
La balle de calibre 45 transperce la carotide de miss Steffi, le sang jailli de sa gorge rappelant au jeune bourreau les fois où son père, victime mortel des impulsions de la femme abattue à l’instant par son fils, découvre par hasard un gisement d’eau, remontant soudainement à la surface de cette terre si aride du Far-West.
Il ne reste plus que trois participantes à table pendant que Jack, du haut de ses 13 ans, observe les yeux vides de vie de celle qui quelques semaines plus tôt, jubilait de plaisir sur le corps nu et immobile d’un homme constituant sa friandise de la semaine. Le marshal se réjouie du spectacle dont il est l’investigateur, ces trois femmes condamnées à la pendaison jouent grâce à lui leur ultime chance d’entendre siffler le train dans le comté d’Okanogan .
Cette idée de partie de poker macabre lui est venue alors qu’il dépouillait le barbier Johnson au gin. Celui-ci se plaignait que les pendaisons devenaient banales et manquaient de vie…Paradoxe intéressant quand il s’agit d’ôter l’existence d’une personne. Cette réflexion anodine secoua les fantasmes refoulés du marshal et le conduit à organiser une exécution d’un autre genre, qui ferait parler de lui dans toute l’Amérique, voir au delà.
Le principe est de regrouper trois criminels autour d’une table de jeu en présence des familles de victimes de ces meurtriers et de les faire jouer une partie de poker pendant laquelle les joueurs doivent aller à tapis à chaque main. A chaque donne, le participant obtenant la moins bonne main est abattu par un membre de la famille victime concernée. Le bourreau est libre de choisir son arme entre un colt 45, une hache ou un fusil Springfield. Pour mettre plus de piment à la scène, il choisit de ne faire participer que des femmes, quatre meurtrières et de laisser la vie à celle qui par chance remporterait la partie.
La magnifique miss Steffi semble encore agonir sur les vielles lattes du saloon, cirées pour l’occasion. Ses longs cheveux noirs gisent tels une serpillère cherchant à nettoyer le sang qui entoure la silhouette si parfaite de cette ancienne prostituée reconvertie en tueuse en série. Son regard aujourd’hui si noir, hier si bleu, lui permettait de séduire chaque « mâle » qu’elle souhaitait dévaliser. Une fois le malheureux en extase dans son lit, elle parvenait à lui planter un couteau suffisamment petit pour le dissimuler dans ses bas et assez long pour paralyser sa victime, lorsque la lame s’enfonçait maladroitement dans ses côtes. La jeune femme prenait ensuite son pied à trancher délicatement la gorge de son amant naïf et le regarder mourir lentement, lentement mais surement.
Le jeune Jack est hypnotisé par la scène alors que l’assistance, une trentaine de personnes regroupées comme des bœufs attendant sagement de quitter l’enclos, n’a pas l’air de s’inquiéter des répercussions qu’un tel événement peu avoir sur l’avenir d’un gamin qui après avoir enterré son père, le venge dans d’atroces conditions. Lorsque ses amis iront admirer le passage du train comme des lapins hypnotisées par la lumière, Jack se demandera alors peut-être lequel de ses copains pourrait faire bonne figure attachés aux rails fraichement posées d’un symbole de nouvel technologie.
Marshal William reconduit le jeune homme à la table des victimes en étant obligé de serrer son étreinte sur le bras de Jack, tellement ce petit corps s’est raidit depuis quelques minutes. On dirait un meuble difficile à déplacer, sauf que celui-ci ne doit pas dépasser les 40 KG en opposition aux 110 KG de muscles de William recouverts d‘un long manteau de cuir poussiéreux et trainant au sol . Deux badauds aident fièrement à dégager de la salle la première perdante en la jetant à la rue sous les ordres du Marchal, pour but que la population n’ayant pas la chance d’assister au massacre puissent se défouler sur les miettes du spectacle. On entend aussitôt dehors des applaudissements puis rapidement des coups de pieds frapper l’offrande qu’ils viennent de recevoir.
