- Introduction
- I. La surrelance preflop (3bet)
- I.1. Les mathématiques de la surrelance
- I.2. Les problèmes de tailles
- I.3. Pourquoi surrelancer ?
- I.4. Avec quelles mains faut-il surrelancer en bluff ?
- II. Le 5bet à tapis et son impact sur notre range de surrelance
- II.1. Le problème du 4bet
- II.2. Le 5bet à tapis (5bai)
- II.3. Quelques ranges de surrelance
- III. Jouer postflop
- III.1. Le flop : avoir conscience de sa range et de celle de l'adversaire
- III.2. Manipuler la taille du pot
- III.3. Avoir un plan et l'appliquer
- Conclusions sur la défense de blind en surrelançant
Cet article est la suite de l'article précédent : "Défendre ses blinds I : en suivant". Je conseille de lire l'article précédent avant de lire celui-ci. Il est destiné à un public plus large, il est en effet assez facile d'appliquer certains conseils dès la NL100. En outre, une partie des conseils et des analyses n'est pas propre à la défense de blinds, et peut donc s'appliquer à tout pot surrelancé. Je ne parle ici que de cash-game à 100BB deep. La taille des tapis a une importance critique. Le concept concerne essentiellement jeu en short-handed (5-6 joueurs) sur le net.
Qu'est-ce que la défense de blind ?
Tout d'abord je rappelle, comme dans le premier article, que structurellement il est impossible, lorsque bouton et cut-off sont des joueurs compétents, de rendre positif SB/BB sur le long terme : l'avantage de la position est trop fort et le coût des blinds trop élevé.
J'ajoute deux remarques :
- On ne parle de défense de blinds que lorsque celles-ci sont effectivement attaquées. Il n'est pas question de défendre nos blinds face à un joueur 15/12/3 qui ne vole que 15-20% puisque, par définition, ce joueur n'attaque pas les blinds !
- De même, on ne défend pas ses blinds face à un fish. Défendre ses blinds revient à se mettre volontairement dans un spot marginal puisqu'on est hors de position. Cela n'est justifiable que si le joueur qui attaque les blinds est capable d'exploiter une faille dans notre jeu consistant à ne pas défendre nos blinds. Ce n'est évidemment pas le cas lorsque notre adversaire est un fish. Contre un fish, on joue en position.
Introduction
Il y a quelques mois j'ai eu l'occasion de jouer une main assez intéressante en NL1000 sur Ongame. Mon adversaire était 21/16/4, et nous n'avions aucun historique. Vous allez me dire : "pourquoi une telle main en introduction ?". Ce n'est même pas une situation de vol, et c'est bien pire : CO vs UTG ! Parce que, du coup, elle est encore plus choquante, et qu‘en plus c'est celle qui fut un déclic pour moi.
Vilain (OTB) ($2,075)
Hero (UTG) ($1,067)
Dealt to Hero
Hero raises to $30
fold,
Vilain raises to $105
fold, fold,
Hero raises to $220
Vilain raises to $2,075 (AI)
Hero calls $847 (AI)
FLOP ($2,149)
TURN ($2,149)
RIVER ($2,149)
Hero shows
(Pre 47%, Flop 26.2%, Turn 27.3%)
Vilain shows
(Pre 53%, Flop 73.8%, Turn 72.7%)
Vilain wins $2,146
Sur le moment cette main m'a passablement énervé. Mon adversaire n'était pas un fish, il semblait plutôt être un joueur correct. Des pensées telles que "Non seulement il a la chance d'être en face de et pas , mais en plus il gagne le flip ! Quel fish ! " ont traversé mon esprit. En bon joueur de MSNL, la surrelance avec me semblait mauvaise et le tapis avec me semblait horrible...
En fait, ce n'est pas le cas : la surrelance avec est mauvaise que parce que le push est obligatoire : la taille de mon 4bet (et ma présence à cette limite) montre clairement que je sais 4bet light, et mon adversaire a donc suffisamment de fold equity et d'equité contre ma range pour pouvoir aller à tapis avec dès que je 4bet plus de 50% en bluff.
Lorsque j'ai compris cela, je me suis rendu que toute ma stratégie de surrelance preflop avait besoin d'être revue et que je n'en avais pas saisi certaines subtilités. J'ai du coup reconsidéré toute ma stratégie de surrelance preflop et découvert un certain nombre de failles dans mon jeu. En particulier, j'ai commencé à beaucoup plus adapter mes ranges de surrelance à mes adversaires, en me rendant compte que face à certains joueurs je préférais surrelancer s et suivre avec . Cet article est le résultat de cette réflexion, adapté à une situation particulière : la défense de blind.
I.1. Les mathématiques de la surrelance
Choisir entre se coucher, suivre et surrelancer revient théoriquement à comparer trois espérances de gain. Celle du fold est de 0, les deux autres ne peuvent pas être calculées mathématiquement. Néanmoins, il est possible de les estimer, mais il faut prendre en compte de nombreux paramètres tels que le PSR le plus intéressant pour notre main, la showdown value de notre main ou son equité preflop face à la range de notre adversaire. Dans tous les cas, pour bien comprendre ce qui se passe, il est intéressant d'étudier l'équation d'un 3bet pour en tirer quelques conclusions.
L'espérance de gain d'une surrelance
Pour rappel, l'espérance de gain d'un 3bet se "calcule" de la façon suivante dans le cas "simple" de BB alors que SB s'est couché :
Ev(3b)=Proba(4bet)*Ev(4bet)+Proba(call3bet)*Ev(call3bet)+(1-Proba(4bet)-Proba(call3bet))*(taille du pot)- coût du 3bet
en tenant en compte du 3b dans la taille du pot.
Il existe différentes façons de faire ce calcul mais, rassurez-vous, elles sont toutes équivalentes et donnent toutes le même résultat. Cette façon est celle qui me parle le plus, c'est pourquoi je l'ai choisie.
Lorsque Proba(4bet)*Ev(4bet)+Proba(call3bet)*Ev(call3bet)<0, cela veut dire que vous bluffez ! Cela semble évident, mais dans certains cas il est important de s'en souvenir parce que cela dépend essentiellement des ranges de votre adversaire. Prenons un exemple complètement caricatural : Bouton vol avec 100% de ses mains, il se couche systématiquement face à une relance, il ne 4bet que et bien entendu suit un tapis en cas de 5bet. Dans cette situation, si l'on 3bet avec , on transforme notre main en bluff : Proba(call3bet)=0 et même si Proba(4bet)=0.5% (il ne 4bet que ), Proba(4bet)*Ev(4bet)<0 : leur somme est négative, c'est un bluff. Dans la réalité, un 3bet avec n'est jamais un bluff. En revanche c'est beaucoup moins clair avec une main comme o face à certains adversaires. Cela ne veut pas dire qu'il est nécessairement mauvais de transformer certaines "bonnes" mains en bluff, mais il faut en avoir conscience.
Ne faites pas l'erreur de ne pas prendre en compte Proba(4b)*Ev(4b). Comme dans l'exemple précédent, ce qui fait que vous transformez une main en bluff, c'est que cette partie de l'équation va être souvent plus négative que Proba(call3bet)*Ev(call3bet) ne sera positive. C'est particulièrement vrai lorsque votre adversaire se couche beaucoup face aux 3bet tout en ayant une range de 4b assez large comportant à la fois des bluffs et des mains avec lesquelles il suivra un tapis. Des mains comme s, s, - sont particulièrement sensibles à ce problème. Je reviendrai sur ce point dans une partie ultérieure.
Enfin, il faut ici séparer le cas de SB et de BB : il faut complexifier l'équation quand on est SB parce que BB peut aussi agir. L'équation devient alors très complexe à écrire puisqu'il faut rajouter les différentes possibilités tout en ne négligeant pas la valeur cachée qu'il y a à faire coucher à BB une paire ou une main qui dominerait la nôtre et avec laquelle il aurait suivi si on avait suivi, et le fait qu'on n'aura pas à commettre l'erreur (au sens de Sklansky) de coucher s lorsque BB squeeze avec s. Lorsqu'on 3bet en bluff alors qu'on aurait couché autrement, cette "valeur cachée" n'existe pas. Par contre lorsqu'on aurait suivi ou surrelancé, cette valeur cachée a une importance cruciale qui à mon avis compense, voire dépasse, le faible pourcentage de cas où BB va agir après un 3bet de SB. J'ai donc tendance à bluffer moins en SB et à jouer plus agressivement des mains tangentes telles que s.
À retenir
- Choisir entre se coucher, suivre ou surrelancer avec une même main revient à comparer 3 espérances de gain. C'est pour cela qu'on considère souvent s "trop bien" pour un 3bet.
- Savoir si vous bluffez ou non ne dépend pas de votre main, mais de l'espérance de gain de votre main si Villain suit. Si vous surrelancez o et que vous savez que votre adversaire couche tout sauf et , vous bluffez.
I.2. Les problèmes de tailles
Lorsque l'on considère l'éventualité de surrelancer un adversaire, il faut prendre en compte plusieurs "tailles" : quelle est la taille du tapis effectif, quelle est la taille du pot, quelle est la bonne taille de votre 3bet ?
Il faut tout d'abord considérer la taille de tapis effectif avec le ou les adversaires. Celle-ci est primordiale dans l'estimation de l'espérance d'un call ou d'une surrelance. On va être hors de position, et si notre adversaire est bon, plus on sera deep, moins on aura de fold equity sur notre 3bet, et plus nos mains très marginales bénéficieront du PSR très élevé en cas de call. Pour prendre un exemple extrême, 100BB deep, face à un bon adversaire, un 3bet avec 84s en BB contre un vol du bouton a souvent une espérance positive, alors qu'un call sera nettement perdant. 300BB deep, un 3bet avec la même main est très certainement perdant par manque de fold equity preflop et sur le flop, alors qu'un call peut être intéressant.
Nos ranges de 3bet doivent varier en fonction du tapis effectif dès qu'on est deep. En effet, si on est 200BB deep ou plus, on peut se retrouver dans une situation délicate même si on touche top pair top kicker ou over pair sur le flop. La position devient alors primordiale. Autant 100bb deep, il n'est pas choquant de surrelancer o contre un vol, autant 250bb deep cela devient beaucoup plus compliqué, surtout si notre adversaire sait utiliser la taille de tapis et la position à son avantage. Plus il est capable de floater/bluffer et de nous mettre la pression en position, plus il est important de bien considérer les mains avec lesquelles on veut le surrelancer : on veut des mains qui ont le potentiel de bien toucher le flop. A9s-A6s, pour leur capacité à donner nut flush ainsi que la présence d'un blocker et la possibilité de faire 2 paires/trips top kicker, sont des mains très intéressantes. Non pas parce qu'elles vont toucher souvent, mais parce que, quand elles vont toucher, on va pouvoir mettre une très grosse pression à notre adversaire avec une main bien déguisée. A contrario, il faut supprimer les purs bluffs de notre range de 3bet.
De la même façon, lorsque nous sommes en situation de squeeze, des différences de tapis importantes entre nos adversaires peuvent avoir de grosses conséquences : se retrouver coincé entre, d'une part, le relanceur preflop qui a suivi le squeeze, et d'autre part, un autre joueur qui a fait un New York Back Raise avec un tapis beaucoup plus petit que le nôtre et que celui de le relanceur preflop, n'est jamais une situation très agréable.
