MuffinMan CPiste Holothurisme : +140 % 5150 posts Posted August 30, 2014 (edited) À mes heures perdues, il m'arrive de traduire deux trois trucs. Du coup, j'me suis dit que je pourrais traduire l'excellent blog de Chuck Bass (Miikka Anttonnen en vrai mais c'est moins sexy) pour ceux qui ont du mal avec l'anglais. C'est fait rapidement (2 500 mots en 2-3 heures), du coup c'est loin d'être parfait, y'a sûrement quelques fautes d'orthographe qui trainent. Je traduirai un chapitre de temps en temps. Pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de lui, c'est un degen qui a connu des hauts, des bas et encore des bas avant de venir crush live et online (sur le .fr également). Je vous conseille fortement la lecture de son histoire, c'est un peu long mais ça vaut vraiment le coup. Chapitre un : ma jeunesse et ma première partie de poker Mes débuts quelques peu atypiques dans le poker, chapitre 1 : ma jeunesse et ma première partie de poker Source Bienvenue dans le monde de Chuck Bass. Malheureusement pour vous, je dois vous admettre que, sans surprise, ceci n’est pas le blog du personnage de Gossip Girl Chuck Bass. C’est plutôt celui du joueur de poker Chuck Bass, un des reg les plus spewy des MTT live et online. Si vous avez trouvé ce blog, c’est que vous connaissez certainement un peu mon histoire, mais je vais quand même vous résumer (en quelques dizaines de milliers de mots…) ma carrière. J’ai découvert les paris lorsque j’avais environ 10 ans. À l’époque, mon meilleur ami avait fait des paris sportifs avec son père, et lui avait pris 5$. J’avais alors pensé que le fait de gagner de l’argent en pariant sur des rencontres sportives tout en ajoutant de l’excitation à un match de football (américain ?) en pariant son argent de poche sur son équipe préférée était super. Durant mon enfance, quasiment aucune loi n’encadrait les paris en Finlande, un gamin pouvait sans problème faire des paris et jouer aux machines à sous. Je me suis mis aux paris sportifs sérieusement dès mes débuts, et entre mes 10 et 15 ans, j’ai gagné des sommes importantes pour quelqu’un de mon âge. Quand j’avais 11 ou 12 ans, j’ai remporté environ 10 000$ en pariant sur un match de foot. Avant d’atteindre 14 ans, j’avais déjà reporté trois fois des sommes de plus de 10 000$ (si l’on prend en compte l’inflation). Mes murs étaient remplis de post-it jaunes sur lesquelles j’écrivais des remarques sur quelles équipes parier. Internet n’était alors encore démocratisé en Finlande, mon seul accès internet était donc dans la bibliothèque publique. J’y restais au moins une heure chaque jour après l’école à essayer de trouver des informations récentes sur les équipes qui m’intéressaient. Je prenais avec ferveur des notes sur tout ce qui, selon moi, pouvait me donner un edge contre les bookmakers. Je pariais principalement sur le football et sur le hockey sur glace, puisqu’ils s’agissaient plus ou moins des seuls sports sur lesquels on pouvait parier avant que les sites de paris en ligne ne fassent leur apparition. J’ai commencé à m’intéresser à l’analyse des côtes lorsque j’avais 12 ans. Pendant mes premières années de parieur sportif, je décidais de mes paris un peu par hasard, en pariant sur mes équipes préférées par exemple. Je me souviens que j’avais la volonté d’analyser dès mon plus jeune page, mais je ne savais pas vraiment comment faire. Pour mon 12ème anniversaire, j’ai demandé à ma mère de m’acheter un livre écrit par un parieur professionnel connu. Je l’ai étudié minutieusement. Bien que j’étais nul en maths, j’étais capable de comprendre la plupart du livre, et j’ai changé mes stratégies. Quand j’y songe maintenant, mes paris étaient définitivement très ev- (ce qui n’est pas très surprenant pour un enfant de 12 ans), et j’ai run une tonne au dessus de l’ev. Je ne tenais aucun compte, mais je pense que j’ai gagné au moins une somme de 5 chiffres avant d’avoir 15 ans. Bien que j’étais capable d’analyser scrupuleusement des données liées aux paris sportifs et de prendre la plupart du temps des décisions intelligentes pour mes paris, j’étais catastrophique dans tous les autres jeux d’argent. Notamment les machines à sous. Oh, les machines à sous… Elles posaient, et pose toujours, un gros problème pour beaucoup d’enfants en Finlande. En gros, n’importe quel enfant de dix ans peut y jouer, puisqu’on en trouve dans les centres commerciaux, les bars et les restaurants, sans réelle surveillance. Au lycée, tout mon argent partait dans les machines à sous. J’avais réussi à devenir livreur de journal et tous mes salaires allaient directement dans les machines à sous. Dès que je gagnais des sous avec des paris sportifs, je dépensais tout mon argent dans les machines à sous, peu importe le montant. Je me souviens qu’une fois, j’ai gagné environ 10 000$ et ai tout recraché en moins d'une semaine, alors que la mise maximum était de 1$. Je séchais les cours pour rejoindre le supermarché le plus proche, dès son ouverture à 8h, pour jouer aux 5 machines, situées côte à côte, en même temps. J’étais tellement accro que rien que le fait d’y penser aujourd’hui me donne envie la gerbe. Ma famille était très pauvre, et pourtant ma mère, célibataire, me gâtait dès que je faisais quelque chose de bien. Elle savait déjà à quel point j’adorais l’argent (elle n’avait aucune idée de l’ampleur de mes paris sportifs puisque je ne disais rien à propos de mes plus gros gains, mais je parlais toujours d’expected value et d’autres termes techniques) et pensait que si elle voulait que je me concentre sur mes cours, la meilleure manière était de me payer dès que j’obtenais de bonnes notes. Ce que je faisais, dès que j’en avais la volonté. Ma mère me récompensait pour chaque bonne note. Cela me rend tellement fou de penser à tout cet argent perdu dans les machines à sous. J’estime qu’avant d’avoir 18 ans (ce qui est désormais l’âge légal pour les machines à sous et les jeux d’argent en Finlande), j’avais perdu plus de 30 000$ dans les machines à sous. Quand j’avais 16 ou 17 ans, j’ai obtenu un boulot chez McDonald’s. C’était censé être un petit boulot de nuit, mais j’ai fini par y travailler à plein temps et arrêter le lycée. Les cours m’emm**daient à l’époque. Je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire plus tard. Mon seul objectif était de voyager. J’ai pris la décision d’économiser le plus d’argent possible pour pouvoir faire le tour du monde à mes 18 ans. Un seul obstacle m’empêchait de partir : les jeux d’argent. J’étais tellement accro au jeu à ce moment là que j’avais quasiment dépassé le point de non retour. Je ne pouvais en parler à personne, ma mère m’aurait crucifiée si elle apprenait les sommes que j’avais perdues et j’avais trop honte pour me tourner vers des professionnels. J’avais essayé d’arrêter les machines à sous de nombreuses fois, mais je n’avais jamais tenu plus longtemps qu’une semaine. Je rêvais des machines à sous, j’adorais y jouer. Parmi mon cercle d’amis, j’étais le parieur héroïque qui avait toujours de l’argent et qui grindait les machines à sous. L’attention qu’il me dévouait me faisait sentir mieux à propos de moi-même. À cette période, j’étais en léger surpoids et je n’avais pas du tout confiance en moi. Je faisais ce qu’ils attendaient de moi pour obtenir leur attention. Seulement cette fois, j’étais plus sérieux que jamais. Lorsque je songeais à ce que j’avais vécu, je me dégoutais. Mon avenir était sombre. Après tout, j’étais un étudiant raté qui travaillait à McDonald’s. Malgré la situation, j’avais réussi à trouver quelque chose au fond de moi qui me rendait optimiste et qui pouvait lentement et péniblement changer ma vie. Clairement, cela n’a pas été simple. J’avais décidé de m’éloigner de tous mes amis qui jouaient à des jeux d’argent. Cela n’a pas été évident du tout, puisque bien qu’ils n’étaient que des personnes avec qui je trainais, ils étaient mes seuls amis. Cela signifiait se séparer de toute vie sociale ou presque. Je savais dès le début que je n’étais pas été assez courageux pour éviter la tentation des machines à sous si je les croisais tous les matins, du coup, je m’interdisais d’aller dans les magasins ou tous les endroits qui en contenaient. Je suis allé jusqu’à me faire attraper volontairement la main dans le sac chez le bookmaker (qui avaient lui aussi des machines à sous) le plus proche, pour qu’ils me radient de l’établissement. Pendant tout un mois, j’ai refusé de rentrer dans un magasin s’il y avait des machines à sous. J’avais également arrêté les paris sportifs, parce qu’il me paraissait meilleur de m’éloigner complètement du monde des paris. Miraculeusement, cela fonctionna. Je me suis fait plein de nouveaux amis à McDonald’s, et j’appréciais ma vie. C’est également à ce moment là que j’ai commencé à boire, les soirées m’ont définitivement aidé à oublier tout mon passé de gambleur. Mon travail me forçait à parler à des étrangers quotidiennement ce qui m’a réellement aidé à développer du charisme. C’est à peu près à cette époque que j’ai commencé à aller au gymnase pour perdre du poids, ce qui m’a définitivement aidé à séduire les filles. Les paris ne me manquaient plus. Je travaillais dur la semaine et passais mon temps à faire la fête le weekend. Bien que je n’arrivais pas à économiser autant que prévu, je vivais des moments géniaux. Juste après avoir eu 18 ans, j’ai commence à voyager. J’achetais des billets d’avion pas chers et je partais faire des séjours de 3 à 5 jours en Europe. Londres, Reykjavik, Sables d’Or (station balnéaire en Bulgarie pour les incultes), Barcelone. Rapidement, j’ai commencé à avoir ma première copine sérieuse. Cela faisait plus d’un an et demi qu’on était ensemble. Elle avait des principes très stricts, presque puritains, en ce qui concerne les jeux d’argent. Être avec elle m’aidait à ne pas jouer aux machines à sous et à ne pas parier. Lorsque nous avons rompu (principalement parce que je faisais trop la fête et parce qu’elle voulait commencer une vie familiale), j’ai décidé de partir en Australie. J’avais un ami sur place qui était en vacances et le timing était parfait. J’ai donc pris impulsivement la décision de quitter mon boulot chez McDo, de réserver un vol et de partir quelques jours plus tard. À l’origine, je comptais rester seulement quelques semaines. En tout cas, c’est ce que j’avais dit à tout le monde. Je pense cependant qu’au fond de moi, je savais que j’allais y rester un bout de temps. Ce que j’ai bien évidemment fait. En deux jours, j’étais déjà amoureux du pays des kangourous. Je suis parti une semaine en Nouvelle-Zélande pour lancer une procédure de visa (cela est impossible sur le sol du pays concerné), j’ai obtenu un visa vacances-travail et j’ai décroché un boulot dans un magasin de chocolat. La vie était belle. Sydney, pendant les préparations de la fête nationale Après 6 mois en Australie, j’avais déjà prévu d’y rester plus longtemps. Je m’étais fait de nombreux amis. Ceux qui étaient à l’université m’ont aidé à obtenir un visa étudiant. J’avais décidé de rejoindre l’université de MacQuarie à Sydney et d’étudier le cinéma. Si j’avais une passion, à part pour les jeux d’argent, c’était pour les films et l’écriture. Je voulais devenir scénariste, MacQuarie était donc l’endroit rêvé. Certains de mes amis allaient au même cours que ceux que j’allais suivre et m’en vantaient les mérites. J’appréciais les séries australienne comme Summer Heights High et The Chaser’s War on Everything. J’avais désormais