Evolution geek

Depuis le serveur IRC des années 90 aux centaines de milliers de joueurs connectés simultanément sur les salles de poker en ligne, en passant par la victoire de Chris Moneymaker en 2003, bien de l'eau a coulé sous les ponts. Prochaine étape : les retrouvailles entre les passionnés français, italiens, espagnols et portugais autour des mêmes tables de poker en ligne !

Les origines du poker en ligne (1995)

ElkY multitabling
À l'époque, on ne multitablait pas comme ça.

Le poker en ligne est peu ou prou né en même temps que le développement d'Internet. La genèse remonte à 1995. À l'époque, on jouait pour du beurre sur un serveur IRC (Internet Relay Chat) programmé par Todd Mummert. Ce dernier était soutenu par une poignée d'autres passionnés de rec.gambling.poker.

Même si les parties se jouaient sans argent, les joueurs les prenaient très au sérieux. D'ailleurs, il existait des serveurs ouverts uniquement aux joueurs dominant les plus petites parties. #holdem2 et #holdem3 rassemblaient ainsi des habitués des tables live à 20 / 40 $.

Chris Ferguson, détenteur de cinq bracelets WSOP et vainqueur du Main Event en 2000, fait partie de ces pionniers au même titre que Jay Sipelstein, Perry Friedman, Steve Brecher, Paul Phillips ou encore Greg Raymer. Des archives de cette époque tellement lointaine et proche à la fois sont toujours disponibles, grâce à un dénommé Michael Maurer. Celui-ci avait en effet programmé le premier bot capable de récupérer les mains jouées sur IRC.

Son initiative a donné naissance à une collection de dix millions de mains jouées entre 1995 et 2001 : l'IRC Poker Database.

La première poker room (1998)

Paradise Poker

Le visage contemporain du poker en ligne se dessine en janvier 1998 avec la création de Planet Poker, le premier site de poker en ligne au sens moderne. Car contrairement aux tentatives précédentes, Planet Poker permettait de jouer de l'argent.

Derrière le site se cachait notamment Mike Caro, une légende du poker fermé. Cet Américain est entre autres connu pour ses conférences multiples sur les aspects people du poker, comme par exemple les maniérismes indiquant qu'un joueur bluffe ou non. L'ironie ? Vous ne pourrez jamais prendre vos décisions online en fonction de l'épaisseur de la veine de BISON500, de la respiration de Clitouriste ou de l'assurance de Boaconstrictor...

Le véritable décollage du poker en ligne intervient quelques années plus tard, et plus précisément en 2001 avec l'avènement de Paradise Poker. Malgré le succès, les créateurs du site souhaitent prendre une autre voie et entreprennent de vendre la société pour un petit pactole de 15 millions de dollars...

Trop cher, mais aussi trop tard ! La concurrence est déjà au rendez-vous puisqu'un nouveau venu, PokerStars, comprend vite que le succès du poker en ligne passera par une offre que les casinos ne peuvent pas proposer : des tournois de poker de plusieurs milliers de joueurs.

C'est également à cette époque que l'industrie des casinos live va tenter de réagir en pénétrant le marché. Après quelques alliances mouvementées et une politique marketing très agressive, c'est toutefois bien PartyPoker qui devient le leader mondial du poker en ligne.

Le boom Moneymaker (2003)

Chris Moneymaker
Chris Moneymaker, champion du monde 2003

Le main event des World Series Of Poker est aujourd'hui un rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de poker, joueurs comme observateurs, professionnels comme amateurs. Pourtant, le tournoi n'a pas toujours eu son rayonnement actuel. En 2003, ils étaient un peu plus de 800 sur la ligne de départ. Mais l'année suivante, ils étaient près de 2 500, puis plus de 5 000 en 2005, jusqu'au record de 8 700 et quelques participants en 2006.

Un événement explique plus qu'aucun autre cette augmentation exponentielle : la victoire de Chris Moneymaker en 2003. Cet Américain au patronyme prédestiné, comptable de profession, s'était qualifié pour le tournoi sur Internet après n'avoir déboursé qu'une poignée de dollars.

Depuis quelques années, le poker était déjà présent sur Internet. Cependant, en achevant de convaincre tous les amateurs qu'ils avaient eux aussi une chance de récupérer une part du gâteau, cette victoire sonna le départ d'un essor sans précédent. Les médias se sont alors intéressés au phénomène et l'ont relayé massivement. Les joueurs les plus performants sont devenus des icônes. Les grands rendez-vous ont peu à peu conquis une audience de plusieurs millions de personnes. Et surtout, des millions de joueurs se sont créé un compte pour pouvoir s'adonner à leur passion en ligne.