Être deep n'a pas que des désavantages : en anticipant un peu sur iune future section, l'un des plus gros problèmes auquel on peut être confronté concerne les joueurs qui 4bet énormément. Dès qu'on est deep face à un tel joueur, il faut très vite savoir si sa fréquence de 4b reste la même. La plupart des joueurs vont se calmer, nous permettant de surrelancer light très souvent, surtout qu'ils n'ont pas l'habitude de jouer dans des pots 3bet sans l'initiative. Certains vont continuer à 4bet très light, on peut alors utiliser la force du 5bet light : sur la même logique que lorsqu'on est 100bb deep, on peut 5b en bluff assez souvent à x2 x2.5 la taille de la relance initiale avec un très bon ratio risque/récompense.
De plus, lorsque le relanceur initial est du genre à 4bet, il faut prendre en compte la "place qu'on lui laisse pour bluff". Si le cut-off relance à 4BB, que bouton suit, que SB suit, il va falloir surrelancer à 18BB au minimum. Du coup, il est impossible pour le cut-off de 4b sans se commit si on est 100bb deep. Dans cette situation, il peut ne pas avoir de 4bet range ou avoir une 4bet range plus ou moins mergée, comprenant plus ou moins de bluffs. Le problème est que, plus le pot et notre squeeze sont gros, plus les cotes pour suivre seront importantes : dans la situation décrite, si on surrelance à 20BB et que le cut-off part à tapis, les autres joueurs se couchant, alors on a besoin de 38.5% d'equité pour suivre si on est 100bb deep. Avec s ou , cela peut être un vrai dilemme dès que Vilain est assez bon pour bluffer ou merger sa range.
Mais même si nous n'avons affaire qu'à un seul relanceur, la taille de la relance initiale a son importance, du moins son ratio par rapport à la taille des tapis. Face à une relance à 4BB, le pot sur le flop fera entre 25 et 30BB. Face à une relance à 2.5BB il fera entre 14 et 17bb. Plus la relance initiale est petite, meilleures sont les cotes, à la fois pour nous pour suivre et pour notre adversaire pour suivre le 3bet (qui sera plus petit). Plus la relance intiale est grosse, plus le pot sera intéressant à gagner de suite, moins bonnes sont nos cotes pour suivre preflop, moins bonnes seront les cotes pour notre adversaire pour suivre preflop avec une main marginale. Logiquement notre ratio call/3bet devrait être beaucoup plus important face à un petit raise que face à un gros raise.
Enfin, il ne faut pas appuyer sur le bouton "bet pot" lorsque vous surrelancez : cela aurait pour conséquence de faire des 3bet plus importants lorsque vous êtes en position, et moins importants lorsque vous êtes hors de position (dans les blinds). Dans l'absolu nous souhaitons jouer plus de pots en position que hors de position, ce qui est aussi valable pour les pots surrelancés. Considérons la situation du point de vue du joueur qui relance au cut-off et se fait surrelancer alors qu'il a une bonne main mais pas un monstre, s ou par exemple. S'il se fait surrelancer par le bouton, alors il est dans une situation extrêmement délicate et se coucher est parfaitement envisageable avec ces 2 mains, même s'il sait que bouton surrelance avec une range très large face à une relance du cut-off. Si, par contre, il se fait surrelancer par SB ou BB, alors c'est quasiment un call automatique, même si le surrelanceur a une range de 3bet assez restreinte (7-8%).
Comme notre adversaire est susceptible de suivre avec des mains marginales lorsqu'il a l'avantage de la position, il est nécessaire de réduire le plus possible ses cotes implicites preflop lorsque nous surrelançons avec nos premiums. Comme l'on ne veut pas donner d'informations sur nos mains à travers la taille de notre raise, il faut donc faire un gros 3bet lorsqu'on est SB ou BB face à un vol du cut-off ou du bouton. En outre, plus on est deep, plus notre 3b doit être gros.
Il n'existe pas de règle absolue pour définir la bonne taille d'un 3bet. Néanmoins, 100BB deep, relancer à 3 fois la taille du relanceur initial + 1.5BB (ce qui correspond à un PSR si l'on n'était pas dans les blinds) semble assez efficace. Au delà de 100bb, il peut être intéressant de rajouter 1 ou 2BB. Face à une relance à 3BB, 200BB deep, un 3bet à 12.5BB n'est pas aberrant.
À prendre en compte
- Plus le tapis effectif est gros, plus on doit 3bet gros pour protéger nos grosses mains.
- Lorsque plusieurs adversaires sont impliqués, il faut prendre en compte les différentes possibilités offertes à chaque adversaire de par la disparité des tailles de tapis.
- Si notre adversaire n'a plus la place de faire un min4bet, il risque de 4bet à tapis (ce qui peut être positif ou négatif).
- Plus la relance initiale est forte, plus on doit surrelancer plutôt que de suivre. Plus elle est faible, plus on doit suivre.
I.3. Pourquoi surrelancer ?
La première raison pour surrelancer est de surrelancer pour valeur : , par exemple, a une très bonne equité preflop mais, une fois sur le flop, si l'on n'a pas touché un set, alors les mains qui nous donneront de l'action auront en général une meilleure equité qu'elles n'en avaient preflop, à l'exception de top pair top kicker. Un des principes de base du poker étant de réussir à faire grossir le pot lorsque notre equité est maximale, une conclusion logique est : lorsqu'on a (et plus encore ), 1$ misé preflop nous rapporte plus que 1$ misé sur le flop. Cette analyse simpliste est malheureusement compensée par la fold equity et par le continuation bet de notre adversaire. En effet, 1$ misé preflop ne compte en cas de 3bet que lorsqu'on est suivi ou que l'adversaire 4bet. A contrario, si l'on suit, notre adversaire va souvent cbet lorsqu'il n'aura pas touché le flop ; alors la relance ou le call du continuation bet va avoir une EV très élevée. Pour maximiser ses gains avec nos premiums, il va donc falloir estimer les deux espérances de gains (qui dépendent toutes les deux fortement de notre adversaire) et faire notre choix en conséquence.
On peut aussi vouloir surrelancer en bluff ou en semi-bluff. Lorsque notre fold equity est importante, notre surrelance devient positive grâce à cette seule fold equity. Même avec une fold equity plus faible, notre adversaire peut avoir tendance à se coucher trop souvent face à un continuation bet, voire à floater trop souvent avec air pour se coucher face à un second barrel ou à un check/raise à tapis au tournant ou à la rivière. On peut aussi vouloir surrelancer avec une petite paire en semi-bluff face à un adversaire qui ne 4bet pas et se couche beaucoup face aux surrelances : notre fold equity rend notre relance neutre en EV preflop, la range de call de notre adversaire sera très forte, donc quand on touchera notre set on aura de bonnes chances d'être payé.
On peut aussi vouloir surrelancer avec une main comme o dans le but d'aller à tapis preflop pour annuler l'avantage de la position et l'avantage qu'a n'importe quelle paire face à o si on ne voit que 3 cartes du tableau. Vue la taille classique des stacks en cash-game, il est malheureusement impossible d'aller à tapis preflop sans un adversaire coopératif.
Enfin, face à un adversaire qui va peu se coucher face aux 3bet (moins de 60 %) et qui 4bet, on va pouvoir passer d'une range polarisée de 3bet à une range mergée. Pour ce faire, on va utiliser à notre avantage une faille assez fréquente chez la plupart des bons joueurs, de la NL200 à la NL1000 : ils vont quasi systématiquement 4bet + et contre un resteal. La plupart des joueurs vont ainsi avoir un déséquilibre en bonnes mains entre leur range de call de 3bet et leur range de 4bet. Cette faille est d'ailleurs tellement répandue que je pars du principe, jusqu'à preuve du contraire, que mon adversaire a cette faille dès que :
- Il est capable de 3bet light.
- Il a déjà 4bet.
- C'est un bon joueur agressif.
- Il a des défauts ailleurs dans l'équilibre de ses ranges (il se couche trop face à un continuation bet ou n'importe quoi du style).
La preuve du contraire est assez facile à obtenir : dès que vous l'avez vu ne pas 4bet ou , c'est que vous ne pouvez pas complètement sortir ces mains de sa range de call de 3bet.
Ce genre d'adversaire n'aura donc que très rarement mieux que sur un flop king-high ou sur un flop jack-high, puisque + et o font partie de sa range de 4bet. Nous allons donc pouvoir jouer de façon extrêmement agressive des mains comme o, o, :To, o et o. Ce sera efficace pour plusieurs raisons :
- Ces mains tirent grandement parti d'un PSR réduit tel que celui qu'on va avoir dans un pot surrelancé. On va ainsi pouvoir tirer le maximum de valeur d'une main a priori marginale face à une relance alors qu'on est hors de position.
- Lorsqu'on va toucher un flop king-high avec , on aura la meilleure main sur le flop dans 90% des cas au moins. On fait ainsi une relance pour information preflop en la "protégeant" par une range mergée et en utilisant une faille de notre adversaire.
- Cela va rendre beaucoup plus forte notre range de continuation bet sur les flops hauteur dix, valet, dame, roi ou as. Soit 1-32*31*30/(52*51*50) = 77.5% des flops si je ne me trompe pas. On va pouvoir ainsi passer d'une range polarisée de continuation bet à une range mergée.
Dans tous les cas il faut, lorsqu'on surrelance, savoir pourquoi on le fait et par conséquent comment on va jouer la main postflop : si notre adversaire se couche énormément face aux surrelances et suit uniquement avec et +, sans jamais 4bet, cela devient très EV+ de le surrelancer avec , mais s'il suit et que le flop tombe , il vaut mieux ne pas cbet. De la même façon, si on 3bet o et que notre adversaire suit alors qu'il 4bet TT+/AK et qu'il suit beaucoup les 3b avec des connecteurs assortis et des one-gaper assortis, il faut bien sûr cbet et suivre un tapis, ou second barrel au tournant sur un bicolore ou bicolore.
Pourquoi resteal ?
- Parce qu'on pense que l'espérance de gain d'une surrelance avec nos premiums est supérieure à celle d'un call.
- Parce qu'on pense que notre adversaire va se coucher suffisamment souvent pour justifier un bluff avec une main très marginale avec laquelle on ne peut pas suivre, ou un semi-bluff avec une petite paire.
I.4. Avec quelles mains faut-il surrelancer en bluff ?
Tant qu'un adversaire fold à nos surrelances, on veut pouvoir le surrelancer le plus souvent possible, et pas seulement avec nos bonnes mains. Maintenant, il faut maximiser l'espérance de gain de la surrelance tout en prenant garde à ne pas utiliser des mains dont l'espérance du call est supérieure à celle de la surrelance. On veut des mains qui répondent à certains critères :
- Elles ne doivent pas avoir suffisamment d'equité preflop contre la range de vol de notre adversaire, tout en étant facilement jouable postflop, ce qui justifierait un call.
- Elles doivent nous permettre d'aller à tapis au flop, au tournant ou à la rivière en sachant qu'on a la meilleure main ou une bonne equité.
- Elles doivent contenir un ou deux blockers contre la range de call et éventuellement de 4bet de notre adversaire.
- Si notre adversaire est susceptible de 4bet bluff, alors il ne faut pas prendre des mains qui nous obligeraient à 5bet à tapis dans tous les cas avec une faible equité face à sa range de call de 5bet et une faible equité contre sa range de call de 3bet, alors qu'elles ont une equité très forte contre sa range de vol. Ce problème sera amplement abordé dans une partie ultérieure de l'article.
- Elles tirent en partie profit d'un PSR réduit.
Ces critères éliminent d'emblée certaines mains qui faisaient partie de notre range de call de départ telles que les connecteurs assortis ou les one-gaper assortis. En effet, ces mains bénéficient d'un PSR élevé et sont toutes faciles à jouer postflop.
