Il y a deux mois, Isai Scheinberg se rendait aux autorités américaines dans le cadre du dernier dossier ouvert par la justice suite au Black Friday. Le bureau du procureur a diffusé un communiqué, ce mercredi, pour annoncer que le fondateur de PokerStars avait décidé de plaider coupable. Sa peine reste à déterminer.

Pour ses anciens salariés mais aussi une frange de joueurs nostalgiques, il incarne toute une époque. Celle d'une gestion familiale de PokerStars, axée entre autres sur des principes d'écoute et de proximité. Mais aux yeux de la justice américaine, il reste surtout le visage d'un système qui, durant des années, a opéré au mépris des régles édictées par l'Unlawful Internet Gaming Enforcement Act (UIGEA). C'était en 2006, et Isai Scheinberg avait alors décidé — contrairement par exemple au leader du secteur partypoker — de continuer à accueillir sur ses tables des joueurs américains.
Si le couperet est tombé un soir d'avril 2011, les onze personnalités inculpées n'ont pas toutes connu le même sort. Au fil des années, dix d'entre elles ont été amenées à transiger avec la justice américaine, le plus souvent en consentant de lourdes peines financières. Une dernière est en revanche parvenue à faire de la résistance durant neuf ans, et pas n'importe laquelle : le big boss de la plus grande salle de poker en ligne du monde.
Ce n'est qu'en ce début d'année que le piège a fini par se refermer sur Isai Scheinberg. À la faveur d'un séjour en Suisse du septuagénaire, les autorités américaines ont émis une demande d'extradition à son encontre. Le principal intéressé s'y est dans un premier temps opposé avant de se résigner et d'accepter, le 17 janvier, d'emprunter un vol à destination de New York. Accueilli à sa descente de l'avion, il a un peu plus tard été présenté à un juge... avant de verser une caution d'un million de dollars pour retrouver sa liberté.
Deux mois plus tard, la situation se décante. Dans un communiqué, le bureau du procureur new-yorkais annonce ainsi fièrement que l'homme d'affaires plaide coupable. Pas des chefs d'accusation de fraude ou de blanchiment d'argent, mais de celui de gestion d'une entreprise illégale de jeux d'argent. "En plaidant coupable aujourd'hui, Isai Scheinberg admet qu'il savait que son entreprise violait la loi en acceptant des joueurs américains à ses tables, et que le gouvernement avait clairement fait savoir que proposer du poker en ligne sur le sol américain était illégal".
Le message est double : non il n'existait pas de "zone grise" comme le clan Scheinberg et d'autres ont tenté de le faire valoir entre 2006 et 2011 ; et surtout non, il n'est pas possible d'échapper indéfiniment à la justice américaine. D'aucuns y verront avant tout une stratégie de communication. Ils n'auront pas totalement tort. Car si le texte du procureur souligne qu'Isai Scheinberg encourt aujourd'hui une peine pouvant aller jusqu'à cinq ans de prison, l'Israëlo-Canadien ne mettra probablement jamais les pieds derrière les barreaux. Avant même son envol pour New York, les deux parties ont en effet négocié un accord de principe. Quels en sont les termes ? C'est la juge Lewis A. Kaplan qui répondra à cette question lors d'une audience dont la date reste à déterminer.
Isai Scheinberg, cofondateur et ancien président de PokerStars, s'est rendu il y a dix jours aux autorités américaines. Cette décision marque la fin d'un long feuilleton : le septuagénaire était la dernière personnalité à faire l'objet de poursuites dans le cadre du Black Friday.
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Isai Scheinberg et son fils Mark
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