À domicile durant ce WPO, Adrian Mateos en a profité pour revenir auprès de Fausto sur ses jeunes années madrilènes. De ses premiers 500 € au Gran Casino Torrelodones jusqu'aux sommets du plateau Super High Roller, l'ambassadeur espagnol de Winamax jette un regard sur le chemin parcouru et fait le point sur sa forme actuelle, qu'il considère comme la meilleure de sa carrière.

Salut Adrian et merci d'avoir accepté de répondre aux questions de Club Poker. Comment tu te sens après ce tournoi de padel ?
Très bien, mais quand même un peu déçu par cette place de runner up du tournoi. À vrai dire, ça me fait bouillir bien plus que quand je perds un tournoi de poker. Je suis très compétitif, j'essaie de gagner à chaque fois, peu importe le jeu. Mais bon, c'est derrière moi. Ça fait surtout plaisir de voir le retour des évènements live de Winamax.
C'est ici, au Casino Gran Madrid Torrelodones que tout a commencé pour toi, avec ta première victoire en live lors du Circuit Nacional de Poker (CNP) 2012. Qu'est-ce que ça te fait de revenir dans ce casino dix ans plus tard ?
Une grande partie de mon histoire a commencé ici. J'avais 18 ans, je venais de passer mon permis de conduire avec l'intention de venir au casino et jouer en cash game. J'ai fait ça presque chaque jour, chaque semaine pendant plus de six mois, dans ce casino. Ensuite, il y a eu ces deux grandes victoires en tournois, sur le CNP puis lors de l'Estrellas Poker Tour. C'est vraiment le casino où j'ai commencé.
En revenant aujourd'hui, je vois que tout a beaucoup changé. Les salles dans lesquelles je jouais n'existent plus, l'organisation n'est plus la même... Mais la vérité, c'est que le casino est mieux et plus beau qu'avant.
Tu te souviens encore de ces tournois ?
Oui, c'était mon premier tournoi à 500 € et je le gagne pour un premier prix de 32 000 €. J'étais submergé d'émotions, c'était un tournoi très spécial, un peu cher pour moi. Mes parents étaient venus me voir pour la table finale, c'était vraiment bien. Ils se sont rendus compte que le poker était quelque chose de sérieux, que ce n'était pas seulement un jeu pour moi, et que ça m'allait bien. C'est un peu ici que j'ai obtenu l'approbation de mes parents.
Et puis quelques mois après le CNP, il y a eu cette nouvelle victoire lors de l'Estrellas Poker Tour, sur mon premier 1 000 €. C'est elle qui m'a donné la bankroll et la confiance nécessaire pour me consacrer pleinement à ce jeu. Avant ça je jouais beaucoup, mais je n'étais pas professionnel. J'avais encore mes études en parallèle. C'est après ces deux tournois que j'ai décidé de déménager à Londres et de jouer au poker à temps plein.
Y a-t-il un peu de nostalgie lorsque tu reviens jouer à Madrid ?
Ce sont des beaux souvenirs. Aujourd'hui, je joue d'autres types de tournois, plus chers. Madrid ne propose pas de buy-ins très élevés. Mais lorsque je reviens, je suis toujours content de jouer et d'être à Madrid. C'est la ville que j'aime le plus, là où j'ai la majorité de mes amis, ma famille... Je suis très heureux ici.
Si tu devais décrire le Adrian qui jouait ici il y a dix ans...
Je dirais qu'il était super agressif. Bien plus qu'aujourd'hui. J'avais constaté que les gens foldaient beaucoup trop. Je n'avais pas peur et j'avais un style très fou, ça marchait bien à l'époque. En tant que personne, j'étais beaucoup plus timide. À 18-19 ans, j'étais le plus jeune. Je jouais contre des gens plus expérimentés et plus connus. Ça me coutait de parler à table, je restais dans mon coin. En revanche je n'avais pas peur de me confronter à ces adversaires. C'est une qualité que j'ai toujours eue.
Le poker aussi a changé ces dix dernières années. Comment vois-tu l'évolution du poker espagnol ?
La régulation a changé. Les amateurs se sont améliorés en se mettant à jouer online et les autres se sont professionnalisés. À l'époque, il y avait quelques professionnels bien sûr, mais aujourd'hui nous sommes beaucoup plus nombreux. Je n'aime pas me jeter des fleurs mais au départ, nous étions très peu d'Espagnols à venir sur les EPT et les gros tournois du circuit européen. J'étais avec Sergio Aido et on a commencé à faire tous ces festivals, à travailler dur ensemble. On a obtenu de bons résultats et le reste de l'Espagne s'est mis en mouvement. Ils se sont rendu compte que les Espagnols aussi pouvaient gagner,que ce n'était pas un jeu seulement pour les Américains, les Allemands ou les Français. Au début, il y avait une certaine peur de jouer sur ces niveaux de buy-in.
En plus du Team Winamax, es-tu connecté avec des équipes, des joueurs espagnols, qui t'accompagnent dans ta progression ?
Aujourd'hui, celui avec qui je parle le plus technique, c'est Naza du Team Winamax. J'échange aussi beaucoup avec Juan Malaka$tyle Pardo, Sergi Reixach, et Vincent Bosca. Plus généralement, je parle avec les joueurs avec qui je joue les hautes limites online. Je suis moins lié avec les jeunes grinders et je ne fais pas partie d'écoles de poker. J'ai juste quelques collègues autour de moi avec qui partager, mais la majorité du temps je travaille seul. Je suis plutôt quelqu'un d'autodidacte.
Tu sors d'une très belle saison 2021, notamment avec ce gros Vegas auréolé d'un quatrième bracelet WSOP sur le Super High Roller.
L'année passée fut la meilleure de ma carrière. En plus du live, c'est aussi celle où j'ai le plus gagné online. Ça s'est très bien passé. Sincèrement, je pense être au pic de ma carrière. Je me sens très compétitif, je joue à un très bon niveau. Durant la pandémie, j'ai énormément travaillé. J'ai beaucoup joué online et aujourd'hui ça porte ses fruist. Je fais preuve de constance aussi bien en ligne qu'en live.
En parlant de constance, la saison 2022 démarre sur les mêmes bases, avec de très bons résultats sur les deux premiers EPT, et surtout avec un nouveau titre obtenu il y a deux semaines sur le Super High Roller de Monte-Carlo.
C'est assez incroyable. À Prague, je fais 40e sur le Main Event et j'atteins deux tables finales, à chaque fois sur la première bullet qui m'emmène sur deux, trois ou quatre jours. Finalement je n'ai disputé que cinq tournois parce que j'étais toujours dans un deep run. Je me sentais bien à table, je sais que je peux être compétitif sur ces fields et ça se passe très bien.
"Les meilleurs joueurs de poker sont ceux qui durent"