Néanmoins, comme il est logique d'utiliser les mains ayant la meilleure equité possible ET les plus simples à jouer postflop lorsque nous sommes callés, nous allons prendre des mains "dans le même esprit". Les three-gapper assortis, les rois et les as assortis non jouables en call, les dames et les valets assortis sont par exemple d'excellents candidats. Tout est ensuite question d'équilibre entre les différents critères et les différentes possibilités. Si vous pensez que votre bluff est positif preflop, alors autant favoriser les mains avec des blockers même si elles ne touchent que mal le flop, par exemple o Si vous pensez que c'est la combinaison 3bet preflop + continuation bet qui est positive, alors autant choisir des mains qui touchent le plus souvent possible le flop. Si vous ne savez pas trop quoi choisir, prenez un peu des deux et jouez en bluff une range comme celle-ci :
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Enfin les petites paires, avec lesquelles il est difficile de suivre une relance hors de position sans historique particulier, peuvent être utilisées pour surrelancer certains joueurs en semi-bluff. C'est particulièrement vrai face à un adversaire qui se couche beaucoup au face à une surrelance et qui ne 4bet pas : sa range de call est particulièrement forte, nous offrant de bonnes cotes implicites lorsqu'il suit la surrelance et que nous touchons un set, tout en nous garantissant que nous ne faisons pas une grosse erreur à check/fold au flop dans la plupart des cas. Nous nous servons ainsi de la force de la range de call de notre adversaire de deux façons : elle nous assure suffisamment de fold equity preflop pour que notre surrelance soit EV+ par essence ET elle nous garantit de bonnes cotes implicites lorsqu'il nous call et que nous touchons notre set. C'est d'autant plus important que, face à un tel adversaire, nous allons souvent nous trouver dans des situations difficiles même avec nos bonnes mains : sur bicolore avec , il y a peu de valeur à prendre avec un continuatioin bet si la range de call de surrelance de notre adversaire est s, et les paires et supérieures, et qu'il part à tapis avec un tirage couleur max + over cards, set, over pair, tout en couchant tout le reste. Sur ce board, et ont presque exactement la même equité face à la range de tapis de notre adversaire et quasiment la même face à la range de call de la surrelance...
N'hésitez pas à resteal tout joueur qui vole souvent et qui se couche facilement face à une surrelance ou à un continuation bet. Soyez attentif à ses réactions mais ne les anticipez pas trop. Certains joueurs ne vont jamais s'adapter, auquel cas il n'est nul besoin de s'arrêter. Ne faites pas confiance à la stat de 'fold to 3b' tant que vous n'avez pas un échantillon suffisant. Cette statistique met très longtemps à converger. Ce n'est pas parce que vous avez vu un joueur ne pas se coucher trois fois de suite à un surrelance qu'il ne se couche jamais. Prenez en compte votre fold equity sur le continuation bet. La plupart des joueurs de NL200 qui se couchent beaucoup face aux surrelances vont par exemple réagir en commençant à suivre plus souvent, mais en restant très serrés sur le flop pour suivre le continuation bet. Enfin, n'ayez pas trop peur d'avoir une range totalement déséquilibrée vers les bluffs dans un premier temps : ce n'est pas parce que potentiellement cela crée un leak facilement exploitable avec des 4bet bluffs que votre adversaire va exploiter cette faille. Attendez de le voir 4bet un peu trop souvent avant d'adapter votre range en fonction.
Les bons candidats à une surrelance en bluff
- A9s-A6s sont des mains qui ne touchent pas assez souvent le flop pour qu'un call d'une grosse relance (3.5BB et plus) preflop soit logique. Elles permettent d'aller à tapis facilement lorsqu'on touche un tirage couleur, elles contiennent un as, le meilleur blocker. Ces mains sont à favoriser quand on est deep.
- Les mauvais connecteurs assortis ( s, et ), one-gapper assortis ( s, s et s), two-gappers assortis ( s, s et s) et les three-gappers assortis ( s, s et s) ne touchent pas assez souvent et assez bien le flop pour que caller une relance hors de position soit EV+. Ils peuvent être utilisé pour surrelancer, que l'on soit deep ou pas.
- K9s-K2s, Q9s-Q2s, J7s-J2s tirent profit d'un PSR réduit, donnent de bon FD et contiennent des blockers.
- Contre un adversaire qui folde beaucoup, A9o- et les mauvais broadways ( o, o, o, o et o) offrent l'assurance de faire un bluff avec de bons blockers. Ces mains ne devraient pas être surrelancées si l'on est deep.
- Contre un adversaire qui se couche beaucoup, les connecteurs dépareillés permettent aussi de toucher de bons flops de façon assez déguisée, mais ils n'offrent pas de blockers. Ces mains ne devraient pas être surrelancées si l'on est deep.
- En semi-bluff, les petites paires sont de bonnes candidates à une surrelance si notre adversaire ne 4bet pas et suit uniquement avec une range très forte. Deep, elles gagnent de la valeur mais aussi bien en call qu'en surrelance.
II.1. Le problème du 4bet
Certains adversaires vont utiliser de façon efficace le 4bet pour rendre toute ligne de type 3bet/fold perdante. L'équation est assez simple :
Dans X% des cas lorsqu'on va surrelancer en BB, cela va donner : cut-off relance à 3BB, bouton se couche, SB se couche, BB surrelance à 11BB, cut-off 4bet à nBB, BB folds. Pour simplifier, dans un premier temps, on va supposer que lorsque cut-off ne 4bet pas il se couche. Si notre plan au début de la main est de se couche, alors notre ligne devient négative lorsque (1-X)x4.5-Xx10<0, soit X>31%. La même équation en SB donne X>4.5/15 soit X>30%.
Le fait que notre adversaire suive de temps en temps ne change pas grand chose au problème, et aurait même plutôt tendance à l'aggraver dès lors qu'il arrive à rendre ses calls neutres. Supposons qu'il suivre dans Y% des cas et que Ev(call3bet) = 0 alors l'équation devient : (1-X-Y)x4.5-Xx10<0 soit X > 4.5 x (1-Y) / 14.5 (Y étant son pourcentage de call). Avec Y = 10 % on obtient X>27.8%, avec Y = 20% on obtient X > 24.8 %, avec Y = 30 % on obtient X > 21.7 %.
A première vue, ces chiffres peuvent paraître énormes. Ce n'est pas le cas. Considérons une range d'ouverture de l'ordre de 30% (ce qui correspond à la range d'open raise d'un semilag du cut-off, ou d'un TAG au bouton). Pour rendre EV- une ligne du type 3bet / fold de BB/SB, il peut utiliser l'ensemble des solutions suivantes : 4bet 31 %, soit 9% en range, c'est-à-dire ( +, o, s+) pour valeur et ( o+, A2s-ATs) en bluff sans jamais avoir à suivre un 3bet ; 4bet 25%, soit 7.5% en range soit (AK, TT+) for value et (KTo-KJo, A2s-A9s) en bluff, et call avec 20% de ses mains soit 6% en range, c'est-à-dire (99-88,AQs-ATs,KJs+,QJs,JTs,T9s,AQo-AJo,KQo) par exemple ; il peut enfin vouloir équilibrer sa range de call de 3bet et donc utiliser une range du style (99+/2, AQo+, AJs+) pour valeur et (KJo, QTo, A2s-A9s, K9s) en bluff, tout en gardant une range assez forte de call (99/2, 88,AJs-ATs,KJs+,QJs,JTs,T9s,98s,AJo,KQo) ou "99+/2" signifie qu'il call/4bet une fois sur deux dans ce cas. Avec de telles ranges de call de 3bet, il arrivera sans problème à rendre un call neutre ou positif pour lui si on utilise une range de 3b assez large (et particulièrement lorsqu'on bluffe). Bien sûr, plus votre adversaire est serré, moins il sera possible de le 3bet efficacement en bluff si jamais il 4bet souvent. Le tableau suivant présente les différentes stratégies utilisables par un joueur en fonction de sa range d'open raise, la première ligne de chaque case correspondant à la range de 4bet/call, la deuxième à la range de 4bet/fold la troisième à la range de call de 3bet :
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NB : Ces ranges ne sont pas parfaites, elles sont juste là pour donner un ordre d'idée de ce qu'il est possible de faire pour "défendre" son vol et empêcher quelqu'un de 3bet/fold. Je n'ai pas par exemple vérifié qu'il était logique de 4bet/fold s dans certains cas. J'ai toutefois pris garde à ne pas inclure une main comme s dans la range de 4bet/fold même dans le cas d'une stratégie 30% 4bet, 0% call. De la même façon, je n'ai pas pris systématiquement les meilleures mains pour 4bet bluff (entre autres parce que o est sans doute mieux que o, par exemple).
Un tel tableau donne une idée des ranges que l'on peut utiliser pour "défendre" une relance face à une surrelance. Il faut bien comprendre qu'il définit le point d'équilibre. Face à un joueur qui relance exactement 20% de ses mains au cut-off et qui 4bet exactement 30%, une surrelance n'est pas EV-, il est juste neutre. Toutefois, il suffit que le joueur en question bluffe un tout petit peu plus en 4bet ou qu'il suive de temps en temps pour qu'un 3bet/fold soit EV-. Comme les fréquences de bluffs sont franchement variables suivant la situation et l'historique récent, et qu'on ne peut jamais les définir précisément. Il vaut mieux retenir que face à un joueur qui 4bet beaucoup, il ne faut pas surrelancer une main comme s dans l'intention de se coucher. Pour les joueurs qui fondent beaucoup leurs décisions sur les stats de leur tracker, il est d'ailleurs essentiel de prendre en compte la stat de 4bet pure et pas seulement la stat de "4bet range" pour bien analyser le jeu de son adversaire.
Il existe plusieurs façons de contrer un joueur utilisant une stratégie de 4bet intensif. En tant que tel, ce n'est pas une stratégie si efficace lorsque le relanceur initial est en position : il abandonne l'avantage de la position, puisque toutes les mains seront résolues par un tapis preflop ou un fold d'un des deux joueurs. Néanmoins, si on ne sait pas comment s'adapter et qu'on ne modifie pas nos ranges en conséquence, un tel adversaire peut poser de nombreux problèmes. Il est difficile d'avoir une idée précise de sa range de 4bet/call 5bet à tapis et de la part de bluffs dans sa range de 4bet, d'autant plus que cela dépend franchement de la situation. Face à un joueur qui fold beaucoup aux surrelances mais que l'on soupçonne de 4bet beaucoup, nous sommes devant un choix difficile : continuer à le 3bet light en espérant qu'il n'augmente pas sa fréquence de 4bet au-delà de 30%, ou adapter nos ranges de surrelance et de 5bet en partant du principe qu'il va beaucoup 4bet, y compris en bluff, l'idéal étant alors de l'avoir déjà vu 4bet/fold auparavant.
OR % | 30%+ 4bet, 0% call | 25% 4bet, 20% call | |
---|---|---|---|
20 % | 4bet/call | JJ+,AKs,AKo | QQ+,AKs,AKo |
4bet/fold | A2s-AJs | ATs-A2s | |
call 3bet | Rien | JJ-99,AJs,KJs+,QJs,JTs,T9s,AQo | |
25 % | 4bet/call | TT+,AQs+,AKo | TT+,AKs,AKo |
4bet/fold | AJs-A2s,KQo | A9s-A2s,KTs,KQo | |
call 3bet | Rien | 99-88,AQs-AJs,KJs+,QTs+,J9s+,T9s,98s,87s,AQo-AJo | |
30 % | 4bet/call | 99+,AKo, AJs+ | TT+, AKo, AQs+ |
4bet/fold | KJo+, A2s-ATs | KTo-KJo, A2s-A9s | |
call 3bet | Rien | 99-88,AJs-ATs,KJs+,QJs,JTs,T9s,98s,AQo-AJo,KQo | |
35 % | 4bet/call | 88+,AQs+,AQo+ | 99+,AQs+,AKo |
4bet/fold | AJs-A2s,KJs+,AJo,KQo | A9s-A2s,K9s-K8s,ATo,KJo | |
call 3bet | Rien | 77,AJs-ATs,KTs+,QTs+,J9s+,T8s+,97s+,86s+,76s,AJo,KQo | |
40 % | 4bet/call | 88+,AJs+,AQo+ | 99+,AQs+,AQo+ |
4bet/fold | ATs-A2s,KJs+,ATo,KJo+ | A8s-A2s,K9s,A9o-A7o | |
call 3bet | Rien | 88-66,AJs-ATs,KTs+,QTs+,J9s+,T8s+,97s+,86s+,76s,AJo,KQo |
Prendre en compte le risque de 4bet
- Dès qu'un adversaire est susceptible de nous 4bet light à une fréquence élevée, la surrelance en bluff ou en semi-bluff est inefficace même s'il se couche beaucoup aux surrelances.