un objectif dans ma vie : écrire une série, de préférence une satire politique. Bien que j’avais tout prévu, je devais encore attendre une année ou presque avant de commencer mes études à MacQuarie. Quand j’y pense maintenant, mon plan était extrêmement naïf et plein de problèmes qui m’auraient probablement empêchés d’aller à l’université dans tous les cas. Néanmoins, j’avais décidé de faire le tour de l’Australie avant d’étudier à plein temps. Grâce à des amis en commun, j’ai rencontré deux Finlandaises ( ) qui avaient entendu parlé d’un élevage à la recherche de main d’œuvre tout au Nord de l’Australie, là où les crocodiles et les bogans (sorte de beauf australien) sont monnaie courante. J’ai décidé de les accompagner, et deux semaines plus tard, nous étions dans le trou du cul de monde en train de travailler dans un élevage de crevettes. La ville la plus proche était à plus de 80 km et le village dans lequel nous étions abritait à peine 100 personnes. Nous vivions dans une caravane, moi et les deux filles. Notre roulotte faisait à peine plus de 10 mètres carrés et était remplie de fourmis et de petits lézards. Mon oreiller grouillait de fourmis lorsque j’allais dormir. Il faisait si chaud et si humide que la nourriture pourrissait en quelques heures. On se nourrissait de nouilles chinoises, puisqu’il n’y avait pas de supermarché aux alentours. C’était ça ou les crevettes. Ils nous payaient très bien, ce qui fait que nous sommes restés, si je me souviens bien, entre trois et quatre mois. On gagnait environ 20$ de l’heure, je n’avais alors jamais autant gagné. Il y avait toujours du boulot, puisque Crystal Bay Seafarm était le plus grand producteur de crevettes du pays. Nous travaillions 12 heures par jour, cinq à six jours par semaine. J’avais prévu d’économiser beaucoup d’argent pour pouvoir voyager le reste de l’année sans avoir à retravailler. Mais, par une nuit chaude de septembre, ma vie bascula. Nous avions fini le travail vers 18h, comme d’habitude. Alors que j’allais monter dans le van qui m’emmenait à la caravane, un collègue m’a proposé de participer à une soirée poker avec quelques gars. Il m’a expliqué qu’ils allaient jouer un tournoi à 20$ et qu’ils pouvaient m’apprendre les règles. Je n’avais jamais entendu parlé du Texas Hold’em. J’avais déjà joué un peu au poker fermé quand j’étais jeune, mais rien de plus. Je pensais qu’il était plus que probable que j’allais perdre les 20$, mais je m’en foutais un peu puisque je me faisais 1 000$ par semaine. De plus les weekends à l’élevage était horribles puisqu’il n’y avait rien à faire. J’acceptai sa proposition en moins d’une demi seconde. La partie avait lieu à l’extérieur du parc où étaient situées les caravanes. Je me souviens me faire bouffer par les moustiques, comme d’habitude. Huit personnes jouaient, et comme j’étais le seul qui ne connaissait pas les règles, nous avions décidé que j’allais observer le premier tournoi (qui était plutôt un Sit’n’Go). Ils m’avaient indiqué que cela durerait une heure maximum et que je pourrais participer au second. Je me souviens du premier tournoi. J’observais les visages de chacun et les changements de gestes en fonction de la force de leur main lorsqu’ils regardaient leurs cartes. Bien que je ne connaissais rien à la stratégie de jeu, j’avais une sorte d’instinct qui me disait qui était bon et qui ne l’était pas. Je me souviens avoir observé un des types, qui était un peu plus âgé que tout le monde. Il était le seul à ne pas changer l’expression de son visage. Il s’avérait qu’il gagnait toujours les tournois. Et effectivement, il gagna cette partie là. J’ai participé au tournoi d’après. J’ai posé mon billet de 20$ sur la table. C’était un billet tout neuf, puisque nous étions payés en cash tous les vendredis. Le Sit’n’Go était un winner take all. Je savais que la couleur battait la quinte et l’ensemble des combinaisons de mains, mais je n’avais aucune idée de la valeur relative des mains. Je ne savais pas qu’avoir sur le board ne suffisait pas forcément à gagner le pot. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais. Et pourtant, avec une chance incroyable, j’ai fini par gagner le tournoi. Puisqu’il s’agissait d’un winner take all, j’avais fait un profit de 140$, ce qui me paraissait énorme à l’époque. C’est le seul tournoi que j’ai joué à Seafarm. Moins d’une semaine plus tard, j’arrêtais d’y bosser. Je pensais avoir résolu le jeu, que j’étais le prodige du poker et qu’une carrière brillante de joueur pro m’attendait. J’avais compté toutes mes économies cachées dans mon oreiller. Environ 3000$. Mon patron m’avait indiqué où se trouvait le casino le plus proche. Environ 650 km au sud. Je suis resté travaillé cinq jours de plus, parce que le bus pour Townsville (la ville la plus proche) ne s’arrêtait à Seafarm qu’une fois par semaine. Après cinq jours, j’ai remercié mon patron, j’ai fait mes valises et je suis parti. Si seulement j’avais su que deux mois plus tard, je serai à la rue avec 20 000$ de dettes, je serais resté et j’aurais fait une croix sur le poker. Mon parcours fut long et chaotique, mais au final, je suis content d’avoir fait le chemin. Chapitre deux : ma découverte du poker et la fin de mon séjour en Australie Après avoir quitté l’élevage de crevettes, je me suis d’abord arrêté à Townsville. C’est une petite ville agréable et cela m’a fait plaisir de voir des gens après avoir été isolé pendant plusieurs mois. Townsville n’est pas une grande ville, mais possède quelques boites, restaurants, etc. Je me suis rendu au casino de la ville avec la ferme intention de jouer au poker, mais malheureusement il n’en proposait pas. Je n’ai pas fait grand chose à Townsville, puisqu’à part une nuit agitée dans un bar qui proposait un concours de t-shirts mouillés, les activités y sont réduites. Sans raison particulière, j’ai décidé de continuer à voyager vers le sud. Je mentionnerai juste que j’ai acheté un livre de Ben Olton à Townsville, Popcorn, mon premier de cet auteur. J’ai tout de suite adoré Ben Elton et il fait toujours partie de mes auteurs préférés. Bref, retour en Australie, où j’ai fini par prendre un avion pour rejoindre directement Brisbane, puisque qu’après avoir effectué une recherche rapide sur Google, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de casino entre Townsville et Brisbane. Brisbane est une des villes les plus peuplées d’Australie, il me semblait donc intéressant d’y rester pendant un moment. J’ai passé mes premières nuits à squatter le canapé de mon ami Elina, qui vivait à Surfer’s Paradise, à environ 50 km de Brisbane. Elle a travaillé avec moi au Maccas, en Finlande, et s’est rendue à Surfer’s Paradise pour faire des études de droit. Elina vivait dans une maison énorme avec un couple gay. Je ne me souviens pas de leur nom, mais ils me faisaient bien rire. Je me demande bien comment une Finlandaise de 19 ans s’est retrouvée à vivre avec un couple d’homosexuels de 35 ans. Leur maison était gigantesque, mais le couple était en réalité ruiné, parce qu’un d’entre eux avait dépensé 150 000 euros dans des cours sur les relations humaines. Je ne me rappelle pas exactement ce que c’était mais ça ressemblait à de la scientologie. Ils avaient également un poisson rouge suicidaire qui essayait de sauter de son aquarium tous les jours. J’ai particulièrement apprécié mon séjour à Surfer’s Paradise. J’en ai profité pour faires quelques courses bien nécessaires, notamment pour m’acheter des chaussures afin de remplacer mes vieilles qui sentaient la crevette morte et pour m’acheter mon premier livre de poker (je sais, c’est un cliché, mais oui, c’était « The Theory of Poker » de David Sklansky). Tous les soirs, je me bourrais la gueule avec Elina et ses amis. C’était génial. Malheureusement, après quelques jours, il a fallu partir, dire adieu à Elina et me rendre à Brisbane. J’ai squatté le canapé de mon ami Ailie pour ma première soirée à Brisbane. En fait, le canapé de ses parents puisqu’Ailie vivait avec ses 7 frères et sœurs dans une maison bien remplie. Elle m’avait dit qu’elle pouvait m’accueillir sans problème, qu’ils étaient habitués à recevoir des étrangers à la maison puisqu’ils faisaient partie d’un programme d’accueil d’étudiants étrangers. Je voulais y rester seulement quelques nuits, mais évidemment, cela n’a pas été le cas. Le lendemain, j’ai fait la grasse matinée et je ne me suis levé qu’en fin d’après-midi, avec un mal de tête dû aux quatre cuites des jours précédents. Je suis allé directement au casino. J’avais lu l’intégralité de The Theory of Poker, sans en rater une page, et je pensais que j’étais le meilleur. Je pensais que personne dans le casino ne pouvait me battre. Il y avait deux différentes parties, du LHE 5/10 ou 10/20 et du half pot hold’em 25/50. À ce jour, je n’ai jamais revu de partie en half pot depuis que je suis parti de Brisbane, mais en 2007 c’était leur principale variante ; il n’y avait pas du tout de NLHE. Je ne comprenais pas très bien comment le cash game fonctionnait, mais j’ai quand même pris part à la partie. J’avais amené tout ce que j’avais, c’est-à-dire entre 3000 et 4000$. Je ne suis pas sûr, mais je pense que j’avais tout amené parce que je ne voulais pas laisser d’argent chez Ailie, puisqu’ils ne fermaient pas les portes chez eux. Je ne comprenais pas comment les blindes fonctionnaient, mais pour une raison complètement stupide, j’ai échangé tout mon argent contre des jetons. Je l’ai fait sans réfléchir. J’imagine aujourd’hui que je pensais qu’il était impossible de tout perdre. Les conseils de Sklansky sur le LHE m’embrouillaient l’esprit et je pensais que les big blinds correspondaient aux big bets (1 big bet = 2BB si je ne m’abuse). Je pensais que je ne pouvais pas perdre 60 big bets d’un coup. Je m’étais dit que j’arrêterais de jouer si je perdais quelque chose comme 1000 dollars. Je me rappelle que tous les joueurs avaient des gros tapis, 15 000 dollars ou plus. Quand j’y repense, cette table était relativement sick. Il y avait une option UTG et une option au bouton, ce qui faisait que la partie était une 25/50/100/200. Je jouais comme au LHE, avec des minraises et des limps, et des mises toutes petites postflop. Sans surprise, j’ai rapidement tout perdu. Je ne m’en suis rendu compte qu’après être sortie du casino. J’étais ruiné. J’avais faim, mais je n’avais même pas de quoi m’acheter un Happy Meal. Je ne savais pas du tout ce que je devais faire. Ailie vivait à une douzaine de kilomètres et je ne pouvais pas me payer un billet de train. Il n’était pas loin de minuit. J’ai marché. Je me souviens avoir fondu en larmes sur le chemin. Tout le travail que j’avais fait pour obtenir cet argent, toutes les crevettes que j’avais décortiquées, tout était perdu. J’étais à nouveau le jeune adolescent de 14 ans qui a tout perdu aux machines à sous. J’avais le sentiment qu’une fois de plus, j’avais laissé mon addiction aux jeux d’argent prendre le dessus, même si cette fois, c’était plutôt à cause d’un mauvais jugement et de mon idiotie. Mon addiction au poker était sur le point de porter ses fruits. Photo prise pendant le spectacle du Brisbane Riverfire en 2007. Heureusement, c’était un événement gratuit, parce que je ne pouvais pas me permettre de dépenser un dollar pour un ticket. Je n’avais pas le courage de raconter à Ailie ce qui c’était passé. J’ai envoyé un email à ma mère pour lui demander de l’argent pour mes dépenses quotidiennes. J’ai inventé une histoire pour