Day 4 : 10/11/2015 | Like a ghost in Vegas
Le jour se lève peu après 6 AM. La vue du dernier étage du Hard Rock n’est pas déplaisante, la dame de l’accueil m’a fourgué la « pool view » pour pas un rond.
Outre répondre aux standards d’un 4 étoiles, un des avantages des chambres du Hard Rock est que l’on peut ouvrir complètement les portes fenêtres, ce qui donne un côté « feel at home » assez réconfortant. Je n’avais pas jusqu’alors eu loisir de ressentir une quelconque sensation de fraicheur dans l’air du Nevada, mes séjours ayant habituellement lieu en juin ou septembre, bref rarement en dessous des 100° fahrenheit. Je laisse la fenêtre ouverte le temps d’aller me doucher et aérer le paddock.
Stupeur à mon retour : la chambre est envahie de pigeons et autres moineaux. Une bonne quarantaine de volatiles de toutes sortes, façon Hitchcock. Ces rats volants disparaissent à ma vue, me faisant penser alors à un autre film (la scène de la cabane en Alaska du Simpson Movie…).
Le fait est que pour 65 euros, resort fees inclus, le HRH est une très bonne affaire. L’hôtel présentant également l’intérêt d’être à taille « humaine » (pour les standards de la ville…) j’atteins sans trop de difficultés le « Mr. Lucky’s 24/7 », le diner du casino. Je prends un breakfast copieux au comptoir contre un billet de 20 en regardant les clips de rock 70’s qui passent sur les écrans.
Malgré les offres assez alléchantes, le casino sonne creux, mais je ne m’attendais pas forcément à autre chose un petit matin de semaine en novembre… faut vraiment en vouloir pour être là...
Histoire de reprendre mes marques, je mets quelques 20$ dans une slot machine, mais Quelques sollicitations pro m’obligent en effet à aller bosser un peu à mon bureau. Je ferai passer les 25$ de resort fees en frais pro, c’est déjà ça. Le wifi est de bonne qualité. Je n’aurai pas le temps de tester la piscine. Vu mon état de santé, c’était de toutes façons pas la peine de penser à ce genre de passe-temps.
Le check out étant à 11h, je plie bagage et décide de me rendre au pinball Hall of Fame voisin. J’avais connu l’ancienne version des lieux qui se trouvait dans une sorte de hangar déglingué à la lisière de la ville. Les lieux sont désormais plus faciles d’accès, mais gardent un côté patraque pas déplaisant. Les techniciens ont toujours en fond de salle 3 ou 4 machines en cours de rénovation. On trouve vraiment des pièces rarissimes construites à moins de 10 exemplaires (ex : Q*Bert), des antiquités, des machines des eighties que je n’avais pas eu entre les mains depuis des lustres. Bref, un lieu vraiment sympa, où l’on passe facilement une ou deux heures pour trois fois rien.
La destination suivante me fait moins bander, mais fait partie du parcours obligatoire du blaireau de base, j’ai nommé l’Outlet. Je choisis le plus proche de ma destination suivante, à savoir le Las Vegas North Premium Outlet. Cela me permet d’arpenter l’ensemble du Strip, du Sud au Nord. Bien que de nouveaux bâtiments aient été érigés depuis ces années d’absence, j’égraine les noms des établissements les uns après les autres comme un chapelet. Ya pas à chi**, c’est tout de même bien moche en diurne ces bazars.
Après avoir coupé par les quartiers les plus glauques de la ville j’arrive au mall.
Là aussi, les choses ont évolué depuis mon précédent passage. Je garde encore le souvenir d’un endroit où l’on trouvait des fripes un peu ringardes mais à peu près portables pour pas grand-chose. Désormais, l’alternative est simple, soit tu payes un prix proche d’un article non soldé dans nos contrées, soit tu te trouves avec une nippe que tu hésiterais même à porter lors d’une partie de pêche en haute mer ou pour nettoyer un hangar. Les types qui ont conçu ces fringues ont, je l’espère pour eux, sérieusement repensé depuis à leur projet de carrière.
Bref, je repars de cette « tourist trap » les mains dans les poches.
Le temps de retraverser les charmants quartiers d’ « upper-west-strip » (ça sonne bien comme ça hein), il est temps d’aller Check in dans mon nouveau home : le glorieux Stratosphere Hotel Casino and Tower. J’ai un peu oublié de bouffer. Mais ce n’est pas bien grave car l’odeur de tabac froid et l’ambiance assez low profile de l’endroit ne suscitent pas en moi un quelconque appétit.