- Tout joueur qui 4bet light va nous 4bet très souvent dans certaines situations, par exemple lorsqu'on l'a beaucoup surrelancé.
- Tout joueur qui, 100bb deep, nous 4bet entre 2 et 2.5 fois la taille de la relance initiale est susceptible de nous 4bet light.
- Face à un joueur qui 4bet light, il faut donc adapter nos ranges pour 3bet/fold moins souvent.
II.2. Le 5bet à tapis (5bai)
Lorsque nous sommes face à un adversaire capable de faire un 4bet preflop de la bonne taille assez fréquemment (cf. mon article sur le 4bet preflop), cela doit avoir un impact direct sur nos ranges de surrelance. Tout d'abord, parce que nous allons avoir envie de le 5bet à tapis avec certaines mains telles que + et . Pour cela, il faut bien sûr que ces mains soient effectivement dans notre range de 3bet. Ensuite, parce que si notre adversaire sait faire un 4bet de cette taille, c'est parce qu'il s'est posé un minimum de questions sur le jeu preflop. On peut donc légitimement supposer qu'il sait que le 4bet preflop est un bluff efficace, et que donc il bluffe au moins de temps en temps. Bien entendu, le mieux est de le voir se coucher après avoir 4bet au moins une fois pour en être sûr. C'est particulièrement nécessaire en NL100/200. Enfin, il faut bien comprendre que le 4bet preflop est pour lui une arme qui vise à répondre à notre taux de 3bet élevé. Du coup, comme il est complètement irréaliste, 100bb deep, de suivre un 4bet hors de position, il faut bien considérer que notre seule parade face à un 4bet est le 5bet à tapis.
Savoir 5bet bluff est une bonne chose. Malheureusement, le 5bet bluff est quelque chose de beaucoup trop contextuel pour pouvoir donner ne serait-ce que des principes généraux. Aussi, le but de cette partie ne sera pas de donner des méthodes ou des recettes pour 5bet bluff au bon moment ou avec la bonne main. De toute façon, ce n'est pas important. La seule chose importante quand on considère le problème du 4bet (et donc du 5bet), c'est de bien comprendre pourquoi avec mon adversaire devait 5bet bluff face à ma range dans l'exemple de l'introduction.
En préambule, je vais quand même faire une remarque sur les ranges de 5bet. Dans la plupart des cas, il vaut mieux avoir une range de 5bet polarisée que totalement mergée. Pourquoi ? Parce que si votre adversaire vous voit 5b avec AQo, alors sa reaction devrait être "cool, quand je 4bet/call avec o j'ai une très bonne equité" et il ne va rien changer à ses ranges ou presque (inclure s, à la limite, mais bon). On ne gagne rien à avoir une range mergée, on peut même y perdre. Par contre, lorsqu'il vous voit 5bet avec s, il va se dire "Quand je 4bet/fold avec o, je fais parfois une très grosse erreur". En plus, un pur 5bet bluff est de loin le meilleur bluff pour stack au poker : c'est celui qui choque le plus, et si votre adversaire prend des notes, soyez sûr que vous allez avoir comme note "can 5b Q3s BB vs CO 100bb deep" ; du coup, on peut avoir une fréquence de 5bet bluff très faible. C'est celui qui coûte le moins cher, on a toujours de l'equité alors que, quand on part à tapis avec o en bluff sur arc-en-ciel et que vilain a ...
Quant au 5bet pour value, il vaut mieux avoir une idée de la range de notre adversaire. Certes, les HUD peuvent aider, mais il faut savoir que, d'une part la stat de 4bet et 4bet range met très longtemps à converger, d'autre part un 4bet bluff est essentiellement dicté par la situation (particulièrement l'historique récent et le joueur qui 3bet). Cela a pour conséquence que les statistiques nous sont de peu d'utilité dans ce cas (sauf quand elles sont extrêmes sur un échantillon conséquent). Avoir un read et prendre des notes est essentiel pour estimer la range de votre adversaire ("Steal 100bb, 4b/c AQo, 99+" par exemple).
Le 5bet à tapis présente un certain nombre d'avantages :
- Nous annulons complètement l'avantage de la position dont bénéficiait notre adversaire.
- C'est le meilleur moyen de jouer ses premiums.
- Nous pouvons l'empêcher de 4bet bluff impunément pour le contraindre à un ratio bluff/value raisonnable sur ses 4bet.
- Notre adversaire ayant à prendre la dernière décision (suivre ou se coucher face au tapis), il est en position de commettre les erreurs les plus coûteuses.
- C'est dans cette situation que j'ai le plus vu d'erreurs coûteuses commises par de bons regulars de Middle stakes No Limit.
Mais le 5bet à tapis pose aussi des problèmes : face à un adversaire dont la range de 4bet est très polarisée on peut, en surrelançant une main qui a une equité correcte contre la range de call de 5bet de notre adversaire, être obligé de 5bet à tapis : il nous est impossible de suivre, et l'espérance de gain d'un 5bet à tapis est positive à cause de la fold equity et de l'equité en cas de call. Cela est essentiellement dû au fait qu'il y a déjà beaucoup de dead money au moment où l'on doit prendre notre décision. Pourtant ce n'est pas forcément la façon la plus efficace de jouer certaines mains : dans certains cas il sera certes EV+ de partir à tapis avec une main, mais cela ne sera alors que marginalement gagnant et uniquement à cause de la dead money. Avec ces mains, surtout si la fréquence de 4bet de notre adversaire est élevée, il sera alors souvent plus intéressant de suivre ou de se coucher preflop que de surrelancer.
L'équation du 5bet à tapis
On suppose une situation où nous sommes 100bb deep et où notre adversaire a relancé à 3BB au bouton ou au cut-off, nous sommes en BB, nous le relançons à 11BB et il nous relance à 23BB, si dans ce cas on va à tapis, alors :
Quand il se couche, on gagne : fold equity x ( 23 + 0.5 + 100)
Quand il suit, on gagne : (1 - fold equity) x équité vs range de call x 200.5
Et cela nous coûte 89.
Donc EV(5bet à tapis) = FE x ( 23 + 0.5 + 100) + (1 - fold equity) x équité vs range de call x 200.5 - 89
Pour la suite de l'article, sauf précision contraire, j'utilise toujours ces hypothèses pour tous les calculs concernant les 5bet.
Comme il est bon d'avoir quelques ordres de grandeur en tête, voici un tableau qui donne quelques valeurs montrant le lien entre fold equity nécessaire et equité contre la range qui va nous suivre. J'ai commencé à 20 % et fini à 40 %, parce qu'il est impossible d'avoir moins de 20 % d'equité preflop contre une range de + / (21.6 % avec , 18.7 % avec ) et qu'à partir de 44.5 % environ, on n'a plus besoin de fold equity pour que partir à tapis soit profitable.
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Lorsqu'on regarde ce tableau, on se rend compte que toutes les mains qui ont plus de 30 % d'equité face à la range de call de notre adversaire posent de gros problèmes dès lors que l'on sait que notre adversaire va 4bet bluff de temps en temps. Dans l'exemple de l'introduction, mon adversaire avait 34.6 % d'equité contre ma range de 4bet/call, sachant que je 4bet bluff avec un as assorti très souvent dans cette situation et que je ne 4bet pas tout le temps +... Avec s il aurait eu 28.6 %, le problème aurait été le même. Dès lors que l'on sait que notre equité n'est pas suffisante pour justifier un tapis et qu'on a besoin de la fole equity, cela signifie qu'on bluffe. C'est pour cette raison que face à certains adversaires, un 3bet avec certaines mains oblige à 5bet bluff en cas de 4bet. Il est particulièrement important d'en avoir conscience avec les petites paires et les mains telles que s et, dans une moindre mesure, s ou o, pas pour les 5bet à tapis de façon systématique, mais au contraire pour ne pas surrelancer !
Dans la réalité, avec un peu d'expérience, on apprend à anticiper sur les 4b de nos adversaires. On sent quand notre adversaire va avoir très envie de nous 4bet tout simplement parce qu'il est frustré par nos surrelances. Cela peut être utilisé de plusieurs façons :
- On peut merger notre range de 5bet à tapis tout en polarisant notre range de 3bet 50/50 entre les mains avec lesquelles on va 5bet et celles qu'on va folder. On va par exemple 3bet/5bet à tapis avec et 3bet/fold o.
- On peut prendre une range de 5bet polarisée, mais avec des mains qui auront une equité correcte contre sa range de call et en gardant le 50/50. On va par exemple ne pas 3bet avec pour ne pas avoir à aller à tapis et 3bet/5bet à tapis en bluff avec A7s.
- On peut prier pour avoir suffisamment vite une bonne main pour 3bet/5bet à tapis en espérant que notre adversaire n'aura pas le temps de noter une variation forte dans notre fréquence de 3bet. On ne vas plus 3bet en bluff et espérer toucher + ou suffisamment tôt.
Equité vs range de call | 20 % | 25 % | 30 % | 35 % | 40 % |
Fold equity nécessaire pour que EV(5bet à tapis)>0 |
58.6 % | 53 % | 45.6 % | 35.3 % | 20.3 % |
Décomposition de notre range de surrelance
Dès que nous avons vu notre adversaire 4bet au moins une fois, ce qu'il faut par dessus tout éviter c'est de se retrouver dans une situation où un 3bet avec une main nous oblige à 5bet à tapis : il ne faut pas surrelancer un adversaire qui 4bet bluff souvent avec ou si l'on ne veut pas aller à tapis preflop avec ces mains. Il vaut bien mieux surrelancer s et ensuite décider si on veut 5bet à tapis en bluff ou pas face à un 4bet. Notre range de 3bet doit donc se décomposer en 4 blocs que l'on doit toujours avoir à l'esprit :
- Une range de 3bet/5bet pour valeur : Ce sont les mains de notre range avec lesquelles on veut aller à tapis preflop si l'adversaire nous en offre la possiblité. Par exemple + / .
- Une range de 3bet/5bet en bluff lorsque les conditions nous semblent optimales mais avec laquelle on pourra quand même décider de bluff ou pas suivant la taille du 4b et d'autres facteurs (timing tell). Cette range est idéalement composée de mains ayant de l'equité contre la range de call de 5bet de notre adversaire et des blockers. Par exemple , , et .
- Une range de 3bet/fold pour valeur : ce sont des semi-bluffs où on va utiliser le 3bet pour définir la range de notre adversaire tout en réduisant le PSR. Il est essentiel que ces mains n'aient pas l'equiténécessaire pour justifier un 5bet à tapis. Par exemple o+, o.
- Une range de 3bet bluff.
Suivant l'adversaire et la dynamique, toutes ces sous ranges peuvent éventuellement être vides. En particulier la range de 3bet/5bet bluff est logiquement vide tant qu'on n'a pas vu notre adversaire 4bet suffisamment souvent et que la dynamique du jeu ne se prête pas à un 5bet bluff. De même, les ranges de 3bet/fold doivent être vides si l'on pense que notre adversaire va très souvent 4bet.