Le jeu reprend, des hommes armés, Jack et donc les familles victimes sont placés devant les spectateurs à une dizaine de mètres des festivités. A l’opposé se trouve le comptoir où seul William et le barman sont autorisés à être assis. Au milieu se trouve la table ronde, chaque participante est menottée et se voit recevoir ses cartes par un croupier, lui-même armé d’un colt 45, au cas où …
Miss Mardel reçoit deux as, deux valets et un rois. Forte de sa double paire, elle ose espérer figurer parmi les deux dernières participantes du fait que personne ne peut avoir accès à la pioche et doit se dém**der avec sa main et rien d’autre. Peu de chance donc d’être battu par ses deux adversaires sur ce coup.
Contrairement à la première éliminée, elle n’est pas une tueuse en série, son acte n’est que hasard de la vie pendant lequel une dispute avec sa voisine au sujet d’un soit disant vol de bétail a mal tourné. Prise de colère d’être accusée à tord par cette mégère de vielle fille, elle lui a enfoncé violement sa fau dans le ventre et a fini par l’achever en la transperçant à plusieurs reprises sur tout le corps, avant de se rendre compte de la folie de son geste. Alors que des idées lui venaient à l’esprit pour cacher son meurtre, elle se rendit compte que miss Helene, en visite exceptionnelle et malheureusement témoin de la scène, avait fait marche arrière et ne tarderait pas à alerter la ville. Le hasard l’avait fait commettre un meurtre, avait placé un témoin non loin et le hasard encore allait peut-être la sortir de ce guêpier.
Mardel n’est certainement pas la plus belle femme du comté et ne cherche pas à le devenir, pourtant, comme pour attirer les faveurs de la chance, elle est venue vêtue d’une robe très légère et blanche, dotée d’un décolletée extrêmement plongeant. Aussi invisible soit-elle, la chance n’aurait d’autre choix que de rougir si elle devait regarder la joueuse autrement que dans les yeux.
Pour alimenter le suspens, il est convenu de montrer ses cartes une par une, du moins après que la participante la plus près du croupier est dévoilée son jeu. La double paire est donc déjà tablée sur ce tapis vert recouvert d’une partie du sang de miss Steffi. Les cartes suivantes ne tardent pas à se manifester, un 7 de trèfle tout d’abord rapidement accompagné de son frère à pique et de son cousin à carreau. Les suivantes ne changent plus rien aux problèmes de Miss Mardel qui est battue par ce brelan. Malgré tout, elle garde espoir de se retrouver en tète à tète et jure mentalement au seigneur de devenir une pratiquante assidue s’il lui permet de continuer à vivre après cette épreuve.
La chaleur rentre doucement dans le saloon comme si elle avait aussi besoin de se désaltérer. Tous le monde est réuni depuis le matin, un peu avant que les hostilités aient commencé et nous approchons de l’heure du diner. Il n’est pas prévu de faire une pause pour des raisons de sécurité qui semblent évidente mais personne dans l’assemblée ne veut aller se restaurer. Ils veulent assister à ce qu’il va se passer et ne rien rater, le pari du marshal est peut-être réussi.
La carte arrivant maintenant sur la table est soutenu d’un nombre impressionnant de paires de yeux excitées pendant que son éphémère propriétaire reste assez impassible alors qu’elle sait pourtant à coup sur la suite des évènements. Un innocent deux de cœur est délicatement retourné, rejoins par un 5 de carreau. Pour le moment, Miss Mardel participe au tête à tête. La troisième est à nouveau un 5 mais à pique et encore un deux, lui à cœur. Autrement dit, le cœur de la première condamnée semble vouloir sortir de sa poitrine et aller rejoindre les badauds en surchauffe à quelques mètres de là. La dernière carte est un cinq de trèfle, un des rares out destiné à mettre un terme aux espérances de la femme au décolleté plongeant.
