
Bonjour tout le monde.
Et bonne année, tout ça.
Voici venu, pour les joueurs de poker que nous sommes, l'heure du bilan de l'année, ainsi que les objectifs ambitieux pour 2013.
Je plaisante, ce nouveau billet n'en parlera pas.
Nous nous étions quitté peu après noël. Nous nous retrouvons donc logiquement le soir du réveillon. J'ai fait ma pire journée de poker ce 31 décembre, en passant la barre des -1000, je suis un peu abasourdi.
Je décide de sortir assez tôt pour qu'enfin, je ne passe pas le compte à rebours fatidique dans le métro parisien.
Je me rend à une fête organisée par un vieux pote que je connais depuis 20 ans.
J'arrive dans le quartier de belleville vers 22h30. Sur le chemin, je croise un autre copain d'enfance. Celui-ci porte un chapeau ridiule avec des oreilles de chien. Nous croisons une bande l'air pas commode qui semble vouloir festoyer au pied d'un immeuble.
L'un d'eux s'exclame dans un accent type "banlieue":
"il est trop mooooche ton chapeau"
Et mon pote, gaulé comme moi, pas une force de la nature, de répondre d'un air interrogatif et provocateur:
"moche?"
L'évènement m'interpelle. Mince, il ne réagit pas comme la plus-part des gentils parisiens de bonne famille de moins de 70kg, à savoir, fermer sa bouche et faire semblant de n'avoir pas entendu?
Mais cette contre provocation aura pratiquement un air de victoire, puisque notre interlocuteur au lieux de bouger son postérieur afin de nous massacrer répétera nonchalamment:
"ouaaaai, trop moche".
Cette petite victoire semble satisfaire l'égo de mon pote qui ne repoussera pas plus loin les limites de son courage.
Nous rencontrons d'autres connaissances sur le chemin. C'est rassurant, 22h30, il n'est pas beaucoup trop tôt. Le hall de l'immeuble sent très fort les poubelles. En fait, nous avons l'impression d'entrer dans une poubelle.
Arrivé dans l’appartement, j'ai deux impressions.
La première, il n'y a qu'une vingtaine de personne. Mais cela augure sans-doute une fête assez dense, puisqu'il est tôt.
La deuxième, il y a des femmes, prêtes à en découdre. Bien habillées, bien maquillées, elles semblent presque cruches, l'air d'attendre le prince charmant, debout, positionnées en cercle.
Le temps de m’acclimater à l'ambiance, dire 20 fois mon prénom, claquer 40 bises, boire un coup, et parler un peu avec les gens que je connais, je décide de passer à l'attaque. J'ai une proie.
Une jolie fausse rousse semble s'ennuyer dans un coin de la pièce, elle tient sa tête dans ses mains comme si elle avait déjà trop bu. Je m'approche d'elle, pose ma main sur son épaule et lance une approche originale:
"salut, tu viens avec moi sur le canapé, pour discuter un peu"
Elle hoche la tête à l'affirmative, l'air contente.
S'en suivent les présentations, banalités habituelles. Je pensais me souvenir qu'elle s'appelait Tatiana, c'était bien le cas, mais je n'ai pas pris le risque de me tromper, et lui ai re-demandé son prénom. Pas grave, elle avait oublié le mien. Le feeling est bon. Je découvre avec étonnement que notre amie n'a aucune origine de l'est, c'est une pure Normande. Je connais sa ville d'origine, Coutances, et ne manque pas d’étaler ma science... Coutances, sa cathédrale, son festival de jazz réputé, et pour y avoir été deux fois, de qualité. Je marque des points.
Mais il y a un mais. La jeune femme a quand même 36 ans, deux enfants, elle sort d'une rupture difficile, et vit en Normandie. Elle semble connaître un début de crise de la quarantaine. Marre de son boulot, marre des gosses, envie de voyager. Je ne peux pas espérer avoir un quelconque futur avec elle, au mieux, il s'agira d'une nuit. Le vrai chasseur trouvera la situation idéale. Pas moi. Je me désintéresse un petit peu. J'apprend qu'elle n'a pas fait l'amour depuis 6 mois. Avec le recul, tous les voyants étaient au vert. Elle me parlait pratiquement dans l'oreille, la musique n'étant pas si forte.
Nous sommes interrompus après une heure de conversation par le gong fatidique sonnant le glas de la nouvelle année. Je ne saisi pas la chance que n'importe quel chasseur aurait saisi. Lui fait la bise poliment et nous nous séparons pour embrasser tout le monde. Je n'ai pas forcément laissé passer ma chance.
Mon meilleur pote arrive à minuit cinq. J'avais refusé l'apéro chez lui pour ne pas passer le nouvel an dans le métro, comme expliqué précédemment. Il avait semblé vexé, maintenant il a l'air con, il a entendu les gens crier de l'escalier. Ses parents ont une maison en Normandie du coté de Coutances, ou j'ai passé les meilleures vacances d'adolescent. Je lui présente donc ma conquête, afin d'intégrer celle-ci. Je n'aurais pas pris ce risque six mois plus tôt mais mon ami est désormais en couple, et ne marchera pas sur mes plates bandes. Il y a désormais pas mal de monde, pour un petit apart. Une bonne cinquantaine de personnes, et malheureusement beaucoup de mecs virils. J'hésite un peu. Faut-il continuer le travail de ma jolie rouquine? Plus d'intimité possible, il faudra attaquer sur la piste de danse, ce n'est pas mon point fort. Je passe 10 minutes dans la pièce pétard, puis en allant à la cuisine me chercher un nouveau verre, je la vois.