II.3. Quelques ranges de surrelance
Face à un inconnu, si nous ne faisons rien, les statistiques de fold vs surrelance, pourcentage de 4bet et range de 4bet vont mettre très longtemps à évoluer. La taille de l'échantillon en nombre total de mains a moins d'importance sur ce point que la taille de l'échantillon en nombre de fois où la situation s'est produite. En dessous de 10 occurrences, cette statistique ne veut pas dire grand-chose, entre 10 et 30 c'est juste un vague indice. J'ai donc tendance à me dire qu'il faut "faire converger" cette statistique en étant assez agressif sur mes surrelances. En particulier, lorsque mon adversaire s'est tout le temps ou presque (4/4 ou 9/11) couché face à une surrelance, je n'hésite pas à surrelancer énormément SB/BB vs bouton.
Être très agressif donne un autre avantage : en remplaçant une statistique générale par un read sur le comportement d'un joueur contre moi, j'évite les défauts engendrés dans les stats par un métagame particulier vis-à-vis de tel ou tel adversaire très agressif. Un joueur peut nous apparaître comme callant énormément les 3bet parce qu'un mois plus tôt on a joué avec lui à une table où un fish maniaque min3bettait 50% de ses mains et avait la position directe sur lui : notre adversaire étant bon, il en était conscient et donc ne relancer que pour 4bet ou pour suivre le min3bet. Cela permet aussi d'avoir des données que ne pourrait pas fournir un tracker : la nature de la range de call et de celle de 4bet par exemple, ou le fait que tel adversaire 4bet beaucoup hors de position, mais jamais s'il est en position. Enfin il faut bien comprendre que, de toute façon, aucun joueur n'a une fréquence de fold aux surrelances fixe dans le temps et indépendante de son adversaire, de même pour sa fréquence de 4bet (sauf si elle est nulle).
A partir de ce simple constat, je 3surrelance tant que je pense que ma surrelance est EV+, et je le fais quelle que soit ma fréquence de 3bet, sans me soucier d'un éventuel ajustement de mon adversaire, et ce tant qu'il ne m'a pas prouvé qu'effectivement il s'adaptait. Néanmoins, dès que j'ai une idée du comportement général de mon adversaire face à une surrelance, j'adapte mes ranges de surrelance en tenant compte des principes que j'ai énoncés dans les parties précédentes.
Le tableau suivant est là pour vous donner une idée des mains avec lesquelles on peut surrelancer un adversaire donné en fonction de deux paramètres : sa fréquence de fold aux surrelances et sa range supposée de 4bet pour valeur et la part de bluff dans cette range. Dans la réalité, il est encore nécessaire d'adapter ces ranges au comportement de notre adversaire postflop (suivant qu'il va beaucoup se coucher face à un continuation bet ou systématiquement floater par exemple) et au tapis effectif, ainsi qu'au fait qu'on soit SB/BB ou qu'on veuille garder telle ou telle main dans notre range de call, ou qu'au contraire on ne veuille pas suivre avec telle ou telle main.
Dans chaque case du tableau j'ai repris la décomposition de notre range de surrelance en 4 ranges de 3bet/5bet pour valeur, 3bet/5bet en bluff, 3bet pour valeur mais fold to 4bet, 3bet bluff telles que décrites dans la partie précédente. J'ai mis une "sous-range" par ligne. J'ai indiqué le pourcentage de surrelance correspondant, ainsi que l'EV de notre range de 5bet à tapis face à la range de call de 5bet à tapis de notre adversaire (quand c'était possible) et la fold equity dont disposait notre adversaire sur ses 4bet. Je tiens à préciser que ces ranges sont très très loin d'être parfaites. Entre autres parce que si notre adversaire s'adapte, elles sont très facilement exploitables, et ensuite parce que je n'ai pas particulièrement vérifié leur cohérence. De toute façon, dans la vraie vie, il ne faut pas avoir de range de 3bet toute faite. Ce tableau est fait pour vous donner une idée de à quel point il est logique de varier ses ranges de surrelance en fonction de l'adversaire, PAS pour être appliqué tel quel ! 4bet 50 % AQ+/88+ 75 % bluff veut dire que notre adversaire 4bet pour valeur une fois sur deux avec AQ+/88+ et qu'il a 75 % de bluff dans sa range de 4bet. Enfin une dernière précision : j'ai construit ces ranges en supposant que j'étais en BB, et que j'étais face à un adversaire qui relance du bouton et dont la range de vol au bouton est de 40 %. Les calculs d'EV ont été fait en supposant une relance à 3BB, une surrelance à 11BB et un 4bet à 24BB, 100bb deep.
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Quelques remarques sur ce tableau :
- On notera que o ne fait pas partie de la range de 3bet/5bet à tapis contre un joueur qui ne 4bet que et +. o n'a que 40 % contre cette range, et si on est sûr d'être suivi, on n'a pas l'equité nécessaire pour justifier un tapis (si mes calculs sont bons).
- À l'autre extrême, si notre adversaire 4bet tout le temps mais qu'il ne suit que dans 25% des cas, on peut tranquillement aller à tapis avec n'importe quelle main puisqu'on gagne suffisamment lorsqu'il se couche et qu'on a suffisamment d'equité face à sa range de call.
- Ces deux points permettent de comprendre à quel point donner des ranges est absurde : si on 3bet/5bet à tapis n'importe quelle main, notre adversaire va vite arrêter de 4bet/fold. A contrario, on ne peut jamais connaître la range de 4bet d'un adversaire ni savoir avec certitude qu'il ne bluffe pas, il est donc quasiment impossible avec o de ne pas surrelancer sous prétexte "qu'on ne veut pas transformer notre main en bluff", à part si l'on pense que notre adversaire ne surrelance que et , et encore faut-il qu'il ne suive pas avec des mains dominées trop souvent...
- Dans la ligne "4bet 100 % AQ+/88+ 50 % bluff", on est face à un adversaire qui 4bet presque trop pour qu'on puisse se coucher. J'ai donné trois stratégies différentes en fonction de son pourcentage de call. La première a pour but de ne pas surrelancer ou presque en tirant le maximum de value de nos 3bet/5bet à tapis, la deuxième a pour but de 3bet/5bet en bluffant très souvent, la troisième a pour but de bluffer en 3bet mais sans bluffer en 5bet. On aurait pu en créer une quatrième ayant pour but de bluffer en 3bet et en 5bet très souvent.
Fold to 3bet % | 33 % | 55 % | 72 % | |
---|---|---|---|---|
Ne 4bet pas | 3bet / 5bet pour valeur | NA | NA (parce que pas de 4b) | NA |
3bet / 5bet en bluff | NA | NA | NA | |
3bet pour valeur / fold to 4bet | TT+,66-22,ATo+,KTo+, QJo | TT+,66-22,ATo+,KJo+ | QQ+, 77-22, AKo | |
3bet bluff | NA | A9s-A6s, K9s-, Q8s, J7s, T6s | A9s-A6s, K9s-, Q8s-, J7s-, T6s-, 95s-, 84s-, 73s-, 63s-, 53s-, 42s+, 32s, ATo-A2o, KJo-KTo, QTo+, JTo, T9o, 98o, 87o, 76o, 65o | |
Stats | Total 11.8% | Total 14.5% | Total 20.5% | |
4b 100% AK+/TT+ no bluff 4b range 3.5% 4b 8.75% |
3bet / 5bet pour valeur | QQ+ | QQ+ | Nulle |
3bet / 5bet en bluff | Nulle | Nulle | Nulle | |
3bet pour valeur / fold to 4bet | 77-22,AQo-ATo,KJo+ | 77-22,AJo-ATo,KJo+ | 77-22 | |
3bet bluff | A9s-A6s,K9s | A9s-A6s,K9s | A9s-A6s, K9s-, Q8s-, J7s-, T6s-, 95s-, 84s-, 73s-, 63s-, 53s-, 42s+, 32s, A9o-, JTo, T9o, 98o, 87o, 76o, 65o | |
Stats | Total 10.1% | Total 9.2% | Total 32% | |
FE 4b : 86% EQ/AI : 66% Ev/AI : 32.3bb | FE 4b : 86% EQ/AI : 66% Ev/AI : 32.3bb | FE 4b 100% | ||
4b 100% AK/TT+ 50% bluff 4b range 7% 4b 17.5% |
3bet / 5bet pour valeur | JJ+, AKo | JJ+, AKo | JJ+, AKo |
3bet / 5bet en bluff | A9s-A6s | A9s-A6s | A9s-A6s | |
3bet pour valeur / fold to 4bet | ATo-AJo, KJo+, | ATo-AJo, KJo+, | Vide | |
3bet bluff | K9s- | K9s-, Q8s-, J7s- | A9o-, K9s-, Q8s-, J7s- | |
Stats | Total 10% | Total 15.1% | Total 18.7% | |
FE 4b 61%, EQ/AI : 45.7% Ev/AI : 13.7bb | FE 4b 66%, EQ/AI : 45.7% Ev/AI : 13.7bb | FE 4b 72.7%, EQ/AI : 45.7% Ev/AI : 13.7bb | ||
4b 100% AQ+/88+ 50% bluff 4b range 11.2% 4b 28% |
3bet / 5bet pour valeur | 88+, AQo+ | 88+, AQo+ | JJ+, AKo |
3bet / 5bet en bluff | Vide | A9s-A2s | NA | |
3bet pour valeur / fold to 4bet | NA | NA | NA | |
3bet bluff | NA | NA | A7o- | |
Stats | Total 2.7% | Total 7.4% | Total 8.1% | |
FE 4b 0%, EQ/AI : 60.1% Ev/AI : 28.06bb | FE 4b 0%, EQ/AI : 44.1% Ev/AI : 11.9bb | FE 4b 66%, EQ/AI : 60.1% Ev/AI : 28.06bb | ||
4b 50% AQ+/88+ 75% bluff 4b range 11.2% 4b 28% |
3bet / 5bet pour valeur | Vide | Vide | Vide |
3bet / 5bet en bluff | ATC | ATC | ATC | |
3bet pour valeur / fold to 4bet | Vide | Vide | Vide | |
3bet bluff | Vide | Vide | Vide |
III.1. Le flop : avoir conscience de sa range et de celle de l'adversaire
Lorsqu'on 3b et qu'un ou plusieurs adversaires callent, on se retrouve dans une position délicate puisque le pot est gros et qu'on est hors de position. Il faut donc se montrer prudent. La texture du board, notre image et notre adversaire jouent ici un rôle clé. Il est essentiel de définir les ranges de call de continuation bet de notre adversaire, de raise de continuation bet, et de mise si on checke. Il faut ensuite les comparer à sa range supposée de call preflop et agir en fonction.
Pour avoir une idée de ce que l'on doit faire et des ranges adverses, il est nécessaire d'observer nos adversaires et de comprendre quelle est leur stratégie de défense en pot surrelancé. En effet, en SSNL et en MSNL, vos adversaires ont été confrontés à des joueurs qui surrelancent régulièrement. Ils ont donc réfléchi à ce qu'ils devaient faire face à une surrelance. Ils ont défini une stratégie en réponse. L'avantage c'est que même en MSNL (jusqu'en NL1000), et à l'exception des tous meilleurs joueurs, ils ont tendance à toujours suivre le même schéma. Comme le plus souvent ils sont face à des joueurs qui vont eux aussi faire toujours la même chose, on obtient une sorte d'équilibre métastatique : à l'aide d'ajustements mineurs chaque joueur va légèrement modifier ses ranges de surrelance ou ses ranges de call ainsi que ses ranges de continuation bet (etc.) pour finir par obtenir une situation où l'ensemble 3bet preflop va globalement être neutre en EV pour les deux joueurs.