Ce full scelle son destin et celle-ci se lève de stupeur tout en cherchant désespérément une sortie pour s’échapper. Au même moment, la mère de sa défunte voisine choisie l’ache destinée à l’exécution tandis que le marshal saisie rapidement la condamnée puis là remet brutalement sur sa chaise. Les deux dernières participantes sont éloignées de la table de jeu, ainsi que le croupier, pendant que la mamie, armée de sa hache, s’avance doucement vers sa futur victime. Miss Mardel est maintenue assise par deux gaillards qui là tiennent par les épaules et peut admirer la folie qui ronge le visage de c’elle destinée à lui ôter la vie. Celui-ci est marqué par la haine, la tristesse et la volonté d’obtenir vengeance, ses membres ressemblent à des épis de maïs collés les uns aux autres, il suffit probablement de là pousser au sol pour briser en mille morceaux cette grand-mère. Quelques vautours dissimulés dans l’assistance se demandent même comment ces petits bras peuvent encore soulever cette lame d’acier pesant sans doute pas loin du poids total de son utilisatrice.
Comme si la bande d’un film avait été mit sur avance rapide, la hache se dirige à grande vitesse sur le visage de miss Mardel et du fait du manque de force physique de la vielle dame en action, y reste planté du haut du crane au bas du menton. Le décolleté est très vite rempli de sang, ce qui offrirait à un vampire en passage un agréable repas. Le corps de la criminelle s’agite comme s’il cherchait à exécuter une danse d’un autre genre, rapide et maladroite. Il finis par tomber au sol, la robe le recouvrant d’origine si blanche, a changé de couleur pour virer au rouge. Le bourreau est lui aussi recouvert d’hémoglobine mais ce n’est évidemment pas le sien. L’assistance applaudie la victoire sans surprise de la vielle dame tout en injuriant la silhouette sans vie qui s’apprête à être dégagée par les deux gaillards. Ce corps est lui aussi jeté à la rue, toujours accueilli impatiemment par la foule agglutinée à l’extérieur. Le marshal sort du saloon pour récupérer la hache sous le silence respectueux mais surtout craintif du peuple. Un œil est éjecté de la tète en même temps que l’arme, à nouveau disponible pour un autre massacre.
Jack, dont le visage ressemble à celui d’un zombi endormi, est rejoint par sa camarade de jeu. Le tenancier apporte deux verres d’eau à ses convives qui ne semblent pas vouloir y toucher. La soif n’est pas leur préoccupation pour le moment. Malgré leurs différences d’âges, tout deux se rendent compte que la vengeance qu’ils attendaient si impatiemment n’est pas synonyme de soulagement, le plus dur pour eux commence maintenant car ils n’ont plus rien à quoi s’accrocher pour extérioriser leurs tristesses. Ils observent les deux dernières victimes s’attabler pour vivre ou mourir du hasard des cartes. Il règne à ce moment là dans le saloon une atmosphère particulière, glauque, malsaine, en accord avec ce que dégage le marshal de la ville. Malheureusement, l’attitude de l’homme de loi s’est répercuté sur le comportement des habitants, qui sans se rendre compte de la répression qui pèse peu à peu, omettent toute justice propre.
L’innocence est une vertu extrêmement rare chez les condamnés à mort pourtant, Madame Mac Viland a ici le malheur de la posséder. Son opposante, Laty, là regarde tel un corbeau certain de la suite des évènements. Aucune peur ne se dégage de son attitude, peut-être parce que ses antécédents criminels devraient suffire à là désigner comme la prochaine massacrée. Il y a toujours un leader naturel parmi les différents groupes se manifestants librement dans cette société et Laty peut se vanter de détenir ce titre haut la main entre les assassins du comté. Elle devrait déjà dormir éternellement dans un trou souillé par la haine des habitants, or elle se réjouie de jouer encore sa vie dans un bain de sang constituant sa toilette quotidienne. Laty n’est pas Madame, n’est pas vraiment femme, elle est une bette pourchassée par tous les chasseurs de primes du far-west. Habillée d’un jean déchiré trop court recouvrant ses grosses cuisses qui rivalisent avec celles du marshal, Laty s’habille par nécessité et sa vielle tunique marron recouvert de taches de sang séchées est symbolique du mode de vie de sa propriétaire. Si ses rivales du jour sont venues la peur au ventre avec l’espoir d’être la winner take all, Laty est reconnaissante de venir défier le hasard pour un tel enjeu.
Madame Mac Viland est dans un tout autre état d’esprit lorsque le croupier lui donne progressivement ses dernières cartes. Elle repense à son mari mort par la main de cet homme de loi, présent à quelques mètres de sa solitude.
