Voilà, j'en ai marre de voir de bons regulars faire vraiment n'importe quoi dans les pots 4bet, même en NL400. Comme le Club Poker est essentiellement composé de joueurs de joueurs de NL50-200, je me suis dit qu'un petit article théorique sur le 4bet pouvait aider. C'est un sujet assez délicat, c'est pourquoi j'ai décidé que j'allais commencer par faire un premier article assez basique pour expliquer ce qu'est un 4bet, ce qu'il faut faire/ne pas faire. Il est possible que j'en fasse un deuxième plus détaillé et mathématique sur les ranges de 4bet. Dernier point, je suis un joueur de Short-Handed, donc ce que je dis est transposable au Full-Ring ou au duel mais pensez à bien vous adapter.
Pourquoi 4bet preflop ?
On 4bet pour deux raisons : pour valeur et en bluff.
Pour valeur : face à certains adversaires, certaines mains ont beaucoup trop d'equité preflop face à une range de surrelance, tout en étant beaucoup trop fragile. On peut penser aux très bonnes paires comme
,
et
qui, pourtant, vont rarement être une overpair sur le flop, ou à
o et à
s qui ne vont souvent rien donner sur le flop à part 2 overcards...
et
s rentrent aussi, mais dans une moindre mesure dans cette catégorie.
et
, ben, c'est cool de 4bet quand on a mis en place la bonne dynamique, c'est-à-dire que notre adversaire ne va jamais lâcher
+ et
. Toutes ces mains, lorsqu'on les 4bet, c'est dans le but d'aller à tapis preflop. Dans certains cas, on va même étendre notre range de valeur à
et
. Bien entendu, cela signifie que si on les 4bet il va falloir suivre le tapis ensuite. Du coup, il faut prendre garde à ne surtout pas 4bet
o ni
face à un adversaire qui va se coucher, et ne partir à tapis qu'avec
+ ou
.
Pour bluff : La particularité du 4bet c'est que c'est la seule relance preflop qui, avec un tapis effectif de l'ordre de 100BB va être plus proche en taille d'un minraise que d'une relance à hauteur du pot. Cela en fait un bluff dont le ratio risk/reward est très bon, parce que l'on risque peu. On n'a pas besoin de 66% de fold equity comme c'est le cas dans la plupart des autres situations. Un scénario ultra-classique : bouton relance à 3BB, SB surrelance à 11BB, bouton 4bet à 23BB. Là, indépendamment des ranges, bouton risque 20BB pour en gagner 3+11+1=15. Il a donc besoin de environ 57 % de fold equity s'il fold dans 100% de cas face à un tapis. Comme tout bon joueur va aussi 4bet pour valeur dans ce cas, il est évident qu'on n'a besoin de beaucoup de fold equity pour rendre un bluff "jouable". Du coup le 4bet est sans doute le bluff le plus rentable preflop si il est utilisé correctement.
La taille d'un 4bet
C'est sur ce point que je vois le plus grand nombre d'erreurs. 100BB deep, il ne faut JAMAIS appuyer sur le bouton "bet pot". La raison est simple, même si elle est double :
- Parmi les mains qu'on aime bien 4bet en bluff il y a par exemple
s pour plusieurs raisons : c'est une main correcte, mais beaucoup trop dure à jouer dans un pot surrelancé sans l'initiative, alors si en plus on est hors de position... C'est aussi une main avec un
, donc cela réduit la part de
et de
dans la range de surrelance de notre adversaire. Or, si je reprends la situation de tout à l'heure : après une relance à 3BB et une surrelance à 11BB, un 4bet à hauteur du pot, c'est 11 * 2 + 1 + 11 = 34BB. Si le gars part à tapis, j'ai besoin de 66/200=33 % d'equité pour suivre. J'ai 30 % d'equité contre
+ /
. Suivre contre cette range est donc une erreur de 6BB. L'erreur commise lorsque le gars rebluffe avec
s étant beaucoup beaucoup plus grande, je ne peux décemment pas me coucher. Il est donc impossible de faire un 4bet bluff avec
s en faisant une mise à hauteur du pot.
- Supposons maintenant que j'ai
. Je fais un 4bet à 34BB. Villain se dit "fait chi**, cela fait 4 fois de suite qu'il me 4bet en un quart d'heure, j'ai bien envie de partir à tapis avec mon
o des familles parce que je suis sûr qu'il bluffe". Sauf que Villain sait jouer. Du coup il réalise bien que, comme nous aussi nous savons jouer, il a 0 fold equity puisqu'on va suivre avec
s. Du coup, il retient son envie pressante de nous livrer un joli tapis en 80/20 et se couche...
Donc, la raison pour laquelle les 4bets ont cette taille si particulière, c'est parce que, si on fait un 4bet à hauteur du pot, alors :
- On ne peut pas bluffer puisque dans la plupart des cas on sera commit.