Un exemple classique est celui qui oppose le mauvais LAG de NL200 à un TAG dont la politique est de suivre les surrelances en position sans jamais relancer et avec une range de call très serrée. Le TAG va donner par exemple 80% de fold equity au LAG sur ses surrelance preflop. En conséquence sa range de call est de l'ordre de 5-6% soit +, s+, s, o ou équivalent. Le problème est que, voyant la fold equity dont il dispose, le mauvais LAG surrelance sans arrêt, et quand il est suivi, il continue malgré tout à cbet sur certains flops. Par exemple il va cbet sur un flop ace-high sous prétexte qu'il va faire folder - sans réaliser que si il n'a pas d'equité dans la main il ne va pas avoir assez de fold equity sur un flop bicolore. Bien entendu il va de temps en temps toucher un monstre (set, 2 paires, ou sur flop hateur as ou roi) et il va gagner un pot de temps en temps. Mais dans 70% des cas il va perdre le pot si son continuation bet est suivi. Faisons le bilan : sur 100 mains, il va en gagner 80 preflop (soit disons SB vs bouton, relance à 3BB, surrelance à 11BB) donc il va gagner 80 x 4.5BB = 360BB PF. Ils vont aller voir 20 flops. Il va check/fold 6 fois, perdant 6x11.5bb=63bb (le coût de la relance preflop). Il va cbet 14 fois pour, disons, 15BB, et sur ces 14 fois il va gagner 3 fois le pot, pour un gain de 3x12.5bb=47.5BB. Une fois sur 14 il va stacker SB avec une main plus forte pour un gain de 100BB, une fois sur 14 il va aller à tapis avec 33% d'equité soit une perte de 66BB. Disons qu'il tente 2 fois un second barrel en gagnant 1 main sur 2 à l'abattage (ou plus tard). Il va quand même devoir check/fold au tournant 10 fois et donc perdre (10.5+15)*10BB=255BB. Il a donc gagné en 100 mains 123.5BB. Il y a 150BB de dead money en 100 mains (BB+SB), nos deux joueurs se sont donc partagé la dead money, deux ne perd sur le long terme (rake non compris).
Au bilan, dans l'exemple précédent, nos deux joueurs sont heureux : le LAG gagne de l'argent à surrelancer le TAG et a le sentiment de l'outplayer. Il peut légitimement expliquer, sur tous les forums de poker qu'il connait, que TAG est un gros NIT et qu'il perd surement de l'argent. Le TAG est lui aussi content : il n'a pas besoin de se mettre en danger, certes il est obligé de jouer des pots sans l'agression, mais avec la position et une range très forte il s'en sort parfaitement... Dans la réalité il faut prendre en compte la variance (sur 100 mains avec 3b preflop, l'espérance de gain du LAG n'est que d'une cave) qui va faire que le LAG aura soit le sentiment d'outplayer outrageusement le TAG (mais bon toucher 2 paires 86 quand le TAG a sur un flop r, c'est facile d'outplayer), soit le sentiment que le TAG a tout le temps les nuts. De la même façon, le TAG aura l'impression que le LAG est un bon LAG dangereux qui lui impose de quitter la table si le LAG a la position, ou au contraire se dira SPEWTARD si jamais le LAG a la malchance de tenter ses rares semi-bluffs pour stack au moment où le TAG a top set...
Des schémas de surrelance et de défense de surrelance, il y en a plein. Bien entendu, pris un à un, certains schémas de surrelance/jeu sur le flop vont être plus efficaces contre certains schémas de défense de surrelance que d'autres. Le problème est, qu'à de rares exceptions près, la plupart des joueurs vont dans ce genre de cas se limiter à une légère modification de leurs ranges pour jouer contre un joueur donné à la fois pre et post flop. J'espère que le tableau du II.3 vous aura donné un aperçu du point auquel il est possible (et important) de modifier ses ranges de surrelance preflop suivant l'adversaire. En ce qui concerne les ranges postflop c'est encore pire.
La première chose à prendre en compte c'est la range de notre adversaire. Face à un joueur qui ne vole pas tant que ça (par exemple 25 % au cut-off) et qui se couche beaucoup aux surrelances et ne 4bet jamais en position, il est important de bien se rendre compte que sa range de call de surrelance est très forte : supposons qu'il se couche à 70 % des surrelances, qu'il suive donc avec 7.5 % de ses mains, soit une range qui ressemble à o+, s+, s, s, s, s, s et +. Il aura une main supérieure faite meilleure que top pair dans environ 25 % des cas, il aura entre top pair et middle pair dans 29.7 % des cas et il aura un tirage couleur en 2 cartes dans 3.57 %, un tirage couleur max en 1 carte dans 0.5 % et un tirage quinte bilatéral dans 2.06 %. Si on rajoute les tirage de quinte ventraux + paire et les tirages quinte ventraux + une over card (2.44 % et 3.13 %), on se rend compte qu'on a une fold equity très faible "en général" : environ 35% sur l'ensemble des flops
La deuxième chose à prendre en compte est la stratégie de défense de notre adversaire face à une surrelance : est-ce qu'il va beaucoup nous floater avec AIR sur certains flops pour bet/fold au tournant si on cbet par exemple ? Est-ce qu'il va tenter de relancer en bluff le continuation bet sur certains flops ? Est-ce qu'il va se transformer en calling station dès qu'il a de la showdown value ou est-ce qu'au contraire il va se coucher facilement aux continuation bets mais donc avoir une range très forte s'il engage son tapis ? Comment va-t-il jouer ses tirages ? Comment va-t-il jouer ses monstres ? Comment va-t-il jouer top pair medium kicker ? S'il ne comprend pas ce qui se passe dans la main va-t-il faire un hero call ou va-t-il faire "fold tout sauf nuts" ? À partir du moment où on commence à avoir toutes les réponses à ces questions on va pouvoir commencer à jouer au poker : on va construire une stratégie visant à exploiter les déséquilibres présents dans le jeu de notre adversaire sans se soucier de l'équilibre de notre propre stratégie.
La troisième chose à faire consiste à considérer notre main : est-ce qu'on a un monstre sur ce flop contre la range de notre adversaire ? Est-ce qu'on a une main ayant de l'equité contre (au moins 25 %) ? Est-ce qu'on a une main ayant une showdown value correcte face à la range de notre adversaire ? Où est-ce qu'on se situe dans notre range de surrelance sur ce flop ?
La quatrième chose à faire consiste à se demander comment on va gagner de l'argent sur cet adversaire. Normalement c'est la question qu'on s'est déjà posée preflop mais il faut être capable de se la rappeler. Dans l'exemple du LAG contre le TAG cité plus haut, le principal point qui pose problème dans l'action du LAG, c'est qu'il ne se re-pose pas cette question : l'essentiel de l'argent qu'il gagne vient de sa fold equity preflop, il perd de l'argent à trop cbet le flop. Si au lieu de cbet le flop, il passait dans une stratégie de fit or fold sur le flop et acceptait de check/fold le flop, alors il obligerait le TAG à suivrer plus preflop et donc il l'obligerait à sortir de sa zone de confort, puisque celui-ci devrait jouer des mains beaucoup plus marginales que celles avec lesquelles il a l'habitude de suivre.
Supposons qu'on surrelance un adversaire qui se couche à plus de 80 % des surrelances et qui ne 4bet jamais, et qu'on utilise la range donnée dans le tableau de la partie II.3 dans la case correspondant à 72% de fold au 3b et pas de 4b soit : 66-22 A9s-A6s, K9s-K2s, Q8s-Q2s, J7s-J2s, T6s-T2s, 95s-92s, 84s-82s, 73s-72s, 63s-62s, 53s-52s, 42s+, 32s, ATo-A2o, KJo-KTo, QTo+, JTo, T9o, 98o, 87o, 76o, 65o. Supposons en outre que notre adversaire va continuer à consciencieusement se coucher quand il n'a pas touché au flop (et donc qu'il ne va pas floater) et ne va pas relancer nos cbets avec une range mergée. On peut décider de ne cbet que quand on a 2 paires ou mieux en main faite (4.81 %), une paire faible (12.5 %), tirage couleur en 2 cartes, tirage couleur max en 1 carte et tirage quinte bilatéral ou ventral (18.3 %) en semi-bluff. Les deux cumulés et en supprimant les mauvais tirages quinte ventraux, cela devrait donner une fréquence de l'ordre de 30% de continuation bet avec une equité très correcte contre la range de call de surrelance de notre adversaire et en supprimant les mauvais tirages quinte bilatéraux et ventraux (tels que s sur s monocolore). Si on suppose qu'avec ses mauvaises mains faites il ne va pas miser plus d'une fois et qu'il va régulièrement miser le flop pour abandonner la main quand il bluffe, alors on peut même rajouter une range de check/call de l'ordre 15-20 % (soit en réel environ 25 %). Je vous garantis qu'avec cette stratégie, tant que notre TAG ne s'adapte pas pre et post flop, on va gagner beaucoup plus d'argent avec toutes nos mains que le LAG de l'exemple précédent. Et lorsqu'il s'adapte ce n'est pas grave : il va sortir de sa zone de confiance et on aura l'avantage. Bien sûr il faudra du coup être capable de mixer (par exemple en check/callant un monstre pour check/raise à tapis le tournant si jamais notre adversaire vient de gagner deux pots avec un double barrel flop/tournant).
Les questions à se poser quand Villain suit notre surrelance
- Quelle est la range de notre adversaire, comment va-t-il jouer les différentes mains de cette range en fonction de nos actions ?
- Comment notre adversaire fait-il pour gérer les joueurs qui surrelancent light, quelle est sa stratégie de défense ?
- Est-ce que nous avons un monstre, une main avec une showdown value correcte, une main avec un tirage, rien, et où se situe notre main dans notre range ?
- Comment gagner de l'argent face à la stratégie de défense de notre adversaire ?
III.2. Manipuler la taille du pot
C'est un lieu commun qu'il n'est pas possible de faire du pot control hors de position dans un pot surrelancé dans le but de voir l'abattage tant qu'on n'est pas très deep. Même si l'on checke le flop, notre adversaire dispose de 3 streets pour mettre son tapis au milieu, donc inutile d'espérer : si il a la main pour, ou qu'il est prêt à bluffer son tapis, alors il y arrivera. C'est un autre lieu commun qu'on n'a pas besoin de cbet autant pour avoir la même fold equity que dans un pot classique : dès qu'on cbet, on envoie le message à notre adversaire qu'il va potentiellement avoir à jouer son tapis. Enfin, c'est un autre lieu commun que la taille de nos mises ne doit pas révéler la force de notre main. L'effet cumulé de ces 3 points fait que la plupart des joueurs ne se posent aucune question et cbet tout le temps le même montant quelle que soient la taille du pot et leur main, classiquement ils cbet les 2/3 du pot. Ils se privent ainsi d'une arme essentielle : la possibilité de manipuler la taille du pot à notre avantage.
La première question qu'il faut se poser lorsqu'on bluffe, qu'on semi-bluffe ou qu'on mise pour valeur dans l'intention de mettre tout notre tapis au milieu, est : sur quelle street veut-on aller à tapis ? Supposons que nous voulions aller à tapis sur la rivière alors il faut que notre taille de mise rivière soit suffisante pour qu'on ait encore de la fold equity avec nos bluffs et nos monstres, parce qu'on veut qu'il puisse se coucher quand on bluffe et suivre avec ses ses bluff catchers quand on mise pour valeur. Supposons une relance initiale du cut-off à 3.5BB, une surrelance en SB à 12BB et un call, 100bb deep. Le pot sera donc de 25BB sur le flop. Si on mise deux tiers du pot, soit 16bb, le pot sur le tournant fera 57BB, si on mise à nouveau 2/3 soit 38BB alors le pot sur la riviere fera 133bb, on n'aura pas de fold equity (il restera 34BB à notre adversaire).