Le marshal est venu rendre visite au couple Mac Viland il y a quelques jours, seul et déterminé. Il avait trouvé comme prétexte de venir s’entretenir avec monsieur Mac Viland à propos d’un vol de bétail dans les fermes avoisinantes. Son intention était de soit disant conseiller les fermiers face à ce fléau. Mais ses vrais motivations se situaient autre part, dans les finitions d’un évènement qu’il voulait s’empresser de diriger. Hors pour déclencher son idée d’exécution d’un autre genre, il lui manqué une femme coupable de meurtre et ce n’était pas aussi courant que chez les hommes.
Le couteau servant à couper la viande termina dans le ventre de monsieur Mac Viland pendant que madame remplissait un pichet de lait à l’extérieur de la maison. Alerté par des cris semblants provenir de la bouche de son mari, Elisabeth s’empressait de venir le secourir. C’était sans compter sur le plan du marshal qui saisi la jeune femme et là plaqua au sol juste après qu’elle est franchie le seuil de la maison. Madame mac Viland, ventre contre terre, observait avec incompréhension son mari se vider de son sang, déjà inconscient. Elle mit du temps à réaliser la situation, suffisamment pour que l’assassin là ligote fermement afin qu’elle ne puisse réagir. Mains et pieds bloquées, le marshal lui expliquait qu’elle était coupable de meurtre lors d’une dispute qui aurait mal tournée, une chance que William soit passé par là avant qu’elle ne fuit…un bruit étrange provenait de la bâtisse lorsque le marshal et sa prisonnière s’éloignait en direction de la prison de la ville. Les murs cherchaient peut-être à dire adieu à ses derniers propriétaires.
Les protestations de la jeune femme devant le conseil de la ville n’eu comme influence que d’accabler son cas et là conduire plus rapidement vers cette partie de poker mortelle. Chaque conseillé vota coupable pour le plus grand plaisir de William.
Les cartes distribuées, les joueurs doivent les retourner une à une à tour de rôle, en commençant pas Elisabeth Mac Viland. Elle retourne un deux de trèfle lentement, les mains tremblantes, le regard vague et inquiétant. La robe rouge choisie par le marshal pour elle est en encore parfait avec le décor. Le tapis, le parquet, les cartes, tout l’endroit est recouvert de sang, même les yeux qui observent la scène en sont gorgés. Laty, très rapidement, dévoile un as de pique symbolique. La carte la plus forte du jeu contre la carte la plus faible, l’innocence incarnée contre la coupable absolue, la peur contre la folie. La chance tourne, la folie aussi. Mac Viland montre un deux de carreau, lui offrant la plus faible combinaison de paire, toutefois gagnante à ce moment là, après que Laty abatte un valet de pique. Il règne un étrange silence dans la pièce, la chance semble plus respectée que les êtres humains ici. Un dix de trèfle vient orner la paire de deux de l’innocente, un 8 de pique vient rendre visite à la hauteur as de la coupable. Personne ne remarque la vielle femme assise à coté de Jack se tenir le cœur comme s’il était sur le point de tomber. Les spectateurs préfèrent s’attarder sur une tragédie provoquée plutôt qu’un malheur annoncé.
Un magique dix de cœur offre une double paire à Elisabeth qui peut oser espérer s’en sortir maintenant. Reste que son mari a perdu la partie il y a déjà un moment. Le gain espéré ne représente pas grand-chose pour elle, à part peut-être soulager la conscience fatiguée de ce monstre concentré sur la suite de la boucherie. Un quatre de pique, synonyme de suspens pour l’assemblé, offre à Laty un tirage couleur malveillant. Des paris pernicieux sont chuchotés entre les spectateurs. Le marshal a évidement tout vue mais ne réagi pas, cette ambiance est la bienvenue pour lui. Cette inutile six de pique met fin à l’amélioration potentiel de la main de la veuve mac Viland, elle doit se contenter de sa double paire pour assurer sa survie. Il reste une dernière carte à retourner, le hasard a déjà choisi sa victime et Laty le sait. Néanmoins, aucune émotion ne viens trahir le visage de cette meurtrière accomplie. Elle prend du plaisir à vivre ce moment, presque autant qu’après avoir coupé les oreilles de sa dernière victime, presque autant qu’après les avoir déposé devant la porte de sa femme. La boucherie n’est à ses yeux que banalité, le bien une erreur.