expliquer la perte de mon argent (je ne me souviens quoi exactement) puisque je ne pouvais pas lui raconter à propos du poker. Ensuite, j’ai obtenu un boulot à l’aéroport de Brisbane. Le salaire était généreux, je ne me souviens pas exactement du montant mais c’était aux alentours de 25$ par heure. Je travaillais dans un magasin de l’aéroport, le boulot était simple et agréable. Je me faisais facilement deux fois plus d’argent que lorsque je travaillais en Finlande, je vivais dans une ville incroyable et je prenais mon pied avec les Australiennes. Mais je ne me concentrais sur aucune de ces choses. J’étais énervé. Je voulais récupérer mon argent. J’ai toujours adoré la compétition. Si vous avez déjà regardé la série Friends, je suis comme Monica quand elle perd. Je ne pouvais pas supporter l’idée d’avoir perdu pendant cette stupide partie de half pot. Ma priorité était désormais d’étudier le jeu, et je passais la plupart de mon temps libre à lire des livres de poker, à lire des articles de poker en ligne (malheureusement, je ne suis pas tombé sur 2+2), et à regarder des séries sur le poker. Je me revois, dans un de mes souvenirs les plus vieux, regarder la table finale du Main Event des WSOP 2007 que Jerry Yang a gagné. Tout le monde disait qu’il était nul, mais je ne parvenais pas à comprendre pourquoi. Ce type venait de gagner le plus grand tournoi de poker du monde, il était forcément bon, non ? Je me rappelle également que je cherchais à savoir s’il y avait de bons joueurs de poker finlandais. J’ai trouvé quelques noms : Patrik Antonius, Ilari Sahamies et une étoile montante dont le pseudonyme était LarsLuzak. Personne, à l’époque, ne connaissait son identité, mais certaines rumeurs rapportaient qu’il avait à peu près mon âge et qu’il vivait à une dizaine de km de ma maison en Finlande. Quand j’ai reçu ma première paye, je suis directement allé au casino. Cette fois, j’ai choisi de jouer en 5/10 LHE. J’avais retenu la leçon de ma dernière expérience en half pot et j’avais suffisamment étudié la différence entre le limit et le pot limit pour me rendre compte que ma bankroll était trop petite pour ce genre de partie (et oui, c’était la seule limite de non limit qu’ils proposaient). Le fait d’éviter le half pot limit ne m’aidait pas forcément des masses cependant, parce que j’étais toujours un joueur médiocre, même en LHE. Par exemple, je me souviens d’une main où j’ai floppé un set avec 77 sur A72. Les mises étaient capées au flop. À la turn, un autre As tombe, et je n’ai pas réalisé que j’avais un full. Je pensais que je n’avais qu’un brelan de 7 et qu’il avait très certainement trois as. J’ai payé une seule mise. La river était une brique, il a misé et j’ai fold en montrant mes cartes et en disant « tu as eu de la chance à la turn ». Il m’a montré son AK et je me suis félicité d’avoir fait un très bon fold, puisque je pensais encore que j’aurais perdu la main. Un reg gentil est passé me dire plus tard dans la journée qu’un set et une paire sur le board me donnait un full. J’avais compris la leçon. Malgré le fait que j’étais nul, j’ai eu un run de dieu. J’ai gagné plus de 1000$ la première soirée, ce qui est complètement ridicule pour une partie de limit en 5/10 live plutôt lente, où le dealer distribue 15 mains par heure. Encore une fois, j’étais persuadé que j’étais le meilleur. J’ai quitté la maison d’Ailie après avoir squatté chez elle pendant un mois (je pense qu’ils m’auraient foutu à la porte si je n’étais pas parti) et j’ai emménagé avec une Australienne, un peu plus vieille que moi, que j’avais rencontré sur la version australienne de Craigslist. Elle vivait dans une belle maison. J’ai payé en avance le loyer de quelques semaines et j’ai passé tout mon temps à travailler et à jouer au poker. Je ne crois pas avoir fait une seule soirée positive pendant cette période. J’étudiais énormément le jeu et je commençais progressivement à m’améliorer. J’avais acheté tous les livres sur le poker que j’avais pu trouver. La plupart d’entre eux concernaient le LHE. Je suis sûr d’avoir acheté le bouquin Hold’em for Advanced Players de Sklansky. Néanmoins, j’étais toujours un joueur relativement mauvais, et, sans réelle surprise, je continuais à perdre parce que j’étais toujours, sans hésiter, le pire joueur de la table. À un moment donné, j’ai quitté mon boulot à l’aéroport. Ça s’est passé après une longue nuit à jouer au poker. J’étais resté au casino jusqu’à 5h du matin, et je devais aller au travail à 8h. J’avais voulu faire une petite sieste, et j’arrivais réussi à ne pas me réveiller. Je ne me rappelle plus pourquoi, mais j’ai pris la décision hâtive de retourner à Sydney. La plupart de mes amis y étaient, ils me manquaient, et j’avais entendu dire qu’il y avait des parties de NLHE là-bas. Il me restait environ 1500$. Du coup, j’ai simplement haussé les épaules et je n’ai jamais appelé l’aéroport. Je me suis contenté d’aller dans un cybercafé, de réserver un billet d’avion pour le lendemain, de faire mes valises et de partir, une fois de plus. C’est quand je suis arrivé à Sidney que les choses ont commencé à aller vraiment mal. C’est à ce moment là que j’ai fait découvert le poker en ligne. J’y avais déjà joué une fois ou deux, mais je n’avais jamais pris autant de plaisir que lors des parties live à Brisbane. En 2007, les parties en ligne se jouaient principalement en NLHE, alors que je m’étais spécialisé LHE avec les livres que j’avais lus. Je ne me sentais pas vraiment jouer un jeu dans lequel je n’étais pas bon. Lorsque je suis revenu à Sydney, LarsLuzak a commencé un blog sur un forum de poker finlandais. Je me souviens que lorsque j’ai découvert qu’il avait gagné une somme à 7 chiffres en jouant au NLHE, je me suis inscrit sur le forum et j’ai ouvert un thread pour demander quelles parties je devrais jouer. Tout le monde m’a répondu que le LHE ne se jouait plus. J’ai donc commencé à étudier le NLHE. Si seulement je m’étais vraiment concentré sur l’étude du jeu… J’avais un compte en banque relativement vide, mais j’étais aveuglé par l’idée de pouvoir gagner des sommes folles en jouant au NLHE. J’ai déposé tout ce qu’il me restait sur mon compte en banque sur un site en ligne et j’ai perdu. J’ai joué dans une partie en live au casino Star City à Sidney, et j’ai tout perdu. Encore une fois, je ne savais pas comment me débrouiller, puisque je n’avais plus d’argent, plus de boulot et plus de toit. J’ai squatté le canapé de mon ami Rhiannon pendant un moment. Nous avons passé quelques soirées fortes en téquila et je crois qu’une fois, j’ai essayé de l’embrasser, avant de vomir sur son tapis. Peu de temps après, je me suis réellement rendu compte de la situation. Je n’avais pas d’argent. J’ai envisagé toutes les solutions. J’ai commencé par vendre mon appareil photo et mon lecteur MP3 chez un prêteur de gages. J’ai perdu l’argent des ventes. J’ai donc décidé de contracter un prêt fast cash. Je ne sais pas si ce genre de pratique est populaire en dehors de la Finlande, mais dans mon pays, ils le sont. Vous devez payer quelque chose comme 150 % de la somme empruntée, mais vous pouvez obtenir un prêt à hauteur de 1000 $ en quelques minutes si vous envoyez un texto avec vos coordonnées bancaires. Est-ce que cela fonctionnait à l’étranger ? Évidemment, oui. Au début, je me suis dit que j’allais contracter un seul prêt de 1000$, que j’allais monter ma bankroll avec (évidemment, je pensais que j’étais un joueur gagnant et que je n’avais besoin que de quelques jours pour gagner des tonnes) et que je pourrais rembourser mon prêt. J’ai dépensé une partie de ces 1000$ pour réserver une chambre d’hôtel dans un trou paumé et je me suis rendu dans un cybercafé pour grinder. J’ai tout perdu en quelques minutes. « Bon bah, un de plus, un de moins… ». J’ai contracté un autre prêt auprès d’une société de prêt, et j’ai encore une fois tout perdu. En une dizaine de jours, j’ai contracté tous les prêts possibles, ce qui faisait que je devais plus de 20 000$. J’avais perdu une partie de cet argent en faisant des flips de 5000$ à la roulette du casino Star City. Cela faisait des années que je n’avais pas joué à des jeux ev-, mais au point où j’en étais, je m’en foutais royalement. Je n’avais plus d’argent pour m’acheter à manger, je ne pouvais plus contracter de prêt, je n’avais plus rien. J’ai emprunté 20$ à un ami, j’ai déposé mes bagages chez lui et je me suis installé dans la rue. J’aurais pu appeler mes parents et demander de l’argent, si je racontais mon histoire, au moins, ils auraient pu m’aider. Mais j’avais bien trop honte pour les contacter. Il me semble que cela se passait en novembre ou en décembre. Il faisait chaud, même la nuit, donc je pouvais dormir dehors. J’avais un parc préféré où je passais mes nuits, et bizarrement, je me souviens être heureux à regarder les étoiles avant de dormir le soir. Les étoiles sont tellement brillantes en Australie, regarder le ciel la nuit est une des choses qui me manquent le plus. La journée, j’essayais de me faire de l’argent en ramassant des bouteilles vides ou carrément en mendiant dans la rue. Je ne sais pas pourquoi pas je faisais cela, j’aurais pu demander à ma mère de me payer un billet d’avion pour revenir en Finlande. Je crois que je restais en Australie parce que j’aimais tellement ce pays. Je ne voulais pas partir, même si cela voulait dire que je devais manger des noodles crus à 0,50$ et dormir dehors. La situation s’est améliorée pendant un certain temps lorsque je suis tombé sur Kenny. J’avais déjà joué avec lui à Star City et nous avions discuté un peu. Puisqu’à l’époque, je tenais absolument à être un dieu du poker, je lui avais donné des chiffres exagérés sur mes gains, et il pensait probablement que j’étais un bon joueur. Je lui ai dit que j’étais broke et il m’a donné 200$ pour que je puisse grinder les SnG 20$ et 30$ au Pokerdome (une nouvelle poker room créé par Jeff Lisandro qui a fini par être liquidée, si je me souviens bien). Il m’a dit que je pourrai le rembourser quand je le souhaitais. Tout avait commencé par un SnG innocent. Je me suis donc dit que peut-être c’était par un SnG que cela devrait finir également. J’étais frustré par ce que je vivais et j’en voulais au poker de m’avoir fait vivre dans la rue, et même temporairement avec un drogué canadien dans sa maison, avant que je me rende compte qu’il s’agissait juste d’une maison abandonnée dans laquelle il s’était installé. À ce jour, c’est la seule fois où j’ai pensé à arrêter le poker. Dans mon esprit, le poker était rangé au même endroit que les machines à sous diaboliques, les paris sportifs et la roulette. Toutes ces choses desquelles je devais m’éloigner. Mais puisque j’avais désormais une petite bankroll pour des SnG, j’ai pensé que je pouvais tenter un dernier shot. Lorsque j’ai joué pour la première fois à Pokerdome, il m’est arrivé quelque chose. J’ai ressenti quelque chose différent. Comme si j’avais trouvé ma place, comme si jouer les SnG était ce que je devais faire. Même si je ne connaissais absolument pas les calculs d’ICM, je me suis bien débrouillé et je pense que j’étais un des seuls joueurs à dominer les parties. Je pense que c’est la première fois que je gagnais de l’argent au poker, même sur le long terme. J’ai joué mon premier tournoi multi-table peu de temps après. J’avais vendu la moitié de mes parts à Kenny pour participer au New South Wales Championchips (sacré jeu de mots, pas sûr que ça soit volontaire). Ce tournoi était