Molly's Game, ou Le Grand Jeu en français, ça vous dit quelque chose ? L'histoire de Molly Bloom et de ses parties privées qui réunissaient le gotha hollywoodien a été portée sur grand écran, en 2017, avec Jessica Chastain dans le rôle principal. Un autre protagoniste, Houston Curtis, apporte aujourd'hui un éclairage nouveau sur la genèse de cette partie de poker hors norme.
Un jour prochain, Houston Curtis écrira un livre sur son passé de tricheur. Mais en attendant, il l'assure, il a toujours joué dans les règles de l'art lorsqu'il était installé à la même table que Tobey Maguire : "Sinon je n'y aurais plus jamais été convié. Alors je lâchais des jetons à des mecs qui jouaient comme des manches, et qui ensuite allaient de toute façon les perdre à leur tour". Un petit manège qui ne l'aurait pas empêché, selon ses propres calculs, d'accumuler quinze millions de dollars de gains durant les quatre années d'activité de la fameuse partie.
Car de 2005 à 2009, Houston Curtis a fait partie de ces personnalités qui s'invitaient chez l'interprète de Spiderman — puis plus tard dans la Viper Room — pour taper le carton le mardi soir avec Ben Affleck, Matt Damon, Leonardo DiCaprio, Nick Cassavetes ou encore Rick Salomon. Cette expérience, il la relate en détail dans un livre intitulé The Billion Dollar Hollywood Heist List, mais aussi dans une longue interview accordée au New York Post.
Ce producteur d'émissions de seconde zone explique avoir fait la connaissance de Tobey Maguire en 2004. Les deux hommes se sont rapidement liés d'amitié et l'acteur, connaissant le penchant pour le jeu de son compère, l'a quelques mois plus tard invité à se joindre à l'avocat Jon Moonves ou au milliardaire Kevin Washington pour une partie de poker privée à son domicile. "Les enjeux étaient si élevés que quand on ne gagnait que 20 000 $, on avait l'impression de perdre".
Durant les premiers mois, c'est la compagne de l'époque de Tobey Maguire, Jen Meyer, qui jouait le rôle de croupière. "Tobey s'assurait que les convives lui laissent un pourboire. Il tenait à ce qu'elle se sente intégrée. À la fin de la soirée, elle pouvait compter ses bénéfices à ses côtés, vu qu'il gagnait presque toujours". Ce n'est que plus tard que l'organisation de la partie s'est professionnalisée par la force des choses : "Tobey en a eu marre d'accueillir tout le monde. Il leur faisait enlever leurs chaussures à l'entrée et porter des chaussons. Kevin Washington mâchait du tabac et le crachait dans une tasse. C'est un truc qui l'énervait pas mal. Et puis comme il était vegan, il ne supportait pas de les voir commander des pizzas pepperoni".
Dès 2005, le home game a donc déménagé à la Viper Room avec l'assentiment de son propriétaire Darin Feinstein. C'est ce dernier qui a le premier suggéré le nom de Molly Bloom pour servir des boissons aux participants. "Elle ne s'occupait de rien d'autre", insiste Houston Curtis. "Au début elle servait juste des verres, et puis on lui a donné les numéros des joueurs pour qu'elle gère la logistique".
La suite du récit ne s'éloigne pourtant que ponctuellement de la version de l'ancienne skieuse. Si vous avez déjà lu les articles de Club Poker Tobey Maguire : les dessous des parties privées du gotha hollywoodien et Le Grand Jeu : la véritable histoire derrière le film, peut-être gardez-vous en mémoire les anecdotes du cri du phoque (quand Maguire proposait à Bloom d'aboyer en échange d'un pourboire de 1 000 $) ou du popotin de Jennifer Lopez (quand Rick Salomon a brisé la glace avec Ben Affleck en lui causant cellulite). Les deux trouvent une aussi bonne place dans le livre de Houston Curtis que dans celui de Molly Bloom. Ces redites restent toutefois isolées, l'auteur mettant aussi en lumière des moments qui avaient échappé au regard (ou à la mémoire) de sa consœur.