La tueuse félicite du coin des lèvres sa rivale. Elisabeth, sans un soulagement excessif, réalise alors que le hasard a choisi de l’épargner. La femme de la martyr de Laty s’apprête à choisir son arme tandis que celle-ci retourne tout de même son ultime carte, un…une incompréhensible dame de pique, lui offrant une rare couleur. La crasseuse mais chanceuse Laty connait très peu les règles de ce jeu et ne comprend pas les rires qui se produisent dans le saloon, accompagnés de la stupeur d’Elisabeth.
Celle qui aurait du être le nouveau bourreau refuse de rendre son arme, le marshal explique à Laty les différentes combinaisons du poker et personne ne se soucie de la détresse de la dernière perdante. Les gens ne s’intéressent jamais au deuxième, trop occupé à féliciter le vainqueur. Un bruit lourd se fait entendre, la vielle dame viens de tomber de sa chaise, elle se tiens le haut de la poitrine et convulse. William se précipite vers la mamie, Jack n’ose pas bouger et tous les yeux sont dirigés vers ce nouvel évènement. Le visage d’Elisabeth a changé d’expression, il n’y a que Laty qui le remarque. La criminel aborde pour la première fois un air inquiet, ce qui est peu dire pour quelqu’un habitué aux pires horreurs. Mac Viland, comme possédée par une des criminelles allongées à l’extérieur, réussie à saisir l’arme du croupier, les mains pourtant toujours menottées. Celui-ci est médusé pendant qu’Elisabeth se lève et braque le colt 45 en direction du marshal. Alerté par le croupier, le barman et le reste de la salle, William se retourne d’un trait. Un coup de revolver se fait entendre, la balle se loge dans le visage du marshal. Son corps convulse, semblant imiter celui de la vielle dame. William tombe tout d’abord à genoux, sans équilibre, avant de rejoindre ventre contre terre, le défunt mari
d’ Elisabeth mac Viland, au pays des souvenirs. C’en est trop pour Jack qui s’évanoui devant la marre de sang recouvrant peu à peu le parquet, à cirer pour une autre occasion.
Je m’appelle Jack Olvan, j’ai aujourd’hui trente et un ans et je suis le petit garçon de l’histoire que je viens de vous narrer. Lorsque je repense à tout ça, les scènes apparaissent devant mes yeux comme si je les vivaient encore une fois. Malheureusement, je ne me rappelle pas de ce que s’il s’est passé une fois le marshal William abattu. Je me suis réveillé quelques heures plus tard, profitant des larmes et de la douceur de ma mère. Il fallait que je lui apprenne au plus vite ce que j’avais vu chez les mac Viland quelques jours avant. Il fallait que je lui dise que le marshal avait lui-même tué le mari d’Elisabeth. Le bruit suspect que William avait entendu provenait de mes pas. J’étais venu voler de quoi manger, ma mère ayant bien du mal à en trouver suffisamment sans l’aide de mon père. Personne ne m’a cru à l’époque, ou du moins, il ne voulait pas me croire. Elisabeth a été pendu quelques semaines plus tard. Période pendant laquelle elle est restée isolée du monde extérieur, enfermée et seul. Laty a été épargné mais un chasseur de prime n’a pas tardé à là retrouver et ramener sa tête au bureau du nouveau marshal.
Si j’écris ce courrier aujourd’hui, c’est pour essayer de rendre honneur à Elisabeth. Je compte le faire paraitre dans un maximum de gazettes voulant bien l’accueillir. Ma profession de joueur de poker itinérant me permet de rencontrer beaucoup de gens, mon honnêteté légendaire parmi eux devrait faire le reste. Je finirais probablement sous le couteau ou le révolver d’un de mes adversaires un jour mais contrairement à la plupart des joueurs, je n’ai rien à perdre. Le hasard et la chance forment un couple devenu amical à mes yeux, je le respect plus que tout autre, tout en sachant que le hasard est le plus grand des focus et la chance bien capricieuse. A bon entendeur.
JACK OLVAN