également organisé par Lisandro et se tenait au nouveau Pokerdome qu’il avait tout juste ouvert. Le buy-in était de 350$. J’étais tellement excité que je n’ai pas pu dormir la veille. J’ai fini par bust vers la fin du jour 1. Ironiquement, j’ai bust de la même manière que je bust de mes tournois, même 4 ans plus tard. Il n’y avait qu’un jeune à ma table, le reste de la table était composé de vieux joueurs mauvais. J’ai monté une très grosse dynamique contre lui, à base de 3b et 4b réguliers. J’ai passé un très gros bluff contre lui dès le début de la partie, il a tank fold et j’ai montré hauteur 6. Un peu plus tard, il a fait un énorme bluff contre moi, j’ai fold et il a montré hauteur 5. Pour ma dernière main, j’ai relancé préflop, il a 3b au bouton et j’ai 4b shove. Il a call avec AK et je n’ai pas touché ma dame. Je me suis senti tellement mal. J’avais envie de chialer, de frapper des trucs, de frapper sa put**n de tête. J’ai couru vers la sortie. C’était mon tout premier walk of shame, le premier d’une longue série. C’est néanmoins le pire que j’ai vécu, même mon bust à la bulle lors du Main Event des WSOP 2010 était plus facile à digérer. Je ne pense pas en vivre un plus horrible. Soit dit en passant, le type contre qui j’avais perdu a fini par gagner le tournoi pour un gain de 20 000$. Il a ensuite proposé un heads up de 20 000$ contre Lisandro, qui lui a répondu qu’il ferait mieux d’acheter des glaces avec cet argent. Je serais curieux de savoir s’il est devenu pro, il m’avait dit qu’il avait tout juste 18 ans et que c’était son premier tournoi live. Je suis retourné au Pokerdome pour grind les SnG. Mais comme vous le savez, jouer des SnG live à 20$ avec un rake de 20 % ne permet pas de dégager un taux horaire intéressant. J’ai continué à les jouer pendant plusieurs mois, j’ai pu rembourser Kenny, et parfois je disposais d’assez d’argent pour dormir dans des auberges de jeunesse et manger correctement. Mais j’ai fini, au final, par me broke encore une fois. J’ai décidé qu’il était temps de revenir à la maison. J’ai appelé ma mère, qui était déjà au courant de mes dettes puisque sa boîte aux lettres était remplie de factures en provenance des sociétés de prêt. Elle m’a demandé de rentrer le plus tôt possible pour résoudre ce problème. Si elle avait appris ne serait-ce que la moitié de ce que j’avais vécu, elle aurait probablement pris un billet pour l’Australie et serait venu me menotter pour me foutre dans un avion le plus vite possible. Mais, vu ma situation, elle n’avait pas besoin de me supplier. Je lui ai demandé de me payer un billet d’avion pour revenir, ce qu’elle a fait. Mon avion a atterri à Helsinki, en plein milieu de l’hiver. Quand je suis parti de l’Australie, il faisait 40 degrés dehors. À Helsinki, il faisait -25 degrés, et pourtant j’étais en short. Je ne pouvais pas me payer un taxi, donc j’ai pris le bus. Les gens dans le bus me regardaient moi, avec mon short, mon t-shirt et mes tongs, comme si j’étais fou. Je m’en foutais. Je m’étais donné une mission. Rembourser mes dettes le plus tôt possible et devenir un joueur gagnant de SnG. J’étais tombé amoureux du format à Pokerdome. Malgré le fait que je n’avais pas réussir à battre les SnG là-bas (ce qui est impossible étant donné le BI faible et les 20 % de rake), j’étais persuadé que je pouvais crush online. Et effectivement, cela ne m’a pas pris longtemps pour commencer à crush. J’avais juste besoin d’aide. Chapitre trois : devenir un joueur gagnant, et transformer 120$ en 20 000$ (traduit par Inf3rno) Après mon retour dans la ville neigeuse d'Helsinki, la vie était dure. J'avais 20 ans, 20 000$ de dettes, et je n'étais pas resté en contact avec mes vieux amis comme je l'aurais dû. Ma vie avait principalement tourné autour du poker : manger, dormir, et occasionnellement me bourrer la gueule et draguer les filles australiennes. Je n'avais pas prévu de retourner à la maison, jusqu'à ce que cela deviennent subitement évident que je n'avais pas d'autre choix que de revenir pour faire le point. Quand je suis revenu, tout me semblait froid. Pas juste la température, mais aussi les gens . Après avoir passé deux ans avec les gens les plus chaleureux sur terre, me réhabituer à ces grincheux de Finlandais m'a pris du temps. Je n'avais plus beaucoup de gens à contacter, et plus d'argent. Je n'ai jamais été le type de personne à se morfondre sur soi-même et espérer un miracle, et donc, malgré avoir atteint un état de semi dépression après seulement deux jour de - pour citer Thom York - "m**dier hivernal" qu'offrait la Finlande, je décidais qu'il était temps de reprendre ma vie en main. La première étape logique était de trouver un boulot. J'ai envoyé des candidatures un peu partout, et j'ai reçu des appels d'au moins quatre entreprises différentes. Donc, je pourrais probablement avoir du travail. Bien. Je suis allé à quelques entretiens, et j'ai finalement choisi une des plus grosses chaines de station service/restaurant/cafétéria/épicerie en Finlande. Ils offraient à peu près tous le même salaire, donc j'ai choisi celui où il y avait les plus jolies filles et les collègues les plus jeunes. A cette période, j'étais complètement endetté, et je savais que tout ce que je gagnerais irait directement dans le remboursement de mes dettes, donc la seule chance que j'avais de jouer au poker avant un bon moment était les 120$ que j'avais sur mon compte poker. Il me semble que c'était sur mon compte "MansionPoker" dryyoureyes1 (NdT: sècheteslarmes1), au temps ou Mansion faisait toujours parti du réseau Ongame. Cela venait de mon dernier payement en rakeback, la seule chose qu'il me restait de mon acharnement à spew ma bankroll sur une n-ième partie ou j'étais complètement EV-. Je voulais vraiment jouer au poker, et mes derniers mois en Australie m'avait donné quelques astuces sur la manière de jouer un jeu profitable en Sit-and-Go. Je savais que si je perdais cet argent, je n'aurais plus l'occasion de redéposer. J'ai décidé de dévouer tout mon temps libre au poker, de jouer avec une bonne gestion de bankroll et d'étudier autant que possible. Durant les deniers mois, mon blog est devenu incroyablement populaire. Je n'arrive pas à me rappeler du nombre de visite qu'il à reçu durant les 3-4 mois de son existence, mais c'était dans les 6 chiffres. Dans un pays avec probablement moins de 100 000 joueurs de poker à cette époque (actuellement, le nombre se situe entre 100 000 et 200 000 à mon avis), c'était plutôt décent. Je me souvient avoir regardé sur tous les autres blogs, qui avaient quelque chose comme 1500 visites. Je me suis demandé "c'est quoi ce bordel ?", vu que tout cela n'était certainement pas prévu. Avec mon blog, tout a fonctionné dès le départ. Je peux dire sans aucunes exagérations, que c'est en grande partie grâce à mon blog que je suis là ou j'en suis aujourd'hui. Tout cela a été une suite d'événements tellement ridicule, c'est plutôt marrant la façon dont tout cela a tourné quand j'y repense. Sans mon blog, je ne me serais pas retrouvé plus bas que terre, comme vous pourrez le lire dans la partie sur les series, mais sans lui je n'aurais aussi jamais appris les choses que je devais apprendre pour devenir à la fois un bon joueur de poker et une bonne personne. Je n'avais même pas prévu de commencer un blog. Je me souviens avoir perdu ma roll au Star City (NdT : casino australien) pour la 5e fois, utilisant mes derniers billets pour acheter 1 heure de connexion internet dans un cybercafé. Je me suis connecté à Pokerisivut.com, qui était l'un des deux plus gros forums de poker en Finlande à cette époque. J'ai atterri là car c'était le premier résultat que Google m'avait donné lorsque que j'ai tapé l'équivalent du mot "poker" en finlandais. J'ai remarqué qu'il y avait une section "blog utilisateur", et j'ai décidé d'en créer un par hasard. J'écrivais sur mes habitudes de perdre d'énormes sommes d'argent en jouant au poker (en 2007, perdre 1000$ était considéré comme énorme). J'ai juste dit aux lecteurs que j'étais quelque part dans l'hémisphère sud, en refusant au début de dire où exactement. J'ai écrit sur les voyages que j'avais faits quand j'étais en Australie, ainsi que mon voyage sur certaines îles dans l'océan pacifique (j'en écrirais plus à ce sujet plus tard, en gros, j'ai visité certains des endroit les plus reculés qu'on puisse trouver sur terre. J'ai rencontré des gens qui n'avait jamais entendu parler d'électricité. J'ai donné à un enfant une barre de chocolat et il ne savait pas quoi faire avec. J'ai fait un geste pointant sa bouche, et il a essayé de la manger sans retirer l'emballage, etc). J'ai écrit à propos des femmes, et de mon ancienne addiction aux jeux d'argent. En fait, ça s'appelait "The Poker Diary Of A Gambling Addict" (NdT : Le journal de poker d'un accro aux jeux d'argent). Cela a pris quelques jours pour qu'il soit remarqué. C'est devenu un phénomène en quelques semaines. L'un des meilleurs acteur de Finlande, qui était aussi dans le poker, l'a lu et a fait un commentaire encouragent alors que le blog était encore récent. J'avais plein de ses films, et maintenant il est en train de lire mon blog ? C'est fou. Plusieurs des meilleurs pros finlandais, tel que Ville "Isokala" Wahlbeck et Ilari "Ziigmund" Sahamies l'ont lu et m'ont dit qu'ils l'avaient aimé. Ce n'était même pas intentionnel, mais en quelque sorte le mixte entre le mystère et mon style de vie en ont fait un aimant à visiteur. J'étais quelqu'un de très réservé a l'époque, et je voulais m'assurer qu'aucun de mes amis ou de ma mère le trouverais. J'ai même menti sur certains faits sans intérêt juste pour être sur que personne ne réaliserait que c'était moi, par exemple, J'ai écrit que j'étais né en 1987 (en vrai 1986), et que je vivais à Brisbane au lieu de Sydney. Je ne m'en veux pas pour tout ça, même maintenant, comme ce n'était qu'une manière de me protéger moi et ma famille. Je n'ai jamais menti sur les choses significatives, ou sur n'importe quoi qui aurait changé la perception des gens à mon égard. Donc, le blog est devenu vraiment populaire. Si le moi de 2011 pouvait retourner en 2008, une des choses (en plus de toutes les autres chose que je changerais, comme commencer à étudier les mtt immédiatement, et d'essayer d'une façon ou d'une autre de me rapprocher de ma petite amie actuelle, qui aurait 15 ans à cette époque) que je ferais serait d'essayer de gagner un petit quelque chose avec mon blog. Au fond, tous les sites de poker finlandais de l'époque auraient été fous de le refuser, vu que le poker était un business en pleine expansion et que j'étais le plus lu de tous les blogueurs. Bref, retour à mon histoire. J'ai donc commencé en travaillant à la station service (ou en fait dans sa partie cafétéria) presque immédiatement. Sur l'une de mes premières équipes, j'ai entendu deux collègues discutant de mon blog. Bien sûr, il ne savait pas que c'était moi. J'avais juste écrit que j''étais retourné en Finlande, et que je travaillais dans une station service. Ils ont dit quelque chose dans le genre "Comment ça aurait été cool s'il avait travaillé ici !", et j'ai souri. Pendant une minute, j'ai envisagé de leur révéler mon identité. J'ai décidé de ne rien dire. A cette époque, il y avait beaucoup de rumeurs sur l'éventualité que la plupart des choses que j'avais écrites n'était pas vraies. Je voulais leur prouver, mais je ne savais pas comment, parce que j'étais extrêmement préoccupé par le fait que les