En fait, on aura tellement peu de fold equity avec cette ligne que la prendre n'a de sens que si l'on sait que notre adversaire sait qu'une mise au tournant nous commit et qu'un call au tournant le commit, et bien sûr qu'il sait qu'on sait qu'il sait qu'on sait... Dans ce cas, cela peut permettre soit de contrôler la taille du pot pour aller à l'abattage pour pas cher (on va tout le temps check/call à la rivière avec de la showdown value mais il ne va pas tout le temps miser à la rivière, donc en moyenne c'est moins cher que si on fait tapis à la rivière par exemple). Cela peut aussi offrir la possibilité de faire un bluff pas cher au tournant (mais alors vraiment avec une main qui n'a aucune showdown value et qui ne peut pas en avoir). Le problème de ce bluff est qu'on n'est jamais sûr d'avoir effectivement 0% de fold equity sur la rivière et que donc, même si on n'a rien, vu le déroulement de la main, il vaut mieux faire tapis à la rivière...
Voyons maintenant ce que l'on peut faire en abolissant la règle de la mise à hauteur de deux tiers du pot : si on mise à hauteur du pot sur le flop, disons 23BB, alors le pot fera 71BB au tournant avec 65bb de tapis effectif, ce qui nous permettra de faire tapis au tournant. Si on veut faire tapis à la rivière, alors on peut adopter une ligne permettant d'avoir moins de fold equity sur le flop et plus de fold equity au tournant et à la rivière : en misant par exemple 13BB au flop, on aura un pot de 51BB sur la turn, et en misant 26BB au tournant, cela va créer un pot de 103BB sur la rivière avec 49BB de te ligne devient donc 3/5 PSB, 3/5 PSB, ½ PSB.
Un avantage supplémentaire à miser des montants variables (disons de 40 % à 120 % du pot sur toutes les streets), c'est que les joueurs sont tellement habitués à voir une taille de cbet de l'ordre de 2/3 à ¾ sur le flop que dès que l'on va commencer, on va surprendre notre adversaire. Cela permet de bâtir un historique très facilement que l'on va ensuite pouvoir utiliser à notre guise.
Par exemple si notre adversaire a l'habitude de beaucoup floater, il risque d'être un peu décontenancé par une ligne consistant à miser au flop et à partir à tapis au tournant (en ayant pris soin de miser assez au flop pour que la taille de la mise au tournant soit moins grande en proportion que celle du flop). Faites-le lui deux fois de suite, faites-vous avoir la troisième fois en pur bluff, et je peux vous garantir qu'il va beaucoup plus se coucher à votre continuation bet ensuite, sachant que cela ne sert à rien de floater parce que vous partez à tapis au tournant à la fois pour valeur et en bluff. Du coup, avec les mains qui battent la plupart de ses bluff catchers, vous pouvez tranquillement prendre cette ligne. On passe d'une range de tapis au tournant assez polarisée à une range très mergée (plus de bluffs, plus que des bons semi-bluffs genre tirage couleur max) tout en lui interdisant d'appliquer sa ligne de défense favorite. Sachez en plus que si vous avez un monstre une très bonne ligne pour extraire de la valeur devient alors mise entre ½ et 2/3 du pot au flop et check/raise à tapis au tournant : il sera tellement frustré de ne pas avoir pu vous float les trois dernières fois où il a suivi une relance preflop qu'il ne va pas se gêner pour essayer quand l'occasion se présente avec any two cards. Le possible tilt généré par le non-succès de sa stratégie peut alors l'amener à faire des call très étranges s'il a un draw ou un tout petit peu de showdown value (même hauteur as).
À partir de là, un adversaire qui sait que si vous misez à hauteur du pot au flop, vous allez partir à tapis au tournant très souvent ou check/fold, peut très vite faire des erreurs ou se voir contraindre par la dead money à partir à tapis au flop sans fold equity contre votre main. C'est particulièrement intéressant lorsqu'on veut être à tapis sur le flop avec un tirage ou contre un tirage. En effet, un adversaire un minimum compétent comprendra que dans de telles conditions, suivre un continuation bet avec un simple tirage couleur est EV-, sachant que vous allez souvent partir à tapis au tournant : il va donc partir à tapis sur votre mise à hauteur du pot ou se coucher. Sur un flop , il est par exemple très efficace de miser assez gros pour pouvoir partir quel que soit le tournant avec (et bien sûr suivre un tapis sur le flop).
De la même façon, miser faible présente de gros avantages : quand on a de la fold equity cela rend le ratio risk/reward de tout bluff ou semi-bluff nettement plus intéressant ; cela peut nous permettre de dégager "l'espace" (comprendre la profondeur de tapis) nécessaire pour de futurs bluffs, cela peut conduire un adversaire à mettre son tapis au milieu en douceur. Quand on a un tirage énorme tel sur , cela peut permettre de maintenir les mains contre lesquelles on a le plus d'outs (telles , , et ) qui n'auraient pas forcément suivi une mise, tout en pouvant fixer un prix très intéressant pour notre tirage, en empêchant vilain d'aller à tapis sur le flop facilement en semi-bluff, et en s'assurant de pouvoir aller à tapis à la rivière si on touche. Dans ce cas, j'aime particulièrement miser 3/5 du pot au flop et au tournant, et check/fold la rivière si je ne touche pas, check/call à la rivière si je touche un as à la rivière, partir à tapis à la rivière si je touche un as au tournant ou un monstre.
Le tableau suivant donne trois séries de tailles de mise pour aller à tapis en 2, 3 ou 4 mises à partir du flop. Bien entendu, si la relance preflop est petite avec un très gros tapis ou grosse avec un petit tapis, certaines lignes sont impossibles. Je décompose par ligne pour les 4 tailles de relances preflop les plus classiques en vol (2.5BB, 3BB, 3.5BB, 4BB) et par colonne pour 4 tailles de tapis effectif (100BB, 115BB, 130BB, 160BB). Je donne pour chaque street la taille de la mise en proportion du pot et en BB.
[html]
Relance initiale (en BB) | 2.5BB | 3BB | 3.5BB | 4BB | |
---|---|---|---|---|---|
Profondeur de 100BB | Taille du 3bet preflop | 9BB | 10.5BB | 12BB | 13.5BB |
Tapis au tournant | 120%,22BB 110%,69BB |
105%,23BB 98%,66BB |
95%, 23BB 92% 65BB |
90%, 25BB 80% 62BB |
|
Tapis à la rivière | 60%, 11BB 60%,24BB 63%,55BB |
60%, 13BB 55%, 26BB 50% 50BB |
55%, 13BB 50%, 25BB 50% 50BB |
66%, 14BB 50%, 28BB 40% 45BB |
|
Profondeur de 115BB | Taille du 3bet preflop | 9.5BB | 11BB | 12.5BB | 14BB |
Tapis au tournant | 125%, 24BB/120%, 81BB | 110%, 25BB 109%, 79BB |
100%, 26BB 98%, 76BB |
95%, 27BB 90%, 74BB |
|
Tapis à la rivière | 60%, 13BB 66%, 30BB 60% 62BB |
60%, 14BB 60%, 30BB 60% 60BB |
55%, 14BB 55%, 29BB 53% 59BB |
55%, 16BB 50%, 30BB 45% 54BB |
|
Profondeur de 130BB | Taille du 3bet preflop | 10BB | 11.5BB | 13BB | 14.5BB |
Tapis au tournant | Irréaliste | 120%, 28BB 113%, 90BB |
110%, 29BB 104%, 88BB |
100%, 30BB 95%, 85BB |
|
Tapis à la rivière | 75%, 15BB/ 60%,33BB/ 60% 72BB | 66%, 16BB 60%, 33BB 57% 70BB |
60%, 16BB 60%, 35BB 51% 66BB |
66%, 16BB 60%, 33BB 57% 70BB |
|
Profondeur de 160BB | Taille du 3bet preflop | 11BB | 12.5BB | 14BB | 15.5BB |
Tapis au tournant | Irréaliste | Irréaliste | 120%, 34BB 115%, 96BB |
110%, 35BB 108%, 109BB |
|
Tapis à la rivière | 75%, 17BB/ 75%,42BB/ 64% 90BB | 66%, 17BB/ 66%,39BB/ 66% 91BB | 66%, 19BB/ 60%,40BB/ 59% 86BB | 60%, 19BB/ 60%,42BB/ 54% 83BB |
Bet sizing
- Lorsqu'on veut être à tapis dans un pot surrelancé, il faut le prévoir dès le début du pot pour pouvoir décider sur quelle street on veut être à tapis.
- Miser faible peut permettre de contrôler la taille du pot, de faire un bluff avec un ratio risk/reward très intéressant, de maintenir les mains les plus faibles de la range de notre adversaire, d'induire un bluff ou un semi-bluff de sa part.
- Miser fort peut permettre d'aller à tapis au tournant, de maximiser sa fold equity parce qu'on envoie clairement le message qu'on peut potentiellement aller à tapis au tournant, de protéger nos mains faites contre les tirages, ou de forcer les adversaires à partir à tapis avec leur tirage quand on les domine.
- Varier ses tailles de mises sur toutes les streets peut pousser notre adversaire à faire des erreurs. On peut par exemple induire un bluff ou un float et un bluff.
III.3. Avoir un plan et l'appliquer
Prenons un exemple : supposons que le cut-off relance à 3.5BB et qu'on le surrelance en SB à 12BB. Supposons que le cut-off est un 22/18/3 qui vole 30% environ, 4bet assez souvent en position et hors de position avec, disons, , + et 50 % de bluffs ici, et que sa range de call de surrelance soit grosso modo 99-66, AQs-ATs, KTs+, QTs+, J9s+, T8s+, 97s+, 86s+, 75s+, 65s, AQo (8.4 %). Cela signifie qu'il va 4bet 25% ici et suivre 28%, soit trop pour qu'on puisse surrelancer/fold en bluff. On suppose en outre que c'est un bon regular de NL400, qu'il ne va pas systématiquement abandonner sur n'importe quel flop, qu'il est conscient des problèmes de ranges et qu'il est capable aussi bien de coucher une grosse main que de suivre avec une main marginale quand c'est nécessaire. Enfin, on suppose qu'il nous a déjà vu cbet flop/partir à tapis au tournant assez souvent, en bluff et pour valeur. Logiquement, on devrait surrelancer avec une range telle que JJ+,A9s-A6s,ATo+,KTo+ (avec pour intention de 5bet à tapis avec JJ+, AKo, A9s-A6s en cas de 4bet). Supposons enfin que le flop tombe . Le pot fait environ 24bb, [lexique/lexique] compris. Le tapis effectif sur le flop est de 88bb.
Quelles sont nos options ? C'est un excellent flop pour cbet, notre range est beaucoup plus forte que la sienne sur ce board (60/40) et il est suffisamment drawy pour que nous n'ayons aucune raison de checke avec une vraie main par peur que notre adversaire check back avec une partie de ses tirages. La logique veut donc que l'on cbet 100 % de notre range, ou pas loin. En même temps, notre adversaire a souvent un tirage ou au moins quelques tirages couleur backdoor, souvent une paire, parfois une main très forte. On peut donc s'attendre à ce qu'il fight back fréquemment.