Dans les bras d'un gros moche, en train de se faire emballer sauvagement. Le copain qui m'a invité est la, il me regarde, l'air triste, et me dit:
"c'est trop moche, t'as fait tout le boulot pour lui."
Je suis anéanti, mon coeur se serre. La copine de Tatiana, une autre jolie maman d'une trentaine révolue me souri avec amusement, et répète:
"T'as fait tout le boulot pour lui. En plus, t'es beaucoup plus beau"
Ça se veut gentil et réconfortant. Mais il est trop tard, la fête est finie. Je décide ensuite de me saouler la gueule, pour oublier ce cuisant échec. Autour de moi, tout le monde chope. Il y a peut-être encore de quoi faire, les restes... mais le coeur n'y est plus.
Difficile de s'amuser. Je tiens quand même jusqu'à cinq heure avant de rentrer en taxi. Je trouverais un réconfort minime en voyant Tatiana partir avec son amie maman, plutôt qu'avec le gros moche. J'aurais préféré un bisou que rien du tout. Si elle n'était pas rentrée avec moi, j'aurais été déçus aussi. Mais si je l'avais embrassé, aurais-je pu espérer plus? Toutes ces questions qui me tourmentent le 1 er janvier 2013, avant de m'endormir péniblement.
Le 1 er janvier ne sera pas une journée franchement agréable. Je me sent sale, je me sent con. Je connais mon premier anniversaire surprise, un jour à l'avance. Mon père, sa copine, et ma mère, wouai! Ça me remonte néanmoins un peu le moral. Je ne joue pas au poker, pas le courage, pas l'envie.
J'y joue le lendemain, jour de mes 27 ans. Un petit shoot en 200 qui se passe bien, je réalise mon meilleur jour avec un joli +1200. Comme le poker est curieux, parfois. Le soir, j'ai un apéro en mon honneur dans un bar de la bute aux cailles. Nous sommes quatre... mais c'est les meilleurs.
Le 3 janvier débute en souffrance par la sonnerie de mon réveil, à 6 heure du matin. Je me rend à Kiev pour une semaine de tourisme, avec ma cousine, et sa copine Lisa. Je suis très excité lorsque l'avion entame son atterrissage: le pays est recouvert de neige. Je reconnais même quelques monuments célèbres, à plusieurs centaines de mètre d'altitude. Toutes les églises ont des dômes dorés.
Ma cousine vit ici, elle travaille à l'ambassade.
Kiev est une belle ville, beaucoup de très beaux monuments qui brillent. Il fait froid, les gens sont froids, ils ne parlent pas anglais, on ne s'éclate pas, mais c'est cool quand même, c'est des vacances. Puis le froid et la neige, j'aime ça. Je fais des dérapages sur le verglas, tape dans les blocs de glaces afin qu'ils glissent et accompagnent mes promenades. La bouffe est pas mal, spécialisée dans la soupe.
Le 4 janvier, je fais une petite session. Nouveau record, -1400. Bon, la prochaine, c'est +1600 en toute logique. Mais je ne l'ai pas encore jouée.
Après trois jours, je fais la connaissance d'une femme exceptionnelle. Une bohémienne très jolie, dont tout le monde est amoureux qui s'appelle Carmen. Elle chante très bien, mais son accent français laisse à désirer.
A l'opéra, nous nous ridiculisons tous les trois. Nous sommes très mal habillés. Avec des boots pour l'une, des chaussures de rando, pour moi. J'ai un T-shirt taille 15 ans. Les ukrainiens eux, sont bien habillés, avec leurs beaux manteaux de fourrure leurs belles robes, leurs chapeaux, leurs vestes... Nous ne passons pas inaperçus, tout le monde nous dévisage.
Mais dieux que c'est bon, un opéra. Je découvre que je connais en fait bien 90% de l'oeuvre. Je vous encourage à l'écouter, si des fois vous aimez un peu la musique classique.
C'était ma deuxième expérience d'opéra, mon père m'avait offert des places pour L'amour des trois oranges, de Prokofiev à l'opéra Bastille, pour mes 20 ans. J'aime ça, je pense y retourner prochainement, faire ma culture.
Lisa, est une belle femme. Intelligente, classe, cultivée. Blonde à forte poitrine, tout à fait mon type. Elle a ses défauts, bien-sur. Nous nous connaissons depuis l'age de 18 ans, et j'ai toujours eu le béguin pour elle. Mais l'expression amusante qui caractérise notre relation est: "friend zone". Vous savez, ces filles que vous désirez, tentez de séduire, mais qui vous font comprendre qu'elles vous apprécient vraiment... en tant qu'ami. Qu'il n'est pas question, comme dirait ma dernière relation québécoise d'introduire notre pénis dans leur vagin. J'aime l'explicité de cette expression. Ça n'a pas le charme de: "faire l'amour". Mais bon, le sexe, ce n'est pas forcément charmant.
J'ai quand même obtenu un rencard. Nous irons dans un resto sympa, cuisine du sud ouest, dans quelques jours. Première sortie à deux, mais mon espoir de concrétisation reste proche de zéro.
Lisa est partie, ce matin. Je me retrouve avec ma cousine, qui travaille. Pas spécialement l'envie de visiter la ville tout seul. J'en profite pour écrire ce billet. Ensuite, après un peu de repos, j'attaquerais le poker. C'est fini la glandouille.
- Read more...
- 24 comments
- 15982 views