gens puissent découvrir ma véritable identité. Cela reste difficile de prouver quoi que ce soit tout en restant incognito. Pokerisivut organisait une fête annuelle pour ses clients au début de l'hiver, et j'y étais également invité. Ils m'ont envoyé un email, indiquant que je pouvais venir incognito. Personne n'avait besoin de savoir qui j'étais. Cela me semblait comme une occasion parfaite de remettre quelques pendules à l'heure. Je ne voulais toujours pas que quiconque connaisse mon nom, mais pour faire taire les rumeurs, j'ai dit sur mon blog que j'irais à la fête, et j'en ai parlé avec quelques personnes sélectionnées au préalable sans leur révéler mon nom. Je viendrais tout simplement et je me montrerai, donc il sera plus facile pour les gens de croire au fait que j'existe vraiment. La nuit de la fête, je suis tombé extrêmement malade. Bien sûr, personne n'y a cru lorsque je l'ai écrit (NdT : sur son blog), mais c'était vrai. J'ai lutté jusqu'à la dernière minute, en m'enfilant une tonne d'analgésiques, parce que je voulais vraiment y aller. J'avais le sentiment que quelque chose de bien pourrait arriver, peut-être quelques offres d'emploi dans l'écriture quelque part. Il y avait quelques magasines de poker finlandais présents, Et j'ai pensé que peut-être l'un d'eux serait intéressé par mes écris. Ecrire a toujours été mon job de rêve, et, en parallèle du poker, je voulais faire carrière là-dedans. Je savais que ça serait une de mes meilleurs chances de rencontrer des gens de cette industrie, qui adoreraient déjà mon blog. Donc, malgré le fait que j'avais 39,8° de fièvre, j'ai mis ma plus belle tenue de soirée, et j'étais prêt a partir. Au moment où j'ai failli m'évanouir dans les escaliers vers la sortie, j'ai su que je ne pourrais pas y aller. C'était vraiment dommage, mais je n'y pouvais rien. A cette époque, il y avait un autre blog populaire sur Pokerisivut, écrit par quelqu'un qui se surnommait "Fungahz". C'était aussi un posteur régulier sur 2+2, mais j'ai oublié le pseudo qu'il utilisait dessus. C'était un énorme grinder de sit and go, et il gagnait des sommes complètement folles. Je pense qu'il grindait les parties juteuses d'Ongame, quelque chose comme 25 tables en simultanées, et dominait les tables de sit and go avec un ROI de 15%. Chaque mois, il faisait des gains à 5 chiffres les mois, semblant ne subir aucune variance, et occupant le top des classements Sharkscope. Je savais que je devais prendre contact avec ce gars. J'ai commencé à poster sur son blog, demandant des conseils sur des mains, pendant que j'essayais de faire quelque chose de ma bankroll de 120$. Je n'oublierai jamais le moment où il ne me restait plus que 80$, et que je suis parti à tapis avec top paire, deuxième kicker dans le premier niveau d'un sit and go à 5$, et que j'ai perdu. J'ai posté la main, il m'a dit que je jouais trop loose, que je devrais simplement attendre que les autres personnes bust et jouer seulement les mains premiums jusqu'au moment de la bulle. Leçon apprise. Je lui ai demandé son msn, qu'il m'a donné. On a commencé à discuter régulièrement. Il ne m'a jamais coaché, mais il m'a beaucoup aidé sur des petits détails. Je pense que je l'ai regardé jouer une ou deux fois, et juste après j'ai essayé d'imiter son jeu autant que je pouvais. Je n'avais compris aucun des calculs difficiles dont il m'avait parlés, mais j'ai rapidement eu le sentiment de comprendre comment tout cela fonctionnait. Je hais l'admettre, mais je ne sais toujours pas comment faire la plupart des calculs importants sur les mathématiques du poker, sur le papier, mais j'arrive presque toujours à trouver les bonnes réponses dans ma tête. Après environ une semaine à suivre Fungahz, j'ai commencé à battre mes propres parties. J'ai miraculeusement évité de me broke, comme j'étais descendu à mon plus bas niveau à environ 20$. Je me demande parfois à quelle point ma vie aurait été différente si j'avais perdu ces derniers 20$. Je n'aurais pas pu déposer pendant des mois, donc je serais peut-être passé à autre chose et j 'aurais oublié le poker (bon, probablement pas). Pendant les 3 mois suivants environ, j'ai passé tout mon temps libre à grinder, et je travaillais 40 heures par semaine à la station service. Au final, j'ai réussi à récupérer les 20 000$ que je devais en grindant. Je me rappelle quand je regardais mon premier graphique Sharkscope, j'étais tellement fier de moi. C'était mon premier vrai accomplissement. Je l'ai encore. Il montre juste les profits réels des parties, à cette époque j'avais un bon rakeback (ha 2007, ce que tu me manques), et la plupart des profits provenaient de là. De plus, je crushais ma limite, avec un ROI plutôt pas mal pour des SNG 1 table. Mon premier graphique SNG. Cela me remplit encore de joie ! (édit : je sais pas, c'est peut-être mélangé avec quelques SnG HU, mais c'est sûr que c'est quasiment que des SnG fullring 1 table). En Avril, si je me souviens bien, j'avais payé mes dettes. J'avais aussi commencé à fréquenter une fille finlandaise, j'avais une tonne de nouveaux amis venant de mon lieu de travail, et je sentais que ma vie était parfaitement équilibrée. Mon blog continuait à devenir de plus en plus populaire, et il atteignit les 500 000 clics après six mois environ. Je n'avais toujours pas donné mon vrai nom aux gens, et le mystère ne cessait de grandir. J'étais à Helsinki depuis des mois, mais personne ne m'avait encore revu. J'avais tellement d'histoires grâce à mes années de baroudeur, que j'ai continué à alimenter la saga en postant des histoires de temps en temps lorsque que je me remémorais certaines de mes aventures pendant cette sacrée époque. L'attention et les applaudissements que j'ai reçus pour mon blog commençaient à me transformer en quelque chose que je n'étais pas, et le processus avait déjà commencé. Je ne le savais pas encore, et cela m'aura pris deux ans de plus pour réaliser ce que le blog avait finalement fait de moi. A cette époque, je pensais que les mauvais moments seraient derrière moi, et que je pourrais continuer à écrire le plus lu de tous les blogs de poker en Finlande, gagnant un revenu régulier de quelques milliers par mois en jouant des SnG, et en travaillant à coté pour me bâtir une belle vie. Cela aurait facilement pu se produire, si seulement je n'avais pas tout fait foiré. Chapitre quatre : des SnG au HU et passer pro L’hiver, froid et sombre, touchait à sa fin. C’était le printemps. J’ai reçu pour la première fois un salaire qui n’allait pas servir à rembourser mes dettes. J’avais une bankroll de quelques milliers de dollars sur une room. De l’argent qui était le mien et que je ne devais pas redonner à quelqu’un. Je voulais atteindre une bankroll de 30 000$ avant la fin de l’année, et, à voir mes résultats, cela paraissait être un objectif réalisable. J’avais construit une relation durable avec ma copine et la vie de célibataire ne me manquait pas trop. Nous nous sommes rencontrés au travail. Elle y travaillait à mi-temps. Nous ne nous voyions pas trop souvent au boulot, ce qui était une bonne chose. Nous nous sommes mis ensemble après avoir pris un verre après une nuit de travail. On essayait de garder notre relation discrète, même si la plupart de nos collègues étaient au courant. Elle savait que je jouais au poker et m’encourageait dans ma passion. Elle était suffisamment intelligente pour comprendre qu’il ne s’agissait pas de simples paris, qu’il était possible de se faire de l’argent en surpassant les joueurs. Je vivais une vie heureuse. Je m’assurais toujours de grind le plus possible du vendredi ou dimanche, comme je le fais aujourd’hui pour les MTT, puisque les fields étaient particulièrement soft. Je me souviens d’une certaine nuit d’avril, où je grindais depuis des heures des SnG, comme toujours. C’était un samedi. Ce samedi-là, j’ai perdu, perdu et re-perdu. Jamais je n’avais vécu un tel downswing. Je dois vous avouer qu’à ce moment là, mes notions en ce qui concerne la variance étaient plutôt vagues. Parmi les 100 SnG que j’ai joués ce jour-là, j’ai fini ITM deux fois, ce qui m’a paru être une période de malchance impossible. Jamais je n’avais vraiment tilté dans ma carrière de joueur de SnG, mais là, j’étais définitivement en tilt. Et lorsqu’un ancien accro aux jeux d’argent tilt, cela peut s’avérer dangereux. Je n’avais quasiment jamais joué en cash game, en tout cas, je n’avais jamais gagné en jouant au cash game, si ce n’est la nuit où j’ai joué à Brisbane. Je n’avais certainement jamais joué profitablement à une table de cash game. Et je n’avais jamais joué la moindre main en heads up. En fait, je pense que je n’avais jamais joué une seule main de SH non plus. Je sais que cela peut paraître étrange, mais en 2008, il n’y avait en gros qu’un seul site de coaching (CardRunners) qui venait tout juste d’être créé, et les tables de FR étaient toujours celles qui tournaient le plus. La transition vers le SH avait commencé, et le FR commençait lentement à voir son trafic diminuer, mais il n’y avait quasiment aucune ressource qui permettait de travailler son jeu en SH ou HU. Il paraissait donc normal de ne jamais avoir essayé ces formats. Quelques jours avant, j’étais tombé sur le blog d’une personne qui jouait uniquement en HU. J’aimerais me rappeler de son nom, mais j’ai complètement oublié. Je suis quasiment sûr que cette personne ne joue plus, ou en tout cas qu’il n’a jamais percé dans le milieu. A l’époque, néanmoins, il était relativement célèbre dans la communauté finlandaise des joueurs de HU midstakes. Il avait des résultats impressionnants, et je me souviens avoir lu quelques unes des HH qu’il avait postées. Je trouvais qu’il jouait comme un fou. Relancer 86s preflop ? 3b une poubelle ? Tout mettre 100bb deep avec une top pair ? C’était de la folie ! J’avais pensé que le monde du HU était intéressant, et je m’étais dit qu’un de ces jours, je devrais étudier ce format et peut être m’entrainer aux micro limites. Cette nuit-là, lorsque j’étais en plein tilt de mutant, j’ai tout oublié sur mes règles. J’ai oublié le BRM et les shots. J’avais passé beaucoup de temps à devenir un grinder solide, surtout d’un point de vue psychologique, puisque mes analyses après chaque cagoule avait démontré que j’avais tout perdu parce que : a) Je n’étais pas capable de me contrôler et b) Je jouais à des limites que je ne pouvais pas battre. Je m’étais fait un post it, collé sur mon bureau, qui disait : « Quand tu prends un bad beat, respire. Rappelle toi ce qui s’est passé en 2007. Tu ne veux pas revivre la même chose. Ne fais rien de stupide » J’étais tellement tilté à propos de ma perte de 100 BI que j’ai jeté le post-it à la poubelle. Je me suis dit « ça me fait chi** » (f*ck this) et j’ai commencé à chercher des tables de CG dans le lobby. J’ai ouvert une table de 1/2 HU, alors que je ne savais pas du tout comment jouer en CG HU. Je ne me souviens pas des mains, mais j’ai perdu 40$ assez rapidement. Avant cette session, j’avais $3000 sur mon compte, moins les $2000 que j’avais perdus lors de mon bad run en SnG. Il ne me restait que 600$. Il ne me restait plus rien sur mon compte. J’allais devoir attendre jusqu’au prochain jour de paye si je devais déposer à nouveau, et si c’était le cas, ça serait encore moins que les 600$ qu’il me restait. Mais je me foutais de tout ça. L’injustice de ce jeu m’avais rendu furieux. Je ne disais que c’était« trop injuste ». J’ai quitté la table de 1/2 et j’ai ouvert une 3/6. Je me