Entreprise et Emprise : Chapitre 1 Quand la musique est bonne !
Chapitre 1 : Quand la musique est bonne !!!
(naissance d’un projet : Les Micros Lyonnais)
Entreprendre, être maître de son destin, créer un projet pour mettre son temps au profit de ses idées et de ses valeurs plutôt que vendre chaque heure de sa vie pour les besoins de quelqu’un d’autre. Voilà dans les grandes lignes ce qui m’a amené à essayer de monter mon entreprise il y a quelques années.
Mais le point de départ ce n’est ni l'argent ni l’envie de me départir des chaines du salariat. Non, avant tout, c’est une passion, celle de la musique, un secteur d’activité dans lequel j’ai moi-même essayé de percer sans trouver le succès escompté. En ayant monté un groupe de world music dont j’étais le saxophoniste, j’ai pu voir en profondeur le monde de l'industrie musicale. Je côtoyais alors de nombreux groupes extrêmement talentueux mais inconnus du grand public. Je me rendais compte que certains étaient plus connus à l’étranger que dans leur pays d’origine. Ce phénomène a piqué ma curiosité, j’ai donc décidé avec un ami de descendre dans la rue armé d’un questionnaire à la main pour voir à quel point les lyonnais étaient capables de me citer des groupes de leur ville… Bilan ? Une véritable misère : 20 % seulement étaient en capacité de me citer un artiste issu du cru et encore ceux nommés étaient en majorité étaient Liane Foly et Benjamin Biolay…
Quand je voyais la richesse et la diversité qui était produite à côté de moi, il était impensable que personne ne puisse s’y intéresser. Je me suis donc penché sur la problématique : Pourquoi cette ignorance ? Tout simplement parce que pour découvrir un nouveau son, il faut préalablement qu’il arrive à nos oreilles, or, même si les canaux de diffusions changent, notamment avec les usages de Spotify ou Deezer, les gens découvrent principalement des nouveautés via la radio. Le problème, c'est que beaucoup de grandes radios ont le même modèle économique que les chaînes de télévision : ce sont des régies publicitaires. Plus les auditeurs sont nombreux, plus espaces de publicité se vendent cher. Ainsi, les radios ne doivent pas prendre de risque à passer un artiste inconnu qui pourrait pousser l’auditeur à zapper. On en arrive à des dérives sur lesquels certaines stations produisent des études de marchés sur ce que les gens aiment écouter. C’est ainsi que la diversité se réduit et qu’on entend les mêmes chansons en boucle et qu’on en arrive à plébisciter de la m**de façon Aya Nakamura ou d’autres artistes kleenex.
Cette triste réalité constatée, deux choix s’offraient à moi: ou je restais dans mon coin à me dire que c’était vraiment triste ou j’essayais moi-même d’apporter ma pierre à l’édifice en essayant de créer une solution. C’est ainsi qu’est né le projet des Micros Lyonnais. Le but ? monter un site gratuit et collaboratif permettant aux artistes et aux salles de référencer leurs informations (fiche, dates, lieu, liens, concert), bref un agenda culturel local dédié à la musique, quant à nous l’engagement était de faire connaître le site auprès du grand public local via les canaux publicitaires, réseaux sociaux, bouche-à-oreille pour ramener du trafic. Un ami complètement chauffé par le projet me proposait de transformer l’idée en concret et de créer le site. Je me retrouvais donc chez lui à Chambéry à deep run un Tie Break pendant qu’il rentrait des lignes de codes. Rapidement le site prend de la gueule, et me voilà à passer mon temps à recenser les jams sessions, les lieux de diffusion de concert ainsi que leurs programmations. Le travail était monstro : je devais vérifier que les groupes soient locaux, à faire une veille constante sur les salles et leur prog' et faire une base de données qui grandissait rapidement. Vingt, cinquante, cent, deux cents groupes étaient rapidement référencés. Leurs styles ? Tout et n’importe quoi : de la trance végétale au folklore irlandais en passant par la funk, le disco, le hip hop ou le deathcore, le but était justement de faire connaître également aux gens le panel de ce que la musique pouvait proposer. Mon addiction pour le clic sur les tables de poker virtuelles s’estompait au fur et mesure que ce projet se formait, je m’en rendais compte et j’en étais fier, cela me donnait d’autant plus de force que cette initiative avait un véritable sens pour moi.