Quel est la méthode pour arriver à ce niveau de régularité ?
Tout ce qui dépend de moi, c'est de jouer chaque main du mieux que je peux, être le plus professionnel, essayer de jouer un maximum d'heures et être bien préparé pour. Je travaille quotidiennement pour ça. Parmi les joueurs de high stakes, je fais partie de ceux qui ont le plus joué, en ligne et en live. C'est aussi ce qui me rend compétitif à ce niveau.
Ces dernières années, tu obtenais déjà de bons résultats sur la scène high roller, mais depuis Vegas tu ramènes des titres, ce qui était un objectif important pour toi. Y a-t-il quelque chose qui a changé dans ta manière d'aborder ces tournois ?
Si tu obtiens de bons résultats, c'est parce que la préparation se mêle à l'opportunité. Ce sont des tournois où j'ai eu un bon run, de la chance, mais aussi ceux où j'ai le mieux joué.
Maintenant, l'objectif, c'est de continuer de gagner. Il n'y a rien de fait. N'importe quel joueur peut gagner un tournoi mais les meilleurs joueurs de poker sont ceux qui se maintiennent dans le temps. Et pour cela, il faut continuer de travailler, il n'y a pas de secret. Travailler, étudier, jouer plus que mes rivaux.
Y a-t-il des secteurs particuliers sur lesquels tu veux t'améliorer ?
Le poker est un jeu tellement complexe. Il y a plein de domaines sur lesquels on peut progresser. Je crois être un joueur plutôt complet, je n'ai pas de grands leaks, mais il y a tellement de situations différentes, de positions, de profondeurs, de boards différents à travailler. Il faut s'améliorer un peu chaque jour. C'est impossible d'être parfait, il faut savoir vivre avec l'erreur, c'est grâce à elle qu'on apprend et qu'on devient meilleur.
La scène High Roller a été au centre de l'actualité ces dernières semaines avec les soupçons de triche touchant Jake Schindler, Ali Imsirovic puis Bryn Kenney. Ce sont des joueurs que tu connais bien, contre qui tu joues beaucoup, alors comment as-tu réagi à ces affaires ?
Ces histoires ne m'ont pas surpris. Elles étaient plus ou moins connues sur la scène high stakes, mais elles n'étaient pas sorties de manière publique. Évidemment ça fait mal d'apprendre ces faits là, particulièrement pour Imsirovic et Schindler. Je pense que l'utilisation de RTA est l'une des pires choses que l'on puisse faire, et qui fait le plus de mal à la communauté. Il faut le démontrer, je n'ai aucune preuve, mais s'il en existe il faut que ces joueurs soient punis.
Toi qui joues ce genre de partie, ça t'inquiète ?
Peut être que je suis trop optimiste ou naïf, mais je ne pense pas qu'il y ait tant de triche que ça. 97 ou 98 % des joueurs des high stakes le font de manière honnête. Ces affaires font beaucoup de bruit, mais ça ne m'inquiète pas tant que ça. Je dis peut être ça parce que ça s'est bien passé ces derniers temps online. J'aurais peut-être tenu un discours différent dans un autre scénario.
À part le poker, y a-t-il d'autres secteurs dans lesquels tu investis ton temps et ta motivation ?
Très peu, notamment parce que le poker de haut niveau requiert énormément de temps. Je fais du sport, je me suis mis au padel même s'il n'y a pas beaucoup de clubs à Londres. Sinon je garde du temps pour mes amis, ma famille, les vacances et quelques sorties quand je suis en Espagne. Je pense que la majorité des gens ne se rendent pas compte de la quantité de travail que cela demande pour arriver jusqu'aux plus hautes limites et rester compétitif à ce niveau.
Je vois que des gens se diversifient, investissent dans des projets entrepreneuriaux comme par exemple Mustapha. Mais personnellement, pour l'instant je suis full poker. Quand les choses vont bien, tu dois donner le meilleur de toi-même. Je n'aime pas trop me disperser. Peut-être que quand la motivation baissera, je m'intéresserai à ces choses-là. J'ai fait des études d'économie donc ça me parle, mais pour l'instant je préfère le poker. La passion est toujours là.
Merci Adrian et bonne chance pour la suite de ce WPO.
¡A por ellos!
Chipleader après son passage en table télévisée, Adriano Abbracciavento a vécu une demi-heure terrible pour finalement sortir juste avant le redraw des 12 joueurs.
Son jeu fantasque avait connu une certaine réussite, craquant notamment les as d'Anclevic en début de journée. Hors des projecteurs, cela a moins bien marché pour le joueur belge d'origine Italienne. Adriano Abbracciavento s'embarque d'abord dans un drôle de coup face à Hugues Mazerolle.
Open UTG 400 000, payé par Chotec et completé par Gytis Juskevicius en BB. C-bet 500 000 sur le flop

