Depuis la fermeture brutale de la salle de poker en ligne Europoker, puis le placement en liquidation judiciaire de la société-mère SAS EPMEDIA FRANCE, les joueurs de la room se battent pour obtenir le remboursement de leurs fonds. Un fiasco vieux de presque deux ans et dont l'issue ne s'annonce pas forcément très heureuse pour bon nombre de victimes.
lekter, l'une des victimes de l'affaire
Je dois aller chercher mon recommandé en sortant du travail. Je suis d'avance dégoûté. Ma bankroll est complètement perdue. Je jouais entre la 50 et la 100 au moment de l'affaire. Après avoir fait un break de plusieurs mois suite à cette histoire, j'ai été condamné à jouer en 10 avec un petit bout qu'il me restait sur une autre room, histoire de me maintenir à peu près à niveau pour être affûté le jour venu. Mais maintenant je suis tellement écœuré par toute cette histoire. Tout ce temps passé à grind dans l'espoir de pouvoir arrondir un jour les fins de mois. Tout s'envole en fumée. Ça me donne envie de chialer...

Après le scandale Full Tilt Poker, l'Autorité de Régulation des Jeux En Ligne (ARJEL) avait juré qu'on ne l'y reprendrait plus. Non, des joueurs de poker en ligne n'auraient plus jamais à s'inquiéter du sort de leurs fonds. La recette miracle ? L'instauration d'une fiducie destinée à garantir les dépôts des joueurs et leurs gains. Et pourtant, depuis près de deux ans, des dizaines de joueurs d'Europoker restent bel et bien privés de leurs bankrolls.
Comment en est-on arrivé là ? Lorsque la société SAS EPMEDIA FRANCE est placée en liquidation judiciaire, le 23 octobre 2014, le tribunal de commerce de Bobigny fixe un délai de deux mois aux joueurs pour se signaler, de quinze mois au liquidateur pour établir la liste des créances, et enfin de deux ans pour examiner la clôture de la procédure.
Très vite, il apparaît néanmoins que la garantie offerte par la fiducie (qui couvre les dépôts et les gains) diffère des estimations des avoirs des joueurs (qui quant à elles incluent les dépôts et les gains, mais aussi toutes les formes de rakeback et de bonus débloqués). Le différentiel global atteindrait plusieurs centaines de milliers d'euros.
Dans un premier temps, l'ARJEL communique de manière très active sur le dossier. Une page spéciale est ouverte sur son site et cinq communiqués différents sont diffusés entre le 6 octobre et le 13 novembre 2014. L'Autorité se fait néanmoins beaucoup plus discrète par la suite. Lors de son dernier grand colloque, en octobre 2015, le sujet ne figure pas à l'ordre du jour et n'est mentionné à aucun instant lors des débats.
Début 2015, la Direction Générale de la Police Nationale ouvre une enquête préliminaire pour éclaircir les zones d'ombres du dossier, et en particulier une politique de bonus fictifs inscrits sur les comptes des joueurs mais non traduits dans les comptes du fiduciaire. Parallèlement, la procédure suit son cours avec des fortunes diverses pour les joueurs : si l'inscription sur la liste des créances donne satisfaction à certains, il se confirme pour d'autres que le différentiel entre la somme présente sur leur compte lors de la fermeture de la room et celle que le liquidateur se propose d'inscrire est significatif. Pour certains, la quote-part est même inférieure à la somme des gains nets additionnés aux dépôts.
En avril dernier, d'anciens joueurs de la room sont cette fois convoqués au tribunal de Bobigny pour clarifier leurs prétentions. Lors de ces auditions, ils développent leurs arguments relatifs à l'intégration aux créances des bonus et du rakeback. Seront-ils enfin entendus ? Deux mois plus tard, l'heure n'est pas franchement à l'optimisme parmi les troupes. Les premières ordonnances rendues par le juge-commissaire s'avèrent en effet défavorables pour LaBenve et zebezt.
En attendant d'autres retours, le cas de ce dernier est symptomatique des divergences de vues qui peuvent opposer le juge-commissaire aux joueurs, même si le litige ne porte pas en l'espèce sur la problématique du rakeback mais sur celle des tickets de tournois gagnés aux tables :
zebezt
Je viens à l'instant de recevoir l'ordonnance du juge-commissaire. Elle m'est défavorable. J'ai dix jours pour faire appel, cette fois-ci auprès du greffe de la cour d'appel de Paris et en passant obligatoirement par un avocat. Ma créance dépasse en effet le seuil des 4 000 €.
Mon cas diffère sensiblement de la majorité des autres joueurs, puisqu'en l'espèce ce sont 3 100 € gagnés en tickets qui me sont refusés comme créance, au motif (fallacieux) que l'art 5.3 des CGU stipule que le solde du compte joueur s'entend des avoirs disponibles majorés des crédits de jeux qui lui ont été éventuellement accordés. "Ces crédits de jeux ne peuvent toutefois donner lieu à un reversement sur le compte Reversement".
Il n'a pas été tenu compte du fait que mes tickets avaient été gagnés loyalement aux tables et non pas "accordés" au motif d'une quelconque opération commerciale de type ristourne, bonus, offre de bienvenue. Sachant que les tickets gagnés aux tables d'EuroPoker étaient sans limitation de durée et interchangeables, j'avais constitué un petit stock. Mais impossible de l'écouler dans les derniers mois, les tournois s'y rapportant fondant plus rapidement que la calotte glaciaire arctique en été.
Il me reste quelques jours pour me trouver un avocat et faire appel auprès du greffe de la cour d'appel de Paris.
Désolé de jouer les oiseaux de mauvaise augure, mais je vois pas de quoi vous parlez. A part un joueur toujours en procédure, l'affaire est totalement close à tous niveaux. Il n'y a donc plus d'argent à récupérer, ni de créancier joueurs à rembourser pour les instances.
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