souviens du pseudo du joueur. C’était J. Braddock. C’était un reg d’Ongame de ces limites, ce qu’évidemment je ne savais pas à l’époque. Si je l’avais su, j’aurais encore plus voulu jouer contre lui. Une partie de moi souhaitait perdre. C’est un sentiment contre lequel je me suis battu de nombreuses fois durant ma carrière. C’est presque pervers. Tu joues le mieux possible pour gagner, tu passes des heures et des heures à étudier et à t’améliorer. Tu ajustes ton jeu à un tel point qu’il devient presque trop parfait. Cependant, tu veux toujours finir broke, parce que ne plus avoir de BR signifie que tu es libre. Ne plus avoir de BR insinue que tu n’éprouveras plus jamais aucun des sentiments négatifs liés au poker, parce que tu ne peux plus jouer. Tu es libre de faire ce que tu veux, tu ne dois plus affronter les montées d’adrénaline, ton cœur qui bat de plus en plus vite et la déception lorsque tu te fais suckout river. Tu n’es plus obligé de vérifier ta bankroll 10 fois par session, tu n’es plus stressé. Tu n’es plus obligé de poster des mains sur les forums, de vérifier si un push est profitable sur SNGWiz. Tu es libre, parce que tu n’es plus pris dans l’engrenage. La seule manière de ne plus jouer au poker, c’est d’être broke. C’était la première fois dans ma carrière de joueur que bizarrement, je souhaitais perdre. Je voulais tuer le joueur en moi, ou au moins prendre une pause. Évidemment, je ne me rendais pas compte de cela. Je ne l’ai compris que plus tard, après avoir accepté la manière dont mon esprit fonctionnait. Il m’a fallu un certain moment avant d’en arriver là. Cette notion explique de nombreuses choses débiles que j’ai faites durant mes premières années, avant d’apprendre à jouer les MTT et de trouver le format qui me rend heureux et sain. J’ai spew de nombreuses BR, pas parce que je voulais monter trop rapidement et parce que je voulais« get rich or die trying », mais parce que je n’étais pas encore prêt pour tout ça et voulais me libérer. Je n’avais qu’une idée en tête pendant mon match contre J.Braddock. Je voulais récupérer mon argent. Je voulais que mon compte indique 3000$ à nouveau, pour pouvoir arrêter de jouer et dormir. J’oublierais alors tout à propos de cet écart de conduite, à propos du Heads Up en général, et je retournerais grinder les SnG. Quelque part, dans mon esprit, je souhaitais également tout perdre, je ne pouvais donc que me retrouver gagnant. Je n’étais pas du tout excité ou stressé. J’étais curieux de voir ce qui allait se passer. J’ai payé la grosse blind. Lors d’une des premières mains, j’ai payé un 3b avec (oui, à l’époque, je ne m’étais pas rendu compte que payer des gros 3b 100bb effectif avec des suited connectors n’était pas la meilleure idée du monde). J’ai floppé une suite alors qu’il avait une overpaire et j’ai doublé mon tapis. J’avais 1200$. Un peu plus tard, j’ai gagné un coinflip JJ>AK. Quelques minutes plus tard, j’ai payé un 3b avec 22 et j’ai floppé un set. J’ai tout mis contre sa top paire, et j’ai gagné. Juste après, j’ai trouvé une flush contre ses deux paires. En moins de 20 minutes, j’avais plus que ce que j’avais au début de la soirée. Pour ceux qui lisent depuis le début les superbes traductions de Muffinman, ce qui suit ne va pas vous surprendre. Après avoir quitté la table et hit and run, je pensais que j’étais le meilleur joueur de HU du monde. J’avais gagne 2600$ en très peu de temps. En 20 minutes, je m’étais fait plus qu’en un mois de SnG. Je pensais que j’étais un génie. Je pensais que je pouvais me faire des centaines de milliers, non, des millions, avant la fin de l’année. Je me suis endormi tout heureux, et la première chose à laquelle j’ai pensé, en me réveillant, était que je voulais jouer en heads up. J’avais attrapé le virus. C’était une variante pleine d’action, palpitante, qui me donnait une joie de vivre que les SnG ne m’avaient jamais donné. Je n’en avais plus rien à foutre des SnG, je voulais devenir le meilleur joueur du monde en HU. Rien d’autre ne pouvait me satisfaire. Même si, à cette époque, j’étais toujours un attardé mental, je m’étais rendu compte qu’il fallait que je travaille mon jeu pour devenir meilleur. Je pensais que j’avais de très bonnes bases puisque j’avais crush J.Braddrock (grâce à un run de jésus et tous les coolers que je lui avais foutu tout au long de notre match, mais ça, je ne l’avais pas encore réalisé), mais je pensais aussi qu’il était possible que j’apprenne un ou deux trucs. Je n’avais pas la moindre idée des sizings que je devais utiliser. Je ne savais pas quel était le montant standard d’un raise au bouton, ou quelles mains je devais jouer. J’ai pris un abonnement à CardRunners et j’ai regardé ma première vidéo de poker. Je ne connaissais pas du tout le concept des vidéos de coaching, je ne savais même pas comment elles fonctionnaient. Je ne connaissais aucun des pros, mais j’avais lu sur le blog du type qui jouait en HU que CardRunners avait de bonnes vidéos. J’ai choisi une vidéo de Taylor « Green Plastic » Caby, qui était un des plus grands noms dans le CG online à ce moment là. Il avait plus de 20 vidéos et j’ai choisi celle qui s’intitulait « Taylor sweats Ezmogee » (qui travaillait pour CardRunners, et qui, sacrée coïncidence, m’offrira trois ans plus tard d’acheter toutes mes parts des WSOP). Le concept de la vidéo était d’apprendre à un débutant le heads up. Cela semblait parfait, donc j’ai commencé à regarder. Pendant que je regardais la vidéo, énormément de choses ont fait tilt. Je crois que, pour une raison quelconque, je suis naturellement très bon pour copier instantanément le style de quelqu’un. C’est quelque chose que je continue à faire de temps en temps lorsque je regarde une vidéo. Je choisis un coach, je copie son style et je joue exactement de la même manière la session d’après, juste pour voir si cela me convient ou pas et j’adapte certains éléments à mon propre jeu. J’ai passé exactement 45 minutes à regarder la vidéo de Taylor et d’Ezra, 45 minutes qui m’ont suffit à me sentir prêt à rejouer en HU. Cette fois, cependant, je partais avec une approche plus professionnelle. Je m’étais promis de toujours jouer avec 20 BI et de commencer en NL100. A l’époque, selon la plupart des articles, un BRM de 20 BI suffisait pour le CG, mais cela ne s’appliquait qu’au FR, je ne savais pas du tout qu’il fallait plus de BI pour le SH et encore plus pour le HU. Je me suis assis sur deux tables de NL100 en attendant mes adversaires. Je n’avais toujours quasiment aucune connaissance théorique, mais j’avais en tête une bonne stratégie de jeu tirée de la vidéo de Taylor Caby. Je jouais sous le nom de salty_water, mon pseudo sur Whitebet. J’avais choisi ce pseudo d’après une chanson de British Sea Power. Quand j’y pense, quasiment tous mes pseudos viennent de chansons : l31f3r1ks0n, qui rappelle la chanson Leif Erikson d’Interpol. Cannotletgo vient de la chanson de Royksopp qui répète ces mots. BoysDontCRAI vient évidemment de la chanson de The Cure, et shmshmshmSHIMSHIMMYY fait référence au clip Rabbit in your Headlights de U.N.K.L.E (d’ailleurs, je vous recommande fortement de le regarder, c’est un chef d’œuvre) Rapidement, quelqu’un a rejoint ma table. Je l’ai défoncé. J’ai également défoncé l’adversaire d’après. J’ai gagné 1200$ lors de ma première soirée en NL100. Les parties étaient très soft. Le niveau d’Ongame en 2008 était probablement similaire à celui de PartyPoker en 2005. Les joueurs vous offraient directement leur argent. Bien que j’étais, quand j’y pense maintenant, plutôt mauvais, je battais quasiment tout le monde sur le site. Je me souviens de deux regs qui jouaient les mêmes parties : Adrenoah et Akujoe. Ils ont tous les deux biens réussis et jouent désormais à des limites très hautes tout en ayant des grosses bankrolls. Ils étaient probablement bien plus fort que moi, mais j’ai run comme jesus contre eux aussi, et je crois que je suis toujours up contre eux. Je n’ai aucun graph pour prouver tout ça par contre, parce que j’avais pas entendu parlé de Poker Tracker à l’époque, et Hold’em Manager était toujours en beta testing. Ce printemps-là, j’ai grindé limite après limite. En environ un mois, je suis passé de 3k$ à 20k$. Je suis passé de la NL100 à la NL400 en quelques jours. J’ai grindé la NL400 et la NL600 pendant un mois. Je gagnais quasiment tous les jours. Je n’avais pas le temps de jouer beaucoup parce que j’avais toujours un travail à temps plein et une copine. Je travaillais de nuit, je me souviens encore de ma journée type. Réveil à 18h. Petit déjeuner. Ouverture du soft, session de 3h avec pour objectif de partir pour le boulot à 22h. Se rendre compte qu’il est 22h30 et que les tables sont toujours ouvertes. Courir jusqu’à l’arrêt de bus, l’avoir de justesse, histoire d’arriver au boulot pile poil à l’heure. Travailler jusqu’à 7h. Revenir à la maison, jouer pendant 3h, s’endormir devant l’ordi. Se réveiller à 18h. Répéter. Je pensais que j’étais bon. Je postais sur mon blog certains résultats, et tout le monde me félicitait. Les gens me disaient que j’allais devenir la nouvelle star finlandaise. Je gagnais réellement un montant à 4 chiffres quasiment tous les soirs où je jouais. Je suis devenu de plus en plus prétentieux et un mois après le début de mon parcours en heads up j’ai commencé à reverse table select. Je me levais de la table contre les personnes trop mauvaises. Les randoms fish d’Ongame des soirées de weekend tenaient absolument à me donner de l’argent, et je refusais de le prendre. Dès que quelqu’un limpait son bouton, je me levais. Je l’insultais dans le chat et lui disait que je ne veux pas de son argent, que je voulais jouer contre des vrais joueurs. Relativement marrant quand on pense que de nos jours, les tables sont remplies de bumhunters qui ne veulent jouer que contre des gens qui limp leur premier bouton. En gros, je ne jouais que les meilleurs regs. C’est à ce moment là que j’ai lu pour la première fois 2+2. J’ai créé un compte (je ne me souviens plus de mon pseudo, j’utilise un autre compte désormais) pour déterminer qui étaient les meilleurs regs. J’aimerais tellement retrouvé ce post. Je suis allé directement sur le forum des mid stakes et j’ai commencé un thread (ou j’ai écrit sur le thread de quelqu’un) pour savoir qui étaient les meilleurs regs du réseau. J’ai ensuite joué ces joueurs, et je les pratiquement tous battus. Évidemment, c’était juste du good run. Je ne pense pas avoir joué plus de 30 000 mains pendant cette période. Enfin je ne suis pas sûr, puisque je n’avais pas de tracker. Ça me fait rire rien que de penser que pendant un moment, j’ai crush presque tous les regs des mid stakes d’un réseau sans rien comprendre au jeu. Je ne savais pas du tout comment exploiter des joueurs, ce qu’était la théorie des jeux ou comment les ranges fonctionnaient. Je n’avais même jamais entendu parler du mot « range ». Je cliquais sur des boutons, et je regardais une vidéo de Taylor Caby de temps en temps. Je me souviens que je touchais un set quelque chose comme 40 % du temps lorsque je payais un 3b avec une pp, je pensais que tout le monde était tellement stupide de go broke avec une OVP encore et encore. À peu près au même moment, j’ai eu une nouvelle patronne au boulot. C’était une vraie sal*pe, elle m’a tout de suite détestée. J’aimais mon environnement de travail parce que mes collègues étaient supers. Mais mon nouveau boss a tout gâché. Elle rendait mon travail si horrible qu’une