près de 2,4 millions de dollars de son pactole prendront automatiquement la direction des caisses de l'IRS. Même topo pour le troisième Michael Duek, natif d'Argentine mais installé depuis en Floride : prélevé de 1,6 million par l'IRS, il gardera in fine bien moins que le quatrième, John Eames, qui comme le champion a choisi de résider au Royaume-Uni.
Le cinquième, Matija Dobric, aurait lui pu bénéficier d'un accord d'exemption semblable entre les États-Unis et la Croatie. Pas de chance : le traité en question est toujours en cours de négociation et 30 % de ses gains resteront donc de l'autre côté de l'Atlantique.
On retiendra aussi la situation de Philippe Souki, Anglais d'origine française qui s'est classé à la huitième place du tournoi pour un peu plus d'un million. Russell Fox confirme que comme les autres résidents britanniques, l'intéressé touchera la totalité de ses gains. Il précise néanmoins que s'il avait résidé en France, il aurait été assujetti à environ 47,5 % de taxes. Un problème que vous avez vous aussi brillamment évité si vous êtes rentré bredouille de votre dernier périple à Vegas.

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