- Du coup, comme on va tout le temps suivre, on ne laisse pas la possibilité à l'autre de nous rebluff puisqu'il sait qu'il va être suivi.
Enfin dernier point à préciser, ne pas avoir peur d'être suivi par
quand on a
après un 4b à genre 23BB pour reprendre l'exemple. Notre adversaire a engagé 23% de son tapis preflop avec une main qui n'a pas 23% d'equité et son dernier call était de 12BB donc il n'a pas non plus les cotes implicites.
En règle général, la bonne taille du 4b est la suivante :
- Entre deux et deux fois et demie la taille de la dernière relance. Deux fois est très très souvent amplement suffisant, mais si votre adversaire suit les 4bets avec des mains marginales, alors n'hésitez pas à le faire payer un peu plus cher.
- Jamais plus de 30 % du tapis effectif.
Dans quels cas on doit 4bet à tapis ?
Il arrive des cas ou il n'est pas possible de faire même un min4bet sans engager plus de 30 % de son tapis. Par exemple : UTG suit, MP (nous) relance à 5BB, cut-off suit, bouton suit, SB surrelance à 20BB. C'est rare mais cela arrive. Dans ce cas point de salut, on doit partir à tapis si on veut 4bet. Contre la plupart des joueurs, ma range de push ici serait
/
+ avec des bluffs occasionnels. Pour bluffer, mieux vaut utiliser une main genre
s qui a un blocker et une equité correcte contre la range de call (environ 30 %).
Quelques principes utiles sur le 4bet
- 4bet est surtout utile contre les gars qui surrelancent plus de 7 %, ou qui surrelancent plus de 10 % contre un vol.
- Non, ce n'est pas réservé à la NL400+. C'est aussi applicable en NL25. Il suffit juste de savoir choisir ses spots. Plus on descend en limite, plus le comportement des joueurs est caricatural. Du coup, face au bonnes cibles, la bonne stratégie de 4bet sera 10 000 fois plus rentable en NL25 qu'en NL5000, où tout le monde sait ce que vous faites.
- Oui, tant que notre adversaire ne s'adapte pas et fold plus de 60 % au 4b, on peut 4bet dans 100 % des cas, particulièrement hors de position. Si vous ne le faites pas, alors vous perdez de l'argent.
- Si votre adversaire commence à suivre vos 4bets, alors la bonne technique est de monter légèrement la taille (passer de x2 à x2.5) et de le faire avec plus de mains pour valeur, particulièrement s'il 5bet à tapis ses bonnes mains. Un bon exemple est
s si Villain ne 5bet jamais en bluff. Il faut particulièrement monter la taille de sa relance hors de position. Bien sûr, il faut moins bluffer, on passe d'une range polarisée à une range mergée (composée de as assortis,
o,
+,
s+,
o,
+ par exemple).
- Il ne faut pas non plus complètement déséquilibrer sa range de call de 3b et garder des
/
/
s dans cette range. Mais il faut aussi 4bet ces mains.
- Le premier 4bet d'un adversaire qu'on a souvent surrelancé est souvent un bluff, quand c'est en situation de vol (si l'adversaire est bon). Ne pas trop hésiter à partir à tapis avec
s en rebluff si la taille du 4bet est correcte.
- Ne pas avoir trop de bluff dans sa range de 4bet (en gros, 50/50, c'est bien). Bien sûr, contre une surrelance light qui va tout le temps se coucher, ce n'est pas trop grave d'avoir 90 % de bluff comme dit plus haut.
- Ne pas 4bet light un gars qui dans une situation donnée ne surrelance que
+ /
+.
- Il existe d'autres façons de gérer un gars qui surrelance light : suivre light en position et float le continuation bet ; hors position (je pense particulièrement à cut-off vs bouton, check/raise avec un tirage (même juste un tirage ventral) sur un flop favorable. Contre un gars très aggro preflop qui a la position sur nous, le mieux est de savoir tout faire et de TOUT lui faire. C'est une manière de jouer qui engendre beaucoup de variance, certes, mais d'un autre côté c'est mieux, cela va limiter son agression. Ne pas oublier de changer de table si jamais on n'a pas de très bonnes raisons d'être là dans cette situation (en gros on a la position sur un ou deux gros fishs).
Vous l'avez peut-être remarqué : les équipes de Winamax ont intensifié le rythme de publication de leurs vidéos stratégiques en ce début d'année. Nouvel exemple avec cet épisode de Winamax Replay concocté par PonceP et Romain Lewis autour de la table finale du Highroller Million KO des Winamax Series.
C'est sans doute la grande tendance de l'année 2022 en matière de tournois : l'essor et la popularisation du format Mystery KO. Dans la première de deux vidéos dédiées au concept pour Winamax, Guillaume Diaz se penche sur ses spécificités et vous invite à tenir compte de différences sensibles avec les tournois Knockout traditionnels.

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