nuit, après avoir gagné 5k$ et avoir été réprimandé par mon boss une fois de plus, j’ai décidé comme ça de démissionner. C’était une décision impromptue. Je me souviens qu’elle a dit que j’étais stupide d’avoir mal fait quelque chose qui n’était pas important, et dans le feu de l’action je lui ai dit que c’était une pute et que je démissionnais. Grâce à mon choix de vocabulaire, je n’ai pas eu besoin de la prévenir deux semaines avant. J’ai souri et je suis parti, en sachant que je me ferais bien plus d’argent en jouant au poker. Après tout, je m’étais fait 20k$ en un mois en ne jouant que 4-5h par jour. Combien est-ce que j’allais me faire en jouant à plein temps ? Chapitre cinq : un tour de montagnes russes, et le bet sur le défrocage de Patrick Antonius (traduit par WoodyWeetos) Le mois de Mai arriva. En Finlande, le 1er mai, nous avons quelque chose qui pourrait être décrit comme notre Fête nationale de la beuverie. J’ai eu une énorme gueule de bois le 2 mai, comme à peu près tout le monde ici. Je suis allé au McDonald’s le plus proche, j’ai fait la queue pendant 30 minutes pour commander un menu hangover. Après avoir fini mon burger je n’avais rien à faire, je me suis donc décider à grind. J’avais un petit peu plus de 20k$ de bankroll online. Je n’avais jamais rencontré un jour de perte jusqu’à présent (ndrl : en cash game HU), et toujours aveuglé par ma fausse hypothèse qu’un bankroll management de 20 buy-in était standard, je tentais mon premier shot à une 5/10. En fait je ne peux pas vraiment le décrire comme un shot puisque pour moi il s’agissait de la prochaine étape logique de mon ascension. Je pensais que crush la 5/10 serait aussi facile que crush la 2/4 et la 3/6. J’ai défié un reg suédois. J’ai perdu mon premier buy-in après un violent bad beat où ma flush s’est faite craquée par son runner runner full. Je ne me souviens pas de la façon dont j’ai perdu mes quelques buy-in suivant. Tout est arrivé assez vite. A chaque fois que j’essayais de value bet thin, il me relançait me forçant à fold. A chaque fois que j’avais les nuts, il se couchait. Et bien sûr à chaque fois que j’ai tenté de bluff, il m’a snapp-call. Il m’a totalement own, et il a aussi gagné tous les flips. Sans l’aide du deck, je lui ai rapidement lâché 10k$. Encore un peu étourdi à cause de la nuit précédente, j’ai à peine remarqué la somme que j’étais en train de perdre. Mon jugement a toujours été faible, mais en cette nuit il était encore plus faible que d’habitude. La perte de 10 buy-in contre ce type a bien entendu heurté violemment mon ego. Je pensais être invincible après tout, alors perdre contre quelqu’un était horrible. Je lui ai demandé de jouer à une plus grosse limite, on est donc passé sur une 10/20. Cela ne m’a pas pris longtemps pour perdre le reste de ma roll. J’ai quasiment tout perdu contre lui en ayant également un run dégeulasse en 10/20. Il ne me restait alors plus que quelques k$ sur ma roll. Il m’a hit and run quand il ne me restait plus 4k$. J’étais énervé et je voulais juste me débarrasser du reste de ma roll, malgré le fait que cette somme qui me restait représentait à peu près 80% de mes revenus nets, et j’ai donc cherché un moyen pour m’exécuter. Je me suis installé sur une 25/50, mais pour une raison qui m’échappe, tout le monde a alors refusé de me jouer. Je me suis promené dans le lobby de la room. Si personne voulait me donner de l’action en high stakes quelle serait le moyen le plus facile pour perdre mes 4 derniers K$ restant ou alors revenir au 20K$ de départ ? C’est comme ça que j’ai découvert le casino en ligne. J’ai fait quelques roulette flips à 1K$, j’ai pas touché et c’en était fini de ma roll. De rien, Whitebet casino. Note à part, j’ai su plus tard que le joueur contre qui j’ai perdu avait été impliqué dans un scandale de superuser account. Il connaissait des gens des hautes sphères du réseau Ongame, et pouvait leur faire faire à peu près ce qu’il voulait. Beaucoup de regs prétendaient avoir été trompé par lui de plusieurs façons différentes. Je ne me suis jamais penché sur ma partie contre lui, mais même si j’avais été amené à le découvrir j’aurai quand même pensé avoir perdu d’une façon équitable. Ça a juste quelque chose de marrant de voir que ma première grosse perte en cash game HU s’est faite contre un tricheur reconnu. Vis et apprends (Ndrl : Live and Learn). Les jours qui ont suivis ont été difficiles. La première chose dont je me souviens est ce sentiment confus, un mélange de paralysie et de liberté. J’avais perdu 20k$, quasiment le montant des salaires de ma mère en un an, en moins d’une heure comme un degen (Ndrl : « degening it up » dans le texte original). Mais je savais aussi que j’étais libéré du stress, et ce n’était pas plus mal dans un premier temps. Je pensais pouvoir battre facilement et rapidement toutes les limites de nouveau avec mon prochain dépôt. Je pensais pouvoir être de retour à cette limite en peu de temps. Cependant je n’avais plus de travail, et je ne savais pas comment j’allais donc faire pour pouvoir déposer de nouveau. J’ai ensuite ressenti de la culpabilité. Je me sentais mal à cause de mon historique pas très glorieux (Ndrl : référence aux crédits contractés en Australie pour assouvir sa gambling-addiction), et je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer différents scénarios des réactions de mes proches si ils apprenaient ce que je venais juste de faire. Et puis, ça a été le désespoir. Après quelques jours en étant pas en mesure de reprendre le grind, je voulais tellement revenir que je continuais à jouer des parties en play money. Au moment où je considérais de nouveau à avoir recours à des crédits rapides, j’ai reçu un versement important de rakeback. Je n’avais pas idée que le rakeback pouvait être aussi important. En 2008, cela prenait du temps pour recevoir les versements de rakeback, et j’avais un deal à 60% de rakeback avec Whitebet. J’ai reçu essentiellement tout le rakeback que j’avais gagné en jouant mes « aventures » en HU en un seul versement, cela représentait près de 2k$. Il était temps de retourner au grind. Les semaines suivantes j’ai joué comme un dingue. Je jouais jour et nuit. Mes résultats n’étaient pas aussi bons que la dernière fois parce que la variance me rattrapait, mais je continuais de gagner. J’ai beaucoup étudié également, et je regardais quasiment toutes les vidéos de HU que je pouvais trouver sur CardRunners. Ces semaines là constitue la première fois où je pensais vraiment que je jouais assez bien pour battre les parties aux limites où je jouais (de la 0,5/1 à la 2/4). Cela ne suffirait plus pour battre ces limites aujourd’hui, mais en 2008 jouer de la même manière que celle des pros dans les vidéos était suffisant, il n’était pas nécessaire de développer un raisonnement propre. Je n’avais toujours de tracker, et je ne pouvais toujours pas expliquer la manière dont je jouais un coup si quelqu’un me le demandait, je cliquais juste sur ma souris. De temps à autre, je m’arrêtais au cours d’une main pour me poser des questions du genre « Qu’est-ce que ferais Brian Hastings à ma place ? ». Je passais du temps à réfléchir sur certains spots, et même si je le faisais de la bonne manière (en réfléchissant sur les ranges), j’ai d’une façon ou d’une autre semblé prendre les bonnes décisions la plupart du temps. Il y avait clairement beaucoup de regs meilleurs que moi dans ces parties là, mais j’étais assez bon pour avoir ma part du gâteau. Quand j’ai transformé mon rakeback en à peu près 10k$, j’ai recommencé à grind la 2/4 à nouveau, et j’ai de nouveau connu un très bon run. J’ai trouvé J.Braddock sit à une table, et je lui ai pris 5k$ en ayant un run indécent. J’espère qu’il ne lit pas ce billet, parce que j’ai dû avoir un winrate d’à peu 30BB/100hands contre lui. C’était ridicule. Il doit me haïr. En juin, ma bankroll était revenue à 20k$. En juin, une série d’évènements arriva. Tout d’abord ma grand-mère s’est vue diagnostiquer un cancer. Elle vivait dans le nord de la Finlande, à 800km de là où j’habitais avec ma mère. J’avais déjà pensé à emménager de mon côté quelque part, mais je n’avais jamais eu le temps de le faire avant que ma mère ait à partir. Elle est infirmière/gériatre (le genre de docteur qui soigne les personnes âgées), et elle a donc immédiatement quitté son job pour être auprès de ma grand-mère. Elle dormait sur le canapé de mes grands-parents, elle avait tout laissé derrière elle… juste comme ça. Je l’admire toujours pour le courage dont elle a fait preuve. Donc à présent j’avais la maison pour moi seul. Ce n’était pas chic, mais j’avais naturellement planifié de rester là le temps où ma mère serait absente. L’évènement suivant était la seconde fête Pokerisiviut.com. Pour la première fois ils organisaient aussi une fête en plein été afin de célébrer la série de tournois « The Midnight Sun » qui avait lieu à Helsinki. J’étais une nouvelle fois invité, et cette fois ci il y avait encore plus de pression sur ma présence à l’évènement. Mon blog venait d’atteindre un peu plus de un demi-million visites et de plus en plus de gens commençaient à remettre en cause mon existence réelle. Certains suggéraient que je n’étais en fait qu’un random nerd vivant dans un placard et qui s’inventer une vie. J’étais accusé de pas mal de choses. Par exemple quand j’ai parlé de mes 20k$ swings, les gens me demandaient des graphs pour prouver que ce que je racontais était bien vrai. Je leur ai dit que je n’avais pas de tracker et ils n’ont alors pas cru le fait que quelqu’un puisse jouer à ces limites sans en avoir un. Je pense que j’ai en fait essayé une fois d’installer Pockertracker 2, mais c’était trop difficile pour moi à cause des trucs de PostrGreSQL. J’ai essayé de tout faire pour ne pas être encore une fois malade, mais devinez quoi, je suis quand même tombé malade. Ça en devenait ridicule, j’étais invité à ces soirées deux fois par an et ce depuis Janvier 2008, pour un total de 8 soirées qui avaient toujours lieu aux mêmes dates. 