Ses souvenirs de Leonardo DiCaprio sont par exemple un peu plus acides. "Le poker était en pleine explosion et il y avait des dizaines de mecs blindés qui voulaient absolument jouer avec Tobey. La plupart ne savaient même pas mélanger un paquet de cartes. Et puis un jour , il a eu l'idée d'utiliser DiCaprio comme appât, mais il a fallu financer sa participation. Le type pesait 80 millions de dollars mais il n'était pas prêt à verser le buy-in de 5 000 balles. Mais bon, Tobey m'a rassuré en me disant qu'il ne jouait que les as et les rois. Et c'était bien vrai ! Ses ranges étaient plus étroites que le cul d'une mouche".
Todd Phillips, qui plus tard deviendrait entre autres le réalisateur de Joker, était également un habitué de la partie. "Et puis quand on est passé aux blindes 200/400, il a pris un peu de recul. Tout le monde n'est pas prêt à lâcher des sommes à six chiffres". Un souci que n'avaient ni Guy Laliberté ni l'homme d'affaires Brad Ruderman, tous deux considérés comme des dons du ciel par le reste de la tablée. "La première fois que j'ai gagné 250 000 $, c'est le soir où Guy s'est pointé. Et puis un beau jour, il a invité l'ensemble de l'équipe à Hawaii. Certains l'ont pris au mot. Ils l'ont suivi là-bas, l'ont délesté de deux millions de dollars et quand ils ont voulu repartir, il a mis son jet à leur disposition".
Et le principal intéressé, Houston Curtis, comment a-t-il géré cette parenthèse dorée ? L'homme s'est un temps installé dans une luxueuse villa de trois millions de dollars sur les collines de Los Angeles, avec sa femme et ses deux filles, mais sa chance a tourné en 2008 : la valeur de sa maison a plongé, un lucratif accord de production est tombé à l'eau... et il a souffert sa plus grosse perte de joueur en dilapidant un million de dollars en une seule nuit. Son salut est alors passé par une série de prêts accordés par des joueurs, dont 600 000 $ de la part de Tobey Maguire. "En plus du remboursement de la somme, je lui ai proposé 10 % de mes gains de l'année suivante. Je pensais que c'était raisonnable, mais il a exigé la moitié de mes bénéfs sur la période. Même si c'était impossible à tenir, je n'ai pas eu d'autre choix que d'accepter".
"Maintenant je te tiens et je vais me faire des couilles en or avec le poker" : tels sont les mots que Houston Curtis se remémore avoir entendu lors de la finalisation du deal. Rien ne s'est néanmoins passé comme prévu, la plus grosse partie privée d'Hollywood s'effondrant sur elle-même suite aux déboires juridiques de Brad Ruderman en avril 2009 (pour rappel, la découverte d'un système de Ponzi suivie d'une faillite... et d'une procédure des créanciers à l'encontre des bénéficiaires de la partie pour récupérer une partie de leurs billes).
Houston Curtis ne s'en est pas sorti à bon compte pour autant. Ruiné, quitté par sa femme et même incarcéré quelques semaines pour un impayé auprès d'un casino de Vegas, l'ancien ami des stars est retourné vivre chez sa mère dans l'Illinois. Histoire de parachever le tableau, un médecin lui a alors diagnostiqué une anomalie cardiaque réduisant son espérance de vie à cinq petites années. Un pronostic glaçant que l'intéressé est finalement parvenu à faire mentir en perdant du poids et en retrouvant un mode de vie plus équilibré. "Je n'ai pas récupéré tout mon argent, mais j'ai surmonté le pire bad beat imaginable et je suis toujours dans le coup".
Molly's Game, ou Le Grand Jeu en français, ça vous dit quelque chose ? L'histoire de Molly Bloom et de ses parties privées qui réunissaient le gotha hollywoodien a été portée sur grand écran, en 2017, avec Jessica Chastain dans le rôle principal. Un autre protagoniste, Houston Curtis, apporte aujourd'hui un éclairage nouveau sur la genèse de cette partie de poker hors norme.
[...] Lire la suite…
Partager ce message
Lien à poster
Partager sur d’autres sites