Il s'était déjà confié en début d'année à propos de la gestion prudente de son trésor de guerre. À quelques jours du début des World Series Of Poker, Chris Moneymaker se livre à de nouvelles confidences auprès d'ESPN qui en profite pour lui rendre un bel hommage.
Quinze ans après son sacre, Chris Moneymaker apporte une petite correction aux milliers d'articles qui ont relayé son histoire : ce n'est pas un satellite à 39 $ qui lui a ouvert la voie vers le Main Event des World Series, mais une autre passerelle au buy-in deux fois plus élevé. "J'avais l'habitude de jouer ces satellites à 39 $, alors j'ai cru que c'était comme ça que je m'étais qualifié. Mais PokerStars a fait quelques recherches depuis et s'est rendu compte qu'une autre partie à 86 $ était à l'origine de mon parcours".
Mais l'anecdote prend une autre dimension quand le champion du monde 2003 explique avoir été surpris de remporter un ticket d'une valeur de 650 $, et non pas de l'argent comme il l'espérait au moment de son inscription. D'ailleurs, une fois parvenu dans le dernier carré de ce second satellite, il a songé un temps à se saborder : "Les trois premières places étaient synonymes de sésame pour le Main Event, mais la quatrième accordait un chèque de 8 000 $. Or il se trouve qu'à l'époque, c'était à peu près le montant de mes dettes. J'ai d'abord pensé à perdre volontairement et à prendre l'argent, mais un ami m'en a dissuadé en m'assurant qu'il me donnerait 5 000 $ pour la moitié de mon action".
Finalement, l'ami en question dilapide l'argent au jeu et ce sont son père et un autre proche qui lui versent chacun 2 000 $ pour qu'il prenne la direction de Las Vegas l'esprit tranquille. La suite est connue, et le petit comptable goûte bientôt à une nouvelle vie faite de voyages et de contrats publicitaires. "J'ai adoré chaque instant de cette période. On jouait au poker toute la journée et on sortait quasiment chaque soir. On buvait et on faisait la fête pendant des heures, avant de recommencer le lendemain".
Sa conjointe apprécie moins et il lui faut passer par la case divorce avant de trouver, cette fois, la femme avec qui il va fonder une famille. "Elle savait que j'étais un joueur de poker quand je l'ai rencontrée, mais ça a été assez difficile de lui faire comprendre que c'était normal de vivre régulièrement des sessions négatives. Tout le monde voit le côté glamour du poker, mais ce n'est vraiment pas facile de rentrer à la maison après plusieurs semaines d'absence et de dire à votre épouse que vous avez perdu des milliers de dollars."
Au-delà de ce coup d'œil dans le rétroviseur, ESPN dresse le portrait d'un homme simple et attachant. Après la naissance de ses deux filles, le pro PokerStars range définitivement au placard ses mauvaises habitudes : "Pendant des années je suis sorti systématiquement après mes tournois. Mais depuis une dizaine d'années je me contente de retourner dans ma chambre. Je ne fume plus, ne bois presque plus... Le soir je regarde Netflix ou une vidéo de poker, ou alors je joue à Fortnite avec mon fils."
Quant au regard que portent ses pairs sur son parcours et l'étendue de son talent, il ne semble pas y accorder une grande importance : "La plupart des gens me voient juste comme le veinard qui a gagné le Main Event. C'est leur droit et ça ne me pose pas de problème. [...] Certains sont aussi surpris de me retrouver sur des petits tournois de temps en temps, mais ils me correspondent et j'aime les jouer. Je n'ai pas de problème d'ego, je ne ressens pas le besoin de me montrer sur la scène high roller."
Cette forme de détachement transpire aussi de sa position au sujet du Hall of Fame : "Une intronisation représenterait un immense honneur, mais ce n'est pas quelque chose qui me tourmente plus que ça. Je n'ai pas besoin de l'approbation des autres pour être heureux. Quoiqu'il arrive je resterai dans l'histoire du poker. Aujourd'hui je suis très heureux de ma vie. J'ai une famille formidable, une femme, des enfants... Et j'aime ce que je fais. J'ai tellement de chance de pouvoir jouer au poker pour gagner ma vie. J'en suis reconnaissant chaque jour."
Parmi les champions du monde de poker, il y a ceux qui flambent et ceux qui se montrent économes. Chris Moneymaker, auteur en 2003 d'une performance historique assortie d'un chèque de 2,5 millions de dollars, appartient incontestablement à la seconde catégorie. L'ancien comptable vient de se livrer à quelques confidences auprès du site Independent.co.uk.
[...] Lire la suite…
(crédit : PokerStars)
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