8 fois sur 8 j’ai été malade pendant la soirée ou juste avant. En juin 2008, j’ai été assez chanceux d’attraper la grippe quelques jours avant la soirée, je pouvais donc m’y rendre. J’ai pris un gros paquet de serviettes (mouchoirs ?) avec moi, et je me rappelle m’être senti légèrement ivre après mon premier verre de vodka parce que j’avais pris quelques antalgiques pour lutter contre les symptômes, puis je me suis rendu à la soirée. Je ne connaissais personne. A ce jour, je n’avais aucun ami que j’avais connu grâce au poker. Je n’avais jamais rencontré de finlandais qui jouaient au poker, mis à part mes deux anciens collègues de travail qui étaient des joueurs de micro limites et qui ne connaissaient pas mon identité. C’était assez dur. Je n’étais pas aussi sociable que je le suis aujourd’hui, et j’étais terrifié à l'idée de parler aux gens. En règle générale, je n’étais pas effrayé de parler à des étrangers, mais comment étais-je censé commencer une conversation ? « Salut random personne. Je suis ce type qui s’appelle Interpol (mon pseudo de bloggeur). Tu peux me regarder, ou même me toucher, pour te rendre compte que je suis bien réel ». J’ai décidé de prendre quelques verres de vodka. J’ai repéré l’acteur, celui qui s’appelle Jasper, et qui avait posté un commentaire sur mon blog auparavant. Je savais aussi qu’il était impliqué dans l’organisation de ces soirées. Il m’avait envoyé un email où il m’avait demandé de me montrer et où il m’avait dit qu’il voulait faire ma connaissance, j’ai donc pensé que je devais commencer par faire connaissance avec lui. Je me suis donc dirigé vers l’acteur le plus connu de l’histoire du cinéma finlandais et je me suis présenté. Il était vraiment sympa, et malgré ma timidité j’ai réussi à gérer la situation. Il m’a présenté à d’autres personnes, dont notamment quelques grinders assez connus, dont certains avec qui j’ai pu parler une bonne partie de la soirée. Je n’avais pas idée qu’il y avait autant de gens qui partageait la même vision que moi du poker et de la vie. La plupart m’ont dit qu’ils avaient vécu à l’étranger pour quelques mois ou une année, quelque chose que je voulais vraiment faire. Un grinder m’a même invité à le rejoindre en Thailande l’automne d’après pour qu’on grind ensemble. J’ai fini par être complétement saoul et j’ai vraiment passé un très moment. L’un des types à qui j’ai parlé était Jens « Indigenous89 » Kyllönen, qui moins de 9 mois après allait remporter l’EPT Copenhague pour un peu plus de 1,1 Million de dollars. J’allais être la personne qui écrirait un article de 12 pages sur lui dans un magazine, et tous les deux nous allions être impliqués dans une histoire avec une star blonde de la télé-réalité dans divers magazines people, prétendant que nous lui avions proposé de l’argent pour du sexe (comme vous pouvez le deviner, je reviendrais sur cette histoire un peu plus tard). C’est marrant de voir comment l’univers fonctionne. Des choses arrivent par hasard, et toutes les petites choses que l’on peut faire (comme aborder un inconnu à une soirée) peuvent entrainer plus tard des choses complétement folles. Jens avait déjà gagné online le Main Event des ECOOP pour 200k$ et il jouait en 10/20 et 25/50 6-max où il avait de très bon résultats. Quand la fête s’apprêtait à se terminer, nous allions nous retrouver moi, Jens, Jasper et d’autres personnes dans le même after. Patrik Antonius était aussi présent. Il avait déjà déménagé aux Etats-Unis, et il était juste de passage en Finlande pour rendre visite à sa famille. C’était quelque chose d’énorme que Jasper et d’autres personnes de chez Pokerisiviut.com ait réussi à l’attirer à la soirée. A l’after nous avons discuté avec Jens d’un pari consistant à baisser le pantalon de Patrik Antonius. Nous étions d’accord sur le fait que si l’un d’entre nous le faisait, l’autre devrait lui donner 500 euros. Jens avait déjà une fortune de près d’un demi-million de dollars, alors que j’avais seulement 20k$. J’étais vraiment très proche de le faire. Je suis content de ne pas l’avoir fait parce que je pense que PA m’aurait botté le cul, je me serais fait jeter de la soirée, et tout le monde aurait pensé que j’étais qu’un idiot. Beaucoup de choses auraient pu ne pas se passer si j’avais fait l’imbécile en baissant le pantalon du joueur finlandais de poker ayant le mieux réussi de tous les temps. Jens ne l’a pas fait non plus, et donc Patrik a pu garder son pantalon sur ses hanches. Faute de quoi Jens a écrit cette nuit-là un post sur 2+2 suggérant que, après avoir vu PA parlé à une inconnue qui était aussi à l’after, Patrik pourrait avoir une aventure malgré le fait qu’il soit marié (pour info, aucun de nous n’a vu quelque chose réellement se passer, mais étant bourré on a pensé que c’était une bonne idée de faire ce post). J’ai essayé de chercher ce thread mais je l’ai jamais retrouvé, c’est fort probable que Jens (2+2 pseudo Jeans) l’ai supprimé. On s’est retrouvé avec la gueule de bois pour un déjeuner le lendemain, et je me rappelle que Jens était inquiet du fait que PA puisse lui botter le cul. A ma connaissance, cela n’a jamais eu lieu. Quelque temps après la soirée j’ai reçu email de Jasper me disant qu’ils allaient lancer un nouveau magazine de poker. Il voulait que j’écrive une colonne régulière dans le magazine. C’était un rêve qui devenait réalité. J’aurai un véritable travail d’écriture, et j’aurai à écrire sur mon sujet favori sur terre, le poker. Je n’ai jamais répondu à un email aussi rapidement, et je me rappelle que lors de l’écriture de celui-ci mes mains tremblaient littéralement. Cela lui a pris un jour ou deux pour me répondre, et pendant ce temps je me rappelle que j’étais incroyablement inquiet et parano. Peut-être avaient-ils trouvé quelqu’un d’autre ? Peut-être qu’ils avaient décidé que j’avais plus un profil de joker (ndrl : « wild card » signifie joker dans le sens d’invité/remplaçant) ? Heureusement pour moi, ce n’était pas le cas. L’email qui suivi venait de leur rédacteur en chef, me demandant de le rencontrer. Je suis le genre de personne qui est tout le temps en retard, mais ce rendez-vous représentez quelque chose de tellement important pour moi que je refusais d’y arriver en retard. Le trajet pour m’y rendre était d’à peu près 20 minutes, je suis donc parti 40 minutes avant. On s’est retrouvé dans un café de grand standing, et je n’avais aucune idée de ce que j’allais dire pendant le rendez-vous. Je ne savais pas s’il connaissait quelque chose à mon sujet, je ne savais pas s’il voulait que j’écrive des articles de stratégie ou autre. Je ne savais pas si c’était une affaire conclue ou si j’allais passer un entretien d’embauche. Juste au cas où, j’ai imprimé quelques pages de mon blog pour les lui montrer. Rien de tout cela n’a été exigé. Il m’a tout simplement dit qu’il était impressionné par mon blog, que je pouvais écrire sur ce que je voulais. Plus mes articles porteraient sur des sujets controversés, le mieux se serait. Il m’a dit que le premier numéro sortirait dans deux mois, et il m’a donné un mois pour me présenter avec mon premier article. La première contribution dans un magazine de toute ma vie. J’ai fini par écrire sur les prostitués dans le poker, et le titre de l’article était « SuckMyAAs ». Mon premier article dans un magazine, publié dans Pokerisivut 1/2008. La photo a été prise quand j’avais 20 ans et j’avais encore à cette époque mon piercing au sourcil. J’ai fini par me rendre à Las Vegas quelques semaines après la soirée. C’était en partie pour participer à mes premiers WSOP, en partie pour découvrir la ville et faire la fête, et en partie pour trouver de la substance à mon premier article. Ce voyage nécessite son propre post, je vous en dirai donc plus une prochaine fois ! Si jamais il vous prend la folie de continuer la traduction, un petit MP avant pour qu'on soit pas deux dessus. Bonne lecture ! Edited September 28, 2014 by MuffinMan 179 Share this post Link to post Share on other sites
SOAD_ Soad06300 (PokerStars.fr) SOAD_ (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +223 % 82 posts Posted August 30, 2014 Très intéressant merci pour la traduction ! 0 Share this post Link to post Share on other sites
twinos13 supercoton13 (PokerStars.fr) Igotnoisette (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +56 % 521 posts Posted August 30, 2014 Nice job merci ! 0 Share this post Link to post Share on other sites
AmIlya CPiste Holothurisme : +191 % 4928 posts Posted August 30, 2014 Très belle idée, on se garde ça au chaud.. 0 Share this post Link to post Share on other sites
Guest Mère Teresa Invité Holothurisme : 0 % 0 posts Posted August 31, 2014 Cette vue de ouf ! Vivement la suite et merci pour la traduction. 0 Share this post Link to post Share on other sites
Kai Wall kaiwall-1er (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +61 % 1083 posts Posted August 31, 2014 Le blog est vraiment au top. Belle initiative 0 Share this post Link to post Share on other sites
Petrvs01 Lazarus1 (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : -19 % 54 posts Posted September 2, 2014 Merci pour la traduction, j'attends également la suite avec impatience . 0 Share this post Link to post Share on other sites
catlover CPiste Holothurisme : +30 % 9733 posts Posted September 2, 2014 Merci ! Great job. 0 Share this post Link to post Share on other sites
Nem69 _Nem_ (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +18 % 619 posts Posted September 3, 2014 Super, merci beaucoup ! 0 Share this post Link to post Share on other sites
KingArthAs CPiste Holothurisme : +23 % 1828 posts Posted September 3, 2014 Thx pour la traduction ....la suite ? 0 Share this post Link to post Share on other sites
DreamCatcher ... CPiste Holothurisme : +56 % 792 posts Posted September 3, 2014 Top, vite la suite ! 0 Share this post Link to post Share on other sites
fabolous008 fabolous008 (PokerStars.fr) CPiste Holothurisme : +248 % 147 posts Posted September 3, 2014 nice job! 0 Share this post Link to post Share on other sites
Comanche suce123 (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +287 % 1635 posts Posted September 3, 2014 Super , need moaar !!! 0 Share this post Link to post Share on other sites
olympien3113 CPiste Holothurisme : +41 % 1761 posts Posted September 3, 2014 Merci ! Great job. Le blog est vraiment au top. Belle initiative 0 Share this post Link to post Share on other sites
Hakisback CPiste Holothurisme : +14 % 160 posts Posted September 3, 2014 La suite.please 0 Share this post Link to post Share on other sites
Achmed_Terrorist En 2018, je défonce tout. CPiste Holothurisme : +69 % 902 posts Posted September 3, 2014 mon passage préféré : "Si seulement j’avais su que deux mois plus tard, je serais à la rue avec 20 000$ de dettes, je serais resté et j’aurais fait une croix sur le poker. Mon parcours fut long et chaotique, mais au final, je suis content d’avoir fait le chemin." 0 Share this post Link to post Share on other sites
QuantumDot . CPiste Holothurisme : +181 % 4725 posts Posted September 3, 2014 (edited) BoysdontCRAI ^^ Sick degen Edited September 3, 2014 by QuantumDot 1 Share this post Link to post Share on other sites
M.Cristini CPiste Holothurisme : +100 % 1064 posts Posted September 3, 2014 Merci pour la trad A quand la suite! 0 Share this post Link to post Share on other sites
superalaise superalaise (PokerStars.fr) SUPERALAISE (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +122 % 1486 posts Posted September 3, 2014 j'avais lu son thread sur 2+2 et puis il avait arrêté pendant 2 ans. A priori il a sorti un livre (e-book) de toute son histoire (comme il dit "pour enfin rendre sa mère fière" et avoir une vraie trace de son expérience poker). il a une approche de la vie très spéciale. on retrouve bien sa nature nordique (pour ceux qui ont vécu là-haut comprendront). 0 Share this post Link to post Share on other sites
HOOOOOOOOOLD Amerhante (PokerStars.fr) HOOOOOOOOOLD (Winamax.fr) CPiste Holothurisme : +86 % 64 posts Posted September 3, 2014 Ouaip merci pour le taf , super sympa à lire ! 0 Share this post Link to post Share on other sites
MuffinMan CPiste Holothurisme : +140 % 5150 posts Posted September 3, 2014 La suite dans les jours qui viennent 10 Share this post Link to post Share on other sites
JujuElDoud CPiste Holothurisme : +42 % 3665 posts Posted September 3, 2014 histoire de ouf, chanméet boysdontcrai merci pour l'info 0 Share this post Link to post Share on other sites
JujuElDoud CPiste Holothurisme : +42 % 3665 posts Posted September 3, 2014 impressive 0 Share this post Link to post Share on other sites
NoHomeJerome CPiste Holothurisme : +57 % 364 posts Posted September 3, 2014 Wow! Merci MuffinMan 0 Share this post Link to post Share on other sites
xkaiizerx . CPiste Holothurisme : +221 % 1505 posts Posted September 3, 2014 Enorme Merci !!!!!!!!!! 0 Share this post Link to post Share on other sites