Le temps de monter mon balluchon dans ma chambre, très fonctionnelle et sans fioritures, et je prends la direction du Planet Hollywood pour un daily $65 de 16h00 afin de me mettre en bouche.
Le parking étant tout à l'arrière du casin', faut se taper le miracle mile, le nouveau petit nom de cet affreuse succession de magasins, tous plus hideux les uns que les autres. J'avais connu l'endroit sous l'appellation de "desert passage" à l'époque de l'Aladdin. Mais toute imagerie ou ambiance arabisante étant proscrite aux USA depuis quelques temps, les indiens qui ont racheté le bazar en faillite l'ont depuis bien "réoccidentalisé".
Il faut traverser cet enfer des sens qu'est le PH pour arriver au balcon où se déroulent les tournois, l'ancien "London Club". J'ai peu de souvenirs de ce tournoi. Cela ne s'est pas très bien passé. J'ai rapidement été dégagé. Enfin... Juste le temps de boire 3 buds offertes par la maison... Table pas très sympa, pas de jeu. Je me retape les escaliers roulants dans l'autre sens. Quelques billets dans une slot machine, histoire de me refaire des 65 $ du tournois et 2 gin tonic plus tard et il est temps d'aller au mirage voisin pour faire un tournoi à 80ish $. Là, ça se passe bien au début.
Mais au bout d'un moment et après quelques bluffs que je show salement, je réussis à fédérer (façon Roger) contre moi l'ensemble de la table, croupière comprise. Je suis désormais aux yeux de tous l'attraction, la cible à abattre, le French Bounty. Je défends quelques temps nos trois couleurs, mais je tombe au champ d'honneur vers 20 heures, à quelques places d'être payé. Après avoir tenté quelques dizaines de mains de black jack à $25, je décide de regagner mes pénates. Faut que je bouge de là vite fait, ça commence à tilter.
Je remonte le strip dans ma tire avec certainement dans chaque poche de quoi croupir en prison quelques mois...
Une fois arrivé au Strat, je me contente de me limiter à des jeux compatibles avec mon grammage. Ma fin de soirée sera consacrée à regarder l’esprit vide des « Double Jocondes » , "wonderwomen" ou autres symboles egyptiens s’aligner plus ou moins correctement sur un écran.
Les tintements des pièces qui tombaient dans le réceptacle sont désormais un lointain souvenir pour la quasi-totalité des établissements. Des effets sonores beaucoup plus violents et porteurs de messages subliminaux, vraisemblablement testés au préalable sur des chimpanzés ou des junkies les ont remplacés. Seuls quelques sombres établissements off strip proposent dans un coin reclus du casino des antiquités fonctionnant aux quarters ou nickels.
Si Las Vegas peut parfois offrir des rencontres intéressantes, ce ne doit être que très rarement le cas dans le lieu de perdition où j'ai posé mes valoches qu'est le stat.
Le seul contact humain que j'aurais ce soir sera avec un certain Lucky (ça boucle avec le diner du matin). Après avoir discuté pendant une bonne demi-heures avec moi, il m'indiquera être un dealer professionnel. Mais pas de cartes. Ses tatouages d'yeux de biche ont vraisemblablement été réalisés avec clou rouillé dans un établissement pénitentiaire du coin. J'aurais mille difficultés à le persuader que je ne veux pas lui acheter quelques grammes de Crystal meth et m'en débarrasser. Pas méchant le Lucky hein. Presque touchant même...
Je finirai au Roxy's diner du Strat (élu best of vegas) vers minuit d'un honnête steak. Je commençais à avoir les crocs, mon dernier repas (solide) datant du petit matin.
Bref, une journée que beaucoup jugeront comme minable et pathétique . Certes. Mais elle est telle que je la souhaitais : trash et authentique.
J'oubliais la dernière étape, essentielle, de cette journée.
J'ai tout de même un peu choisi le strat pour ça : la tour bordel. On y accède à volonté quand on loge dans une chambre de l'hôtel.
Je monte vers minuit et demi à 350 mètres d'altitude. La vue est saisissante. Non pas par sa beauté, mais davantage par son côté figé. Sans vie. Inerte.
Je reste là, 5 minutes.
Le froid est glacial. Je suis seul sur ce foutu belvédère.
No picture here, just reminds.
En rentrant me coucher, je réalise que cette journée m'aura finalement coûté un peu plus de 150€.
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