, Hugues paie, Gytis fold. 2-barrels 800 000 sur la turn
, Mazerolle paye encore pour voir une river
. Voilà qui pourrait troubler l'action, mais les deux joueurs se contentent d'un check-check. Adriano montre alors 
, pas vraiment celle qu'on attendait, mais ça ne suffit pas face au 
de Mazerolle qui prend un nouveau bon pot.
L'un des flips les plus importants du tournoi vient de se jouer entre Gytis et Adriano
Deux coups plus tard, Adriano repart à l'attaque. On joue en 5-max et sur un open du Lituanien, Adriano annonce tapis, pour 6,3 millions. La parole revient sur Juskevicius. Avec
, difficle de ne pas y aller. Il prend quand même une minute trente pour payer. 
pour Abbracciavento et nous voilà avec un gros flip, pour l'un des plus gros pots du tournoi. Des sueurs pour tout le monde sur le flop 

. Un soupir de bonheur chez Gytis sur la turn
, même s'il reste une out pour sauver le Belge, qui ne trouvera pas la quinte flush.
Après comptage, il reste 200 000 jetons à Adriano. Le Belge doublera une fois contre Gytis, une deuxième fois contre Angel Sanchez, mais la troisième fois ça ne passe pas contre Hugo Mazerolle. Le
du Français se transforme en full sur le board 



contre le 
adverse et le Belge sort à la treizième place de ce Main Event. Valentin Oberhauser prend quant à lui la 14e place.
Les jetons violets ont fait leur apparition dans le super stack de Hugues Mazerolle
Un nouveau nom au tableau de chasse de Chotec, qui avait déjà éliminé Samuel Anclevic quelques orbites plus tôt avec ce même
face au 
adverse. L'ex chipleader n'a pas connu la journée espérée, avec ce craquage d'as d'entrée face à Abbraccaviento. Il se consolera avec un chèque de 8 700 €.
Enfin, Timothée Marlin rendait les armes en même temps qu'Adriano. Ses derniers jetons sont allés garnir le stack du nouveau chipleader, son voisin Pablo Herrera.
Fin du joli parcours de Timothée Marlin, en 12e position, pour 8 700 €
Chipcount :
Pablo Herrera : 17 500 000
Mathieu Lamagnère : 13 650 000
Gytis Juskevicius : 13 300 000
Hugues Mazerolle : 12 400 000
Adrian Garcia : 11 800 000
Antonio Lopez : 9 200 000
Anthony Soules : 7 000 000
Angel Sanchez : 5 500 000
Pierrick Letalleur : 5 100 000
Joaquim Marques : 5 000 000
Omar Del Pino : 3 300 000
Il reste 11 joueurs sur 2 182 inscriptions
Niveau 37 : Blindes 125 000 - 250 000 Ante 250 000
Tapis Moyen : 9 918 000
Gain assuré : 11 140 €
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