Après quelques mois, on me proposait de créer une émission sur une web radio locale, de plus en plus de gens adhéraient au projet, une équipe se montait. Se joignaient à moi des mecs chauds pour faire de la vidéo, une monteuse, une chargée de communication, un autre développeur web et d'autres petites mains prête à m'aider tout le monde. Bref, le projet tel que je le voyais prenait. On commence à se présenter sur des festivals, on nous proposait des partenariats. Je gérais les équipes et les différents projets, mais entier comme je l'étais, j’avais également la fâcheuse tendance à tout vouloir contrôler, ce qui n’était facile pour personne. C’est là que les problèmes ont commencé…
En effet, ce projet était vraiment top et lancé, cependant, les groupes tardaient toujours à prendre en main l’outil avec cette phrase de shlag qui me déplaisait au plus au point : « Ton outil est super, franchement c’est top ce que tu fais pour la scène ! » « - Cool, du coup t’es inscrit ? tu rentres tes concerts ? » « Ah non, 'faut que je le fasse c’est vrai. » Cette phrase revenait en boucle dans la bouche des mêmes mecs qui se plaignaient de leur absence de visibilité. D’un autre côté, les mois passant et le site se développant, les équipes qui bossaient dessus pour le plaisir ont commencé à parler du nerf de la guerre : La tune. Mais de la tune, il n’y en avait pas, il n’en avait même jamais été question, initialement, il s’agissait plus d’une visée philanthropique à travers un outil gratuit et collaboratif que d’une perspective d’entreprise. Je n’avais jamais eu pour idée de monter quelque chose d’officiel, même pas une asso ou quoi. J’avoue faire plutôt partie de la team des phobiques administratifs et que structurer un projet me faisait peur, je voyais déjà la dose de papier me tomber sur le dos et l’idée de me pencher sur un truc qui m’avait traumatisé pendant les études ne m’enchantais guère.
Il faut également admettre que niveau modèle économique… on n’était pas spécialement dans une niche qui allait générer beaucoup d’argent. En effet, qui allait payer pour de l’information culturelle locale ?... Les groupes ? Non ! pas de tune et peu de concept d’investissement ? Les salles ? À peu près la même chose (je parle bien entendu des petits lieux culturels) … Le public ? payer pour ce type d'info ? jamais de la vie. La pub ? Je n'avais pas spécialement envie de transformer le site en un catalogue Amazon ? Le seul modèle auquel on pensait était de vendre une carte permettant de bénéficier de tarif négocier avec les différentes salles (réduction, bouffe, boisson, ticket de concert)… mais on se heurtait à d’autres problématiques comme le fait de rendre une carte unique nominative, ou d’autres détails qui finalement nous ont fait reculer sur l’idée. En fait, il fallait tout simplement admettre que transformer un projet qui initialement n’avait qu’un but d’intérêt général en entreprise n’était pas la bonne option. Il fallait pivoter et trouver un concept : novateur, répondant à un véritable besoin, et que l’on pourrait monétiser… C’est ainsi qu’une autre idée allait germer et que j’allais mettre un doigt dans l’engrenage de l’entrepreneuriat.
Pilote d’un projet d’émission : Un samedi soir sur Lyon
Quelques groupes qui méritent le détour :
Hip Hop : Snakes Crew / Supa Dupa / Electrophazz
Soul Funk : Charlie and the Soap Opera / Da Break / The Buttshakers
Rock : Ni (rock alternatif) / Eight Sins (metal) / Goatfathers (stoner)
Chanson Francaise : Oscar les vacances / Leila Huissoud / Terre Noire
Slam : Gyslain N / Mehdi Kruger
Jazz : Foehn Trio / Supergombo / Bigre
Electro : Le Bonk
Reggea : Alibutton / Wailing Trees
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