Considérons les mains de notre range : (3 combos), est notre seul vrai monstre, on est prêt à miser peu pour garder tous ses tirages dans sa range de call vue l'equité dont on dispose et à prendre des risques avec (comme checker au tournant). (6 combos) est une main forte, qui a une très bonne equité contre ses tirages mais qu'il serait dangereux de slowplayer. , o, o (6+9+9=24 combos) sont des mains très fortes mais qui ont besoin de protection, en outre elles risquent de perdre en valeur à chaque carte qui arrive, l'idéal est donc d'être à tapis au tournant. o, , et (9+2x6+9=30 combos) ont beaucoup de showdown value mais sont loin d'être des monstres. o et o (6 combos) sont des mains qui ont un bonne equité et qui permettent de semi-bluff le tournant si c'est un coeur, à condition que notre adversaire n'ait pas pu suivre au flop avec un tirage couleur ! Les autres o et o (18 combos) ont une bonne equité contre sa range de call de continuation bet mais ont peu d'equité contre une range de relance à un continuation assez solide. On a envie d'aller à tapis sur le flop avec xh (4 combos) et, quand on touche notre tirage couleur backdoor, d'aller à tapis au tournant avec AsXs (4 combos). Les 8 combos de AXs restantes ont une très mauvaise equité.
À partir de là, on peut bâtir un plan avec chaque main de notre range sans avoir peur des éventuels problèmes d'équilibre et en coupant notre range en 3 : les mains avec lesquelles on va check/fold, les mains avec lesquelles on va cbet à hauteur du pot, et les mains avec lesquelles on va cbet 3/5 à hauteur du pot. Il est aussi important de choisir une ligne avec chaque main jusqu'à la rivière :
- On va cbet à 23BB sur le flop avec , o, o, Xh, X assortis, o, o (42 combos soit 39 %). S'il suit, on va partir à tapis quel que soit le tournant avec , o, o et Xh. Si on touche notre tirage couleur backdoor ou top pair, on va aussi partir à tapis avec o, o et le X assortis. On va suivre un tapis au flop (et bien sûr partir à tapis s'il fait une minirelance) avec , o, o et Xh (soit 32 combos sur 42, il a donc 24 % de fold equity sur un tapis de sa part).
- On va cbet à hauteur de la moitié du pot, soit 15BB, sur le flop avec , o, o, , , o, les autres o et o (57 combos soit 53 %). Si le tournant est une brique : on va 2nd barrel avec o, o, o, o, o (42 combos) à hauteur de la moitié du pot (on n'est pas commit avec un tirage quinte ventral et une over card). On va check/fold et (12 combos) et check/raise à tapis (3 combos). Si le tournant est un cœur, on va 2nd barrel (3 combos) et (3 combos) en suivant avec un tapis. Sur un tournant ou (cœur ou pas), on 2d barrel , suite et set et set, on va check/call 2 paires et top pair second kicker et on va check/fold le reste. Au cas où il checke back la turn, il ne faudra pas hésiter à check/raise à tapis avec nos monstres (ce qui veut dire re-checker entre autres sur la plupart des rivières et checker si on touche un tirage quinte ventral) et quelquefois avec nos faibles mains faites. Il est souvent plus intéressant de check/raise tapis à la rivière avec quand notre adversaire a suivi au flop, qu'il a checké behind au tournant et qu'il a misé à la rivière, que de le check/call. Il a peu de vrai bluffs dans sa range de mise à la rivière, puisqu'il a misé ses tirages n'ayant pas de showdown value et au moins une partie de ses float au tournant. Même s'il mise pour valeur assez thin, il ne va pas systématiquementmiser pour valeur à la rivière avec un . Il est donc probable que sa range ne soit pas très forte et très mergée, et qu'on n'ait pas les cotes pour suivre avec , et o. Par contre, comme il n'a presque toujours qu'une paire à ce stade (vu qu'il va protéger ses monstrs au tournant), on peut supposer qu'il aura du mal à suivre un check/raise à tapis à la rivière.
- On va check/fold et check tout du long avec nos mauvais as assortis (8 combos soit 8 %).
On pourrait aussi discuter sur le fait de cbet à hauteur du pot et coucher sur une relance avec sur ce flop vu qu'on n'a pas une si mauvaise equité contre une range de tapis raisonnable (par exemple , s, s, s, , , , , , , , ), sachant que si c'est effectivement sa range de tapis, il va aller à tapis dans environ 25% des cas sur le flop. Ce n'est pas grave, de toute façon les fold ou calls avec contre cette range sont équivalents, et il n'a de toute façon pas beaucoup de fold equity. Si on lui donne une range générale de tapis du type , , , , s, s, , , , , , , , et qu'on cumule sa fold equity et son equité contre notre range avec cette range de push (24 % de fold equity, 41 % d'equité), cela signifie qu'il gagne environ 5BB quand il part à tapis (0.24*(23+24)+0.76*(0.41*200-88)=5.3). C'est quasi-neutre pour lui aussi, mais au final on s'engage quand même dans un 59/41 en range contre range à chaque fois qu'il part à tapis, soit 1 fois sur 6 environ, quand on cbet à hauteur du pot ! Le reste du temps, il est obligé de se coucher ou de suivre au flop et au tournant avec des mains assez souvent dominées, alors qu'on est rarement drawing dead et qu'on va lui mettre une pression très forte sur un maximum de tournant sans avoir peur des tirages couleur.
Rassurez-vous il n'est pas nécessaire de faire ce travail complet avec chaque main de notre range avant de décider ce que l'on fait sur le flop. Il suffit de définir un plan cohérent pour la main qu'on a sur le flop, le tournant et la rivière. L'idée est juste de garder sa range en tête et de se rendre compte que, par exemple, il n'est pas du tout nécessaire de surjouer ici : on a une bonne main, mais c'est loin d'être le haut de notre range. On peut tranquillement cbet petit, check/fold au tournant si on n'améliore pas et check/raise à tapis à la rivière si on pense le move EV+. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est important de garder dans la range des mains avec lesquelles on va cbet petit, pour pouvoir avoir de la fold equity sur un check/raise à tapis à la rivière.
La bonne démarche quand on arrive sur le flop consiste à analyser le flop, la range de notre adversaire, les reads qu'on a sur lui, et à définir la meilleure ligne possible pour notre main en fonction de ces éléments. Ne vous préoccupez pas trop d'être exploitable tant que vous n'avez pas vu votre adversaire s'adapter. N'hésitez pas à utiliser l'historique récent pour l'induire en erreur. Si vous êtes sur un site avec un timer, n'hésitez pas à l'utiliser dès le flop pour analyser correctement la situation.
Avoir un plan et s'y tenir
- Analysez le flop, la range de votre adversaire, et déterminez en fonction de votre main comment jouer contre les différentes parties de la range de votre adversaire, pour coucher de suite si vous êtes derrière et qu'il n'a aucune chance de se coucher, pour le faire se coucher si vous pensez être derrière, pour extraire le maximum de valeur quand vous êtes devant.
- Prenez garde à ne pas suivre un betting pattern qui réduirait sa range aux mains qui vous battent uniquement.
- Décidez si vous voulez jouer votre tapis, et si oui, à quel moment vous voulez être à tapis. Pour cela, il est important de distinguer les mains qui ont une bonne equité contre la range de votre adversaire mais qui ont peu de chance de s'améliorer. Avec ces mains il est logique de vouloir être à tapis le plus tôt possible.
- Prenez en compte les différents scenarii possibles au tournant et à la rivière en fonction de votre betting pattern, de votre main, des cartes qui arrivent, et définissez un plan. Pensez à l'avance si vous souhaitez ou non utiliser une scary card pour bluffer au tournant et à la rivière, et si oui, quelles sont ces scary cards.
- Appliquez votre plan à la lettre, si dès le flop vous avez décidé de miser à hauteur et de partir à tapis au tournant quel qu'il soit (sauf un cœur), vous avez beaucoup moins de chance de commettre une erreur que si vous misez le flop et qu'un cœur arrive sans que vous ayez décidé quoi faire.
Conclusions sur la défense de blind en surrelançant
Comprendre quand, pourquoi et comment surrelancer, et surtout se poser la question à chaque fois qu'on en a l'opportunité est beaucoup plus dur que d'appliquer une routine du type "il se coucher sur 70 % des surrelances, j'ai o en SB vs cut-off, je surrelance". Se demander systématiquement preflop quelle fold equity on a, mais aussi quelle est la range de call et la range de 4bet de notre adversaire, et savoir en fonction de cela s'il est EV+ de suivre, de 3bet dans l'intention de se coucher face à un 4bet ou de relancer dans l'intention de 5bet sur un 4bet, est un minimum pour espérer utiliser correctement une stratégie de 3bet light. En cas de surrelance suivi, ne pas rentrer dans une logique de continuation à hauteur de 2/3 du pot et de se coucher sur une relance est tout aussi essentiel.
Les lecteurs attentifs auront noté que j'ai peu parlé de l'évolution du métagame face à un joueur donné, en tout cas beaucoup moins que dans l'article précédent. La raison est relativement simple : alors que la plupart des adversaires vont être déstabilisés par un important taux de check/raise au flop parce que peu de joueurs jouent comme cela en dessous du NL1000, ces mêmes joueurs ont une très grande habitude desjoueurs qui surrelancent light, particulièrement dans une situation de resteal. Ils ont donc une stratégie établie face à une surrelance de BB/SB quand ils volent. De ce fait, notre fréquence de resteal ne va pas les déstabiliser. On ne va pas les sortir de leur zone de confort parce qu'on les surrelance beaucoup, ils en ont l'habitude. Par contre, ils n'ont pas l'habitude de voir un joueur varier la taille de ses mises postflop dans un pot surrelancé pour pouvoir jouer des lignes différentes. C'est là qu'on va pouvoir les manipuler et les faire sortir de leur zone de confort. Enfin, en jouant sur nos ranges de call et de surrelance, on va aussi pouvoir les surprendre et les sortir de leur routine. Face à un joueur qui couche beaucoup aux surrelances, attendez-vous à perdre beaucoup de fold equity preflop si par exemple vous suivez avec sa relance du bouton et que vous check/raisez un flop , misez au tournant sur une brique et partez à tapis à la rivière, et qu'il vous suive tout le temps avec parce que votre range est polarisée...
N'ayez pas peur d'être exploitable en cherchant à exploiter une faille identifiée de votre adversaire. Attendez d'être sûr qu'il s'adapte avant d'adapter à votre tour votre jeu. Et même s'il vous bluffe une ou deux fois ce n'est pas grave, dans la plupart des cas vous aurez gagné beaucoup plus, dans la période durant laquelle vous avez exploité ses failles, que ce que vous allez perdre en vous faisant bluffer une ou deux fois au moment où lui va s'adapter. En outre, dans ce cas, il va très souvent se sur-adapter et donc se trouver dans des positions très marginales dont il n'aura pas l'habitude. Postflop, jouez sur les tailles de mises et variez vos lignes en n'oubliant pas de considérer toutes les options, en particulier, n'hésitez pas à bluffer avec une main faite si vous pensez qu'un call est très marginal mais que vous avez suffisamment de fold equity.
Enfin, ne cherchez pas à obtenir un taux ou un pourcentage de surrelance donné. C'est absurde. Il faut surrelancer lorsqu'on pense que c'est EV+ et que EV(surrelance)>Ev(call), PAS parce qu'on veut avoir 12 % de surrelance en BB vs bouton. Parfois, il est impossible d'atteindre un pourcentage élevé, votre adversaire suit trop et va trop souvent suivre le continuation bet, vous mettant alors dans une position marginale lorsque vous surrelancez light. Face à ce genre d'adversaires, il peut être très efficace de revenir à une range de surrelance complètement mergée telle que +, o+, o+, surtout quand ils 4bet peu. Bien entendu, si votre but est d'avoir 12%, cette range ne va pas aider vos stats, mais quelle importance si c'est beaucoup plus gagnant que de surrelancer light ?
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