Devenu dès l'été 2003 l'un des principaux porte-étendards de PokerStars, Moneymaker est bien plus qu'un enième nom gravé au palmarès du plus prestigieux des tournois de poker. Sa victoire marque pour tout passionné l'an zéro du poker moderne. Une forme de big bang, en somme, à l'échelle de la galaxie poker.

UIGEA : le Congrès américain flingue PartyPoker (2006)

UIGEA

Dans les années qui suivent, les bookmakers flairent le filon et tentent à l'heure tour de pénétrer le marché. En février 2006, les fondateurs de Paradise Poker cèdent une partie de leurs actions à Sporting Bet. La même année, l'Autrichien Bwin décide de racheter le Suédois Ongame (PokerRoom.com). L'accord ne sera cependant finalisé que fin 2007, suite à un événement majeur survenu aux États-Unis.

En septembre 2006 est en effet promulgué l'Unlawful Internet Gambling Enforcement Act (UIGEA) : le Congrès américain décide tout simplement d'interdire les transactions bancaires à destination des sites de jeux en ligne. PartyPoker, à l'époque leader mondial, en tire les conséquences en quittant le marché états-unien.

À l'inverse, d'autres sites comme PokerStars ou Full Tilt Poker choisissent de continuer à accepter les joueurs américains, se contentant de reporter leurs efforts marketing sur la promotion des versions gratuites de leur logiciel. Les deux opérateurs en tirent immédiatement les bénéfices et deviennent les numéros 1 et 2 du marché mondial. Il faudra attendre quatre ans avant que le cours de l'Histoire ne finisse par les rattraper.

Le Black Friday

Black Friday

Coup de tonnerre dans la nuit du 15 au 16 avril 2011 : l'accès aux sites de PokerStars, Full Tilt Poker et des rooms du réseau Cereus (Absolute Poker, Ultimate Bet...) est fermé aux internautes américains. Dans la foulée, les autorités activent leurs recherches en vue d'appréhender 11 responsables de rooms, suspectés d'avoir utilisé des moyens détournés (par exemple la création de faux sites marchands) pour tromper les banques américaines et permettre aux joueurs de déposer sur leurs plateformes de jeu (en contradiction avec l'Unlawful Internet Gambling Enforcement Act).

Sur le plan international, l'impact du Black Friday prend de multiples facettes : difficultés des joueurs américains à récupérer leur bankroll, annulation de certaines étapes du circuit, remise en cause de contrats de sponsoring liant rooms et joueurs, annulation de programmes télévisés dédiés au poker... Mais le pire est à venir : la suspension puis le retrait des licences de Full Tilt Poker, les dirigeants de la société étant accusés d'avoir mis en place et tiré les bénéfices d'une chaîne de Ponzi durant des années. Finalement, c'est le rachat de Full Tilt par PokerStars qui débloque la situation fin 2012 en permettant de rembourser les milliers de joueurs en attente de leurs fonds.

La génération High Stakes

Au fil des années, plusieurs dizaines de joueurs parviennent à transformer quelques dollars en millions et à se hisser des plus basses limites aux plus hautes : les high stakes. Ils se nomment notamment Tom Dwan, Patrik Antonius, Ilari Sahamies, Daniel Cates, Viktor Blom, Rui Cao, Alexandre Luneau...

Leur quotidien, ce sont des dizaines de tables ouvertes, des centaines de milliers de dollars échangés, mais aussi les plus grands hôtels et, parfois, le strass et les paillettes. Au même titre que les grandes figures du circuit live, ces joueurs bénéficient se sont forgé une véritable notoriété et font figure de stars de la planète poker.

Le poker en ligne cristallise d'une certaine manière le rêve américain, celui d'un individu partant de rien pour conquérir les sommets. Une poignée d'élus font ainsi rêver des milliers d'amateurs et alimentent leur folle ambition de pouvoir un jour marcher sur leurs traces. Reste que comme dans d'autres milieux (football, cinéma...), derrière quelques exemples de réussite extrême se cachent également des centaines d'échecs. N'est pas alexonmoon qui veut...

L'ouverture du marché français du poker en ligne

ARJEL

Après des années de flou réglementaire, le législateur français décide en 2010 l'ouverture du marché hexagonal des jeux en ligne. La loi du 12 mai 2010 met ainsi en place un cloisonnement des joueurs français sur les seules salles de poker en ligne disposant d'un agrément délivré par l'Autorité de Régulation des Jeux en Ligne (ARJEL). Il existe désormais trois types de salles de poker en ligne :

  • les rooms officielles qui ont demandé leur licence française et ouvert un site en ".fr". Leur site en ".com" est inaccessible aux joueurs français.
  • les rooms qui n'ont pas demandé leur licence française, mais qui filtrent l'accès à leur logiciel afin d'être en conformité avec la loi.
  • les rooms illégales, qui continuent d'accueillir les joueurs français sans demander de licence.

 

Les salles de poker en ligne sollicitant la délivrance d'un agrément auprès de l'ARJEL sont contrôlées strictement et doivent s'engager à respecter un cahier des charges précis. L'État ponctionne par ailleurs 2 % des mises sur chaque pot disputé, un prélèvement qui s'ajoute à celui réalisé par la room.

2010-2018 : du marché cloisonné à la liquidité partagée

Europe du poker en ligne

Un an et demi après l'ouverture française, de nombreuses voix s'élèvent parmi les joueurs et les opérateurs pour demander des aménagements réglementaires. Les conditions du marché ne permettent pas aux rooms de dégager des profits substantiels. Assujetties à de lourdes contraintes fiscales et réglementaires, ainsi qu'à une érosion du socle global de joueurs, bon nombre d'entre elles décident rapidement de cesser leurs activités.

Ce phénomène naturel de concentration du marché fait d'abord des victimes dans les rangs des petits opérateurs (Sajoo, Winga, PokerXtrem...), mais des acteurs historiques pourtant mieux armés finissent eux aussi par rendre les armes. En juillet 2012 par exemple, c'est le groupe Iliad qui choisit de mettre un terme à l'aventure Chilipoker. Une décision motivée par des résultats financiers en berne et expliquée en ces termes par Thomas Reynaud, le directeur des finances et du développement de la maison-mère : "Ce n'est pas notre cœur de métier. Le contexte concurrentiel et fiscal propre aux jeux en ligne ne permet pas de faire émerger un nouvel acteur ni d'opérer de façon viable."

En juin 2013, c'est le groupe Partouche qui est contraint de plier bagage pour refermer le gouffre financier que constitue alors sa branche Partouche Interactive. Un épilogue justifié par une grande diversité de facteurs : les contraintes fiscales et réglementaires, bien sûr, mais aussi la volonté de se recentrer sur son cœur d'activité et de prendre ses distances avec le poker, en ligne comme en live.

En octobre 2013, la fermeture de BarrierePoker.fr ne fait que confirmer les difficultés d'adaptation rencontrées par les piliers du marché en dur. Comme son concurrent, et en dépit d'investissements financiers conséquents, le groupe Barrière tire les conséquences de l'étiolement de son pool de joueurs et de l'absence de rentabilité de son offre.

Même topo pour des petits acteurs comme Europoker en octobre 2014 (avec au passage un long feuilleton judiciaire), MyJoaPok en mai 2015, puis PKR deux mois plus tard. Dans un autre registre, la fusion d'Everest Poker avec le bateau-mère Betclic en mai 2016 contribue également à accentuer le mouvement de concentration du marché.

Mais au terme de plusieurs années de lobbying, joueurs et opérateurs finissent par obtenir gain de cause auprès des autorités. L'année 2017 marque ainsi un tournant avec l'arrivée de nouvelles variantes, mais aussi un décloisonnement partiel du marché. Dès le début de l'année 2018, les joueurs de l'Hexagone retrouvent leurs alter ego espagnols et portugais aux tables de PokerStars. PartyPoker et PMU Poker adoptent la même politique à la fin du premier semestre, à la différence près que les joueurs localisés dans d'autres pays ne sont cette fois pas les bienvenus. Winamax, très prochainement, devrait à son tour ouvrir ses tables aux passionnés ibériques.

L'avenir du poker en ligne

L'avenir du poker en ligne n'a jamais été sujet à autant d'interrogations qu'aujourd'hui. Aux États-Unis d'abord, les joueurs militent depuis plusieurs années déjà en faveur d'une régulation du marché. Rejoints dans leur combat par certains grands groupes casinotiers, ils ne sont pour l'heure pas parvenus à obtenir gain de cause sur le plan national. Le Nevada, le Delaware et le New Jersey ont en revanche pris la décision d'autoriser le poker en ligne sur leur territoire. Et l'hypothèse d'un prochain pas en avant de la Californie est aujourd'hui guettée avec des étincelles dans les yeux par toute l'industrie.

En France, la situation est tout autre mais les joueurs et opérateurs ne se trouvent pas dépourvus de défis pour autant. Les premiers sont confrontés à un intérêt croissant du fisc et du gouvernement pour les gains des joueurs professionnels. Une situation nouvelle qui n'est pas sans poser de nombreuses difficultés, en particulier au regard du caractère rétroactif pris par certaines procédures individuelles.

Quant aux opérateurs, bien que divisés, ils réclament généralement un aménagement de la fiscalité auxquels ils sont assujettis, avec une substitution de la taxation des mises à une taxation du Produit Brut des Jeux, ainsi qu'un élargissement du périmètre de la loi à d'autres secteurs d'activité comme les jeux